Mort d’al-Baghdadi: l’EI a perdu son chef mais pas sa capacité de nuisance

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Malgré la mort probable de son chef, Abou Bakr al-Baghdadi, le groupe État islamique reste une organisation dangereuse. Sa capacité de nuisance reste grande en Syrie et en Irak.

Avec notre correspondant à Beyrouth, Paul Khalifeh

La mort d’Abou Bakr al-Baghdadi dans un raid américain dans la province d’Idleb, comme l’a confirmé dimanche le président Donald Trump, porte un coup dur au groupe État islamique (EI) sur le plan symbolique. Mais la disparition du calife autoproclamé n’aura sans doute pas de graves conséquences sur les capacités opérationnelles que le groupe EI conserve en Syrie et en Irak.

Les chefs de l’organisation avaient anticipé la chute du califat territorial et avaient pris des dispositions pour poursuivre la lutte en décentralisant le processus de prise de décision militaire.

Entre 2 000 et 4 000 combattants dans le désert de la Badia

Les cellules dormantes de l’organisation poursuivent leurs actions en se livrant à des assassinats ou des attaques. En Irak, elles s’autofinancent grâce aux dons et en Syrie, elles pratiquent le racket, notamment à l’est de l’Euphrate.

Le groupe radical conserve une présence importante dans le désert de la Badia, qui s’étend du centre de la Syrie à la frontière avec l’Irak, à l’est. Entre 2 000 et 4 000 combattants se trouvent dans cette région, où ils ont stocké armes, munitions et nourriture en grandes quantités. Ils se livrent à une guérilla qui a déjà fait des centaines de morts et de blessés dans les rangs de l’armée syrienne et de ses alliés.

Un mouvement affaibli

« La disparition d’Abou Bakr al-Baghdadi est certes un tournant mais, en même temps, la carte jihadiste dans la région, elle, est florissante. C’est aujourd’hui des dizaines d’organisations, de groupe jihadistes salafistes qui ne sont pas moins sanguinaires que l’État islamique, explique Hasna Abidi, le directeur du Centre d’études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen à Genève. On a bien vu que qu’avec l’éclatement de grandes organisations comme al-Qaïda ou aujourd’hui l’affaiblissement de l’EI après la disparition d’al-Baghdadi, cela ne veut pas dire que les groupes jihadistes vont disparaître. Au contraire, il y aura une multiplication de ces mouvements. Certes, leur menace va faiblir ces prochains mois mais ils n’ont pas encore disparu. »

La crainte d’une résurgence

Les services de renseignements américains avaient mis en garde contre la résurgence du groupe État islamique en Irak et en Syrie, estimant à 18 000 le nombre de combattants du groupe.

En Irak, on craint qu’ils ne recrutent de nouvelles forces. Le groupe État islamique s’était nourri du sentiment de persécution de la population arabe sunnite à la chute de Saddam Hussein. Avec la guerre contre le groupe EI, nombre d’hommes ont été exécutés par les milices chiites pour le simple fait d’être de cette communauté. Les familles ayant un lien avec le groupe EI sont complètement marginalisées, certaines sont même privées de carte d’identité. Les enfants qui grandissent dans ce sentiment d’injustice, entourés de violences sont de futures recrues toutes trouvées.

De l’autre côté de la frontière en Syrie, des groupes de jihadistes mènent également des attaques ciblées. Les forces kurdes s’inquiètent de possibles représailles à l’annonce de la mort de leur chef. Ils pointent également du doigt la responsabilité d’Ankara. La Turquie soutient actuellement au sol les forces nationales syriennes. Ces combattants dont certains ont collaboré avec des groupes jihadistes proches de l’organisation État islamique et d’al-Qaïda.

Dans le reste du monde, l’impact de la mort d’al-Baghdadi devrait rester limité et essentiellement toucher le leadership du groupe Boko Haram, qui est divisé en deux factions rivales. Celle d’Abubakar Shekau étant farouchement opposée aux jihadistes désignés par Abou Bakr al-Baghdadi, la succession de ce dernier devrait être déterminante pour les jeux de pouvoir au sein de Boko Haram.

Rfi

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