Ferdinand Coly à Diouf et cie: “Il faut respecter les sénégalais”

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Ferdinand COLY - Senegal / Zimbabwe- 23.01.206 -Coupe d Afrique des Nations - CAN - Foot Football - hauteur attitude pose portrait

Ferdinand Coly s’invite dans le débat et fustige le Collectif pour le renouveau du football sénégalais. L’ancien défenseur des Lions estime qu’El Hadji Diouf et compagnie doivent respecter les Sénégalais puisqu’ils n’ont rien gagné en tant que footballeurs. Pis, argue-t-il, certains d’entre eux ont pris part à l’une des pires CAN de l’histoire du football sénégalais.

Ferdy, êtes-vous concerné par la démarche du Collectif des anciens internationaux pour le renouveau du football sénégalais incarné par vos anciens coéquipiers el Hadji Diouf et Amdy Faye ?

Je ne comprends pas l’attitude des membres de ce Collectif qui demandent de se débarrasser comme ça de l’actuelle équipe dirigeante de la FSF. Sur quelles bases ? Quelle appréciation ont-ils fait du football sénégalais pour en arriver à cette décision ? On ne peut pas remettre en cause tout le travail que la Fédération abat  depuis quelque temps. Ces anciens internationaux doivent être beaucoup plus respectueux. Ils ont porté le maillot national, ils ont tous été des acteurs du football mais ils n’ont rien gagné. Ils doivent eux aussi faire le dos rond. Personne ne m’appellera pour me parler de ce Collectif parce que je n’aime pas cette manière de faire. Après avoir fini sa carrière, je pense que la meilleure manière de participer au développement de son pays dans son ensemble, c’est d’investir. C’est facile de dire : oui, rien n’est bon dans ce que vous faites et par conséquent, vous devez partir. Mais, sur quelles bases peuvent-ils demander le départ de Me Senghor et de son équipe ? Je suis surpris de tout ce qui se passe là. Je pense qu’on pouvait s’asseoir autour d’une table pour éviter tout ce tintamarre.

Ils se fondent sur les derniers résultats de l’équipe nationale, non ?

Franchement, ils n’ont aucun respect pour le football et pour les Sénégalais. Encore une fois, je dis que moi, ils ne vont jamais m’appeler pour me dire quoi que ce soit. Personnellement, je m’en fous pas mal. Je ne défends personne mais je pense que si on a eu à porter ce maillot national, il faut respecter les gens qui vous ont supporté tout le long de votre carrière. Vous ne pouvez pas faire la zizanie à tout bout de champ. Comme je dis, je ne défends personne. J’ai passé trois ans à la tête de la coordination de l’équipe nationale et je sais ce dont je parle. Je pense que si on a des incriminations à faire, il faut appeler les concernés. Cela vaut mieux que de les dénigrer dans la presse ou sur les plateaux de télévision. C’est comme ça qu’on évolue. Vous ne pouvez pas avoir porté le maillot national et manquer de respect aux gens comme ça. Quoi que l’on puisse dire, on doit tirer le chapeau à tous les présidents de clubs au Sénégal. Ces gens-là gèrent l’ingérable ; ils mettent leur argent et tout le monde a conscience que c’est très difficile de supporter certaines charges sans l’aide de qui que ce soit. Si une personne s’engage et se donne à fond, il faut la respecter.

Les présidents de clubs ne sont pas leurs cibles mais plutôt le mode de gestion de la Fsf…

C’est simple. S’ils pensent que le système est caduc, que font-ils des textes ? Il faut accepter et respecter ces clubs qui restent souverains. Ce sont ces présidents de clubs-là qui vont élire le candidat de leur choix. Tout le monde ne peut pas être dans la Fédération. Il y a une Association des anciens internationaux. Il faut aller se mobiliser et militer à la base parce que chacun est originaire d’une zone.

Vous estimez que vos anciens partenaires ne sont pas dans la légalité ?

Tout le monde a le droit de donner son opinion. Mais, je suis un peu surpris de leur façon de faire en s’attaquant aux gens fortuitement. On fait face à des échéances très importantes. Au lieu de penser à la façon dont on doit les aborder, eux nous sortent des choses qui ne tiennent pas la route. Il faut être sérieux quand même. Notre équipe nationale n’a pas besoin de ça.D’accord, il y a des élections à la Fédération qui se profilent à l’horizon. Ils peuvent en vouloir à Me Augustin Senghor et à l’ensemble des dirigeants, mais ils n’ont aucun respect non plus pour l’entraîneur qui est en place. Personnellement, je n’ai jamais défendu Aliou Cissé sur quoi que ce soit. Je n’ai aucun contact avec lui. Il ne faut pas qu’ils oublient que Cissé a été leur collègue. Il ne faut pas qu’ils oublient que 2002, ce n’était pas que trois joueurs, c’était tout un ensemble, c’était une équipe. Et personne ne parlera à mon nom et au nom de la génération 2002. Ceux qui veulent accaparer ce Collectif- là ont des intérêts crypto-personnels. La plupart des joueurs de cette génération, on ne les entend pas.

