Agressions sexuelles au Maroc: le gouvernement promet de «réfléchir» à une loi

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Il y a trois mois, une Marocaine de 26 ans avait été déshabillée dans un bus, en plein jour, sans que les passagers n’interviennent. La scène, filmée, a été postée sur internet dimanche 20 août et met depuis le pays en émoi. On y voit les agresseurs hilares toucher les parties intimes de la victime. Le gouvernement marocain s’empare du sujet et promet des mesures contre les violences faites aux femmes.

Saâdeddine El Othmani, chef du gouvernement au Maroc, a promis jeudi 25 août « une stratégie contre les violences faites aux femmes ». Une loi, dont on ne connait cependant ni le calendrier, ni les contours. Le dirigeant marocain indique seulement réfléchir « à comment traiter ce genre de phénomènes pour que ces actes ne se reproduisent plus » et assure que « la stratégie adoptée par le gouvernement dans ce sens sera annoncée au moment opportun ».

On ne sait pas encore comment cette loi va compléter un arsenal juridique déjà existant, mais limité. Le droit marocain condamne en effet le harcèlement sexuel au travail, mais laisse les victimes démunies en cas d’agression dans l’espace public. Mustapha Ramid, ministre d’État chargé des droits de l’Homme, assure qu’un projet en cours d’adoption va remédier à ce vide juridique.

Le débat, déjà ancien, ressurgit dans le pays depuis dimanche, après la diffusion sur les réseaux sociaux d’une vidéo qui montre une horde d’adolescents hilares bousculant violemment une jeune femme en pleurs dans un bus de Casablanca. Ils essayent de la déshabiller et touchent ses parties intimes. Ni le chauffeur du bus, ