À Hong Kong, le magnat prodémocratie Jimmy Lai arrêté, ses journaux perquisitionnés

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Le patron de presse Jimmy Lai a été interpellé lundi sur la base de la nouvelle loi desécurité nationale, pour des soupçons de collusion avec des forces étrangères. Peu après, des dizaines de policiers hongkongais ont réalisé une perquisition dans les locaux du quotidien Apple Daily, qui lui appartient.

Nouvelle étape dans la reprise en main musclée de Hong Kong par Pékin : le magnat hongkongais Jimmy Lai a été arrêté chez lui, vers 7 h lundi 10 août (23 h GMT, dimanche), a déclaré à l’AFP Mark Simon, un de ses proches collaborateurs, en précisant que d’autres membres de son groupe de presse avaient eux aussi été interpellés.

Dans un communiqué, la police a fait état de sept arrestations pour des soupçons de collusion avec des forces étrangères – une des infractions visées par la loi sur la sécurité nationale qui a été imposée fin juin par Pékin – et fraude.

Considérée comme une réponse de Pékin aux mois de manifestations prodémocratie qui ont ébranlé l’ex-colonie britannique en 2019, la loi donne aux autorités de nouveaux pouvoirs pour réprimer quatre types de crimes contre la sécurité de l’État : la subversion, le séparatisme, le terrorisme et la collusion avec des forces extérieures.

Des images de la perquisition diffusées en direct

Jimmy Lai est le patron de Next Media, qui compte notamment le quotidien Apple Daily et le magazine Next, deux titres ouvertement prodémocratie et critiques de Pékin.

Le groupe de presse a été perquisitionné au nom de la loi controversée sur la sécurité. En fin de matinée, des dizaines de policiers se sont présentés au siège, situé dans une zone industrielle du quartier de Lohas Park (sud-est). Des journalistes d’Apple Daily ont diffusé en direct sur Facebook les images de cette perquisition. On y voit le rédacteur en chef du quotidien, Law Wai-kwong, en train de demander aux policiers leur mandat.

“Dites à vos collègues de ne rien toucher avant que nos avocats ne vérifient le mandat”, leur intime Law Wai-kwong.

Les policiers ont ordonné aux journalistes de se lever et de s’aligner pour des vérifications d’identité, alors que d’autres fouillaient la salle de rédaction. Et le rédacteur en chef a été amené sur les lieux.

Mark Simon, un des proches collaborateurs de Jimmy Lai, a précisé sur Twitter que des perquisitions avaient également eu lieu au domicile du magnat et à celui de son fils.

Accusé maintes fois de collusion avec des puissances étrangères

Pour beaucoup de Hongkongais engagés dans la mouvance prodémocratie, Jimmy Lai est un héros, un patron de tabloïd qui a bâti sa fortune seul, et le seul patron de presse hongkongais qui tienne tête au pouvoir central chinois. À l’inverse, les médias d’État chinois le qualifient régulièrement de “traître” en l’accusant d’être l’instigateur de la contestation de 2019.

Les accusations de collusion avec une puissance étrangère ont redoublé l’an passé, quand Jimmy Lai a rencontré le secrétaire d’État américain, Mike Pompeo, et le vice-président Mike Pence. Le magnat avait alors balayé ces accusations, en expliquant que les Hongkongais avaient le droit de rencontrer des hommes politiques étrangers.

Deux semaines avant que la loi sur la sécurité soit imposée à Hong Kong, Jimmy Lai avait confié dans un entretien à l’AFP qu’il était “prêt” à aller en prison. “Le cas échéant, j’aurai la possibilité de lire des livres que je n’ai pas lus”, avait-il dit.

Dans son interview fin juin à l’AFP, il expliquait que la loi sur la sécurité allait “sonner le glas pour Hong Kong” et disait craindre que les autorités poursuivent ses journalistes.

Avec AFP

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