Quelle serait votre réaction si vous veniez à être consulté par ce Collectif-là ?

Je ne serai jamais consulté parce que ça ne m’intéresse pas. J’ai démissionné de la Fédération. Cela ne veut pour autant pas dire que je dois tirer sur l’ambulance. Si j’ai des remontrances à faire, je n’ai pas besoin de m’épancher dans la presse pour une campagne de dénigrement et de déstabilisation. Malheureusement, c’est cette politique que ce fameux Collectif a adoptée. Il faut jeter un coup d’oeil sur cette équipe du Sénégal, ça fait longtemps qu’elle n’a pas ce semblant de vie. Depuis 2006, on n’a pas vu une équipe du Sénégal aussi mobilisée et aussi concernée que celle qui a joué la CAN-2017. Ceux qui parlent là, pour certains, ont été dans la campagne la plus catastrophique que l’équipe ait connue, en 2008 à Tamale, au Ghana. Et je me demande comment ils peuvent tirer aujourd’hui sur l’ambulance alors qu’ils n’ont pas été des exemples. Il faut quand même être patient et laisser ce groupe travailler. C’est bien d’aborder des discussions contradictoires mais il ne faut jamais dénigrer les autres. Si on doit gagner dans 5 ans, ce sera dans 5 ans. Si ça doit être dans 10 ans, ce sera dans 10 ans aussi.

Il y a une marche qui est en gestation…

(Il coupe). Il faut rester lucide. On n’est pas en guerre. Il y a des choses plus importantes que ça. On ne peut pas passer outre les textes qui régissent le fonctionnement de notre football. On ne peut pas faire partir des gens comme ça. Il faut mener des combats utiles. La vraie insulte, c’est de demander aux Sénégalais de battre le macadam pour le départ de Me Senghor. Nous sommes des légalistes et il faut le rester jusqu’au bout. Il ne faut pas faire les choses à l’envers. C’est bien de réclamer le départ de ceux qui sont démocratiquement élus, mais derrière il faut faire une proposition si on en est capable. Dénigrer c’est facile, mais proposer quelque chose pour le développement du football sénégalais risque d’être un combat dur. Tout le monde veut se faire passer pour le messie pour sauver l’équipe nationale mais ce n’est pas aussi facile que ça. Il y a un match important contre la Guinée équatoriale qui arrive. Il faut rester concentré sur ça. Après, il y aura la place aux gens qui cherchent des postes pour exister. Chacun a ses combats et ses intérêts.

Etant ancien coordonnateur de la tanière, quelles étaient les plus grandes difficultés que vous rencontriez souvent au niveau de la Fsf ?

C’est dans la coordination que ça coince souvent. S’il y a des matchs, surtout les dates FIFA, on a souvent du mal à mobiliser toute la logistique. Il ne faut pas oublier que nous sommes dans un pays où il y a beaucoup d’urgences. Parfois quand on doit aller en prospection, tout n’est pas disponible. Partant de là, vous vous débrouillez comme vous le pouvez une fois sur place. On a évolué dans ce sens-là. Les moyens ne sont pas toujours mis à disposition au bon moment. Mais, il y a les avancées et les améliorations. Même quand nous jouions en 2002, il y avait des problèmes mais des changements ont été opérés au fur et à meure. Il y a aussi une période où les entraîneurs sont restés quand-même 10 mois sans salaire. On connaît les problèmes auxquels on peut faire face. C’est pourquoi je dis que tous ces gens qui s’agitent doivent se rappeler les actes qu’ils posent aujourd’hui parce qu’un jour ou l’autre ils peuvent se trouver à la place des décideurs. C’est pourquoi je dis qu’il faut un peu de respect aux dirigeants qui sont là pour le travail qu’ils sont en train d’accomplir. C’est vraiment navrant tout ce qui se passe là.

Êtes-vous d’avis que cette histoire d’équipementier n’honore pas le football sénégalais ?

J’ai suivi tout cela à distance. Mais, comme je le dis souvent, c’est navrant d’en arriver là. Avec Romaï, il y a un problème certain. Parce que s’il y a un contrat de partenariat et de sponsoring avec la FSF, si vous n’avez pas les moyens logistiques et de production, il faut en tirer toutes les conséquences. L’un dans l’autre, la Fédération est responsable puisque c’est elle qui a choisi un équipementier que personne ne connaissait au préalable. Romaï avait l’occasion de montrer sa capacité en tant que jeune équipementier, à la tête d’une équipe qui est au premier rang du classement africain. Malheureusement, je suis convaincu que ce contrat pourrait être remis en cause si toutes les clauses n’étaient pas respectées.

Entretien réalisé par STADES

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