2016, l’annus horribilis du président sud-africain Jacob Zuma

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Le président sud-africain Jacob Zuma devrait survivre politiquement jeudi à une nouvelle motion de défiance déposée par l’opposition devant le Parlement. Mais une question est sur toutes les lèvres: peut-il tenir jusqu’à la fin de son mandat en 2019 ?

Retour sur une année 2016 difficile pour M. Zuma, entre scandales, défaites électorales et fronde dans son propre camp.

En mars, la Constitution violée

Nkandla: rares sont les Sud-Africains qui n’ont pas entendu parler cette année de ce petit village du Kwazulu-Natal (sud-est), où le président Zuma possède sa résidence privée.

Sa rénovation aux frais de l’Etat pour l’équivalent de 20 millions d’euros lui a valu en mars un cinglant rappel à l’ordre de la justice.

Reconnu coupable d’avoir violé la Constitution, Jacob Zuma a été contraint de rembourser l’équivalent de 480.000 euros.

L’opposition brandit depuis cette affaire comme le symbole de la corruption du régime Zuma. Sa tentative de lancer une procédure de destitution contre le président sur cette base a toutefois échoué.

En août, une débâcle électorale

Le scrutin municipal d’août 2016 constitue un tournant dans l’histoire de la jeune démocratie sud-africaine.

Au pouvoir depuis la fin officielle de l’apartheid en 1994, le Congrès national africain (ANC) y réalise son plus mauvais score au niveau national: à peine 53% des suffrages.

Pire, le parti de feu Nelson Mandela perd le contrôle de quatre des six plus grandes métropoles du pays: la capitale Pretoria, Johannesburg, le Cap et Port Elizabeth.

Jacob Zuma est largement désigné comme le coupable de cette débâcle électorale, qui s’est nourrie de la lassitude de l’électorat traditionnel de l’ANC pour les turpitudes de ses dirigeants.

En novembre, un président sous influence

C’est le motif de la motion de défiance soumise jeudi au vote des députés: les décisions de Jacob Zuma sont-elles influencées par une famille de riches hommes d’affaires, les Gupta ?

Pour l’ex-médiatrice de la République Thuli Madonsela, déjà à l’origine des révélations sur Nkandla, la réponse ne fait aucun doute. Dans un rapport, elle décrit par le menu l’implication des Gupta dans la gestion des affaires de l’Etat, de la nomination de ministres aux pressions pour obtenir des contrats publics.

Le président ne cache pas son amitié pour la famille d’origine indienne mais a toujours nié ces allégations.

2016, année d’un leadership contesté

Cette litanie d’affaires fait d’abord le lit de l’opposition.

L’Alliance démocratique (DA, centre droit), la principale formation rivale de l’ANC, est à l’origine de toutes les mises en cause du président devant le Parlement.

Les Combattants pour la liberté économique (EFF, gauche radicale) dirigés par le bouillant Julius Malema l’ont rejoint dans un front anti-Zuma de circonstance et appellent régulièrement à la démission de Jacob Zuma.

Jusqu’ici, l’ANC a fait bloc autour de son chef. Mais l’année 2016 a révélé sur la place publique les forts remous que suscite dans ses rangs le cas Zuma, entre loyalistes et frondeurs emmenés par le ministre des Finances Pravin Gordhan.

Nouvelles menaces en 2017

Malgré les critiques de plus en plus pressantes, Jacob Zuma devrait, sauf coup de théâtre, achever l’année 2016 dans son fauteuil de président. Mais de nouveaux obstacles se profilent déjà sur sa route.

Fin avril, la justice a autorisé le rétablissement d’une série de 783 accusations de corruption, fraude fiscale et racket contre le chef de l’Etat, initialement abandonnées en 2009.

Dans cette affaire, Jacob Zuma est soupçonné d’avoir accepté des pots-de-vin de la part de fabricants d’armes internationaux.

La balle est désormais dans le camp du parquet, réputé proche du président, dont la décision est attendue dans les mois qui viennent.

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