Agitation autour du pétrole au Sénégal : A qui profite cette foire d’empoigne ?

0

Au Sénégal, tout le monde est devenu expert en pétrole et gaz. Tout le monde tire sur tout ce qui bouge et personne ne veut écouter personne. Et toutes les problématiques politico-économiques de la périphérie sont ramenées au centre de l’or noir. La presse tire sur tout ce qui bouge. Les pseudo-spécialistes du sésame vendent leurs promotions. L’Etat tétanisé se rebiffe. Les opposants grignotent l’ « os » et Aliou Sall en devient l’agneau de sacrifice. Et de fil en aiguille, les germes de la malédiction du pétrole et du gaz se dessinent dans un Sénégal devenu une foire d’empoigne. A qui profite cette fête foraine ?

La malédiction de l’or noir et ses germes tentaculaires sont en train de se réunir au Sénégal. L’agitation autour de  ce sésame aux vertus industrielles et désastreuses est à son comble. L’épicentre du débat national est prestement déplacé sur ce sésame qui a mis le feu en Irak, au soudan, à l’Angola, au Tchad, au Timor –Oriental en Lybie, etc. La liste des pays victimes de conflits à cause de l’or noir est loin d’être exhaustive. Et le Sénégal prépare son entrée dans ce cercle restreint des pays producteurs de pétrole. En effet  la plupart de ces dits pays sont pauvres, non démocratiques et mal gouvernés, et sont par conséquent particulièrement susceptibles de basculer dans la violence. Si l’affaire Aliou Sall soulève tant de tollé au niveau de notre pays le Sénégal, c’est parce que  le passé de plusieurs pays producteurs de pétrole nous aura assez édifié sur ce mirage de richesse qui risque de ne jamais se matérialiser. Car la gestion des ressources pétrolières traduit elle  aussi une faiblesse dans le contrôle institutionnel, c’est-à-dire en l’espèce, l’ensemble des règles (budgétisations des revenus pétroliers par exemple) et d’institutions (Cours des comptes et justice indépendante) qui surveillent et évalue et sanctionnent la gestion des revenus pétroliers. Dans la majorité des pays africains producteurs de pétrole, la déclaration et la gestion démocratique  des revenus pétroliers sont donc quasiment absentes. Et les connivences entre  les hommes politiques et les hommes d’affaire autour du pétrole ne datent pas d’aujourd’hui. Le deuxième aspect de la malédiction de l’or, c’est que dans la plupart des pays producteurs de pétrole, les populations vivent dans une pauvreté extrême. C’est dire que les Sénégalais ont intérêt à se taire, à cesser de se tirer dessus et à politiser l’exploitation de ce sésame parce que la BBC a mis le feu à la poudre. C’est assurément faire fausse route et donner l’occasion aux lobbies internationaux de se servir du Sénégal comme « cobaye » de la malédiction de l’or noir. Le dialogue national devrait plutôt  servir à calmer les ardeurs des uns et des autres et à faire en sorte que les lobbies étrangers ne parviennent pas à nous diviser. L’heure est grave pendant que tous les Sénégalais continuent de s’ériger en experts du pétrole. Dans un pays où tout le monde joue avec le feu, il y a lieu de s’inquiéter.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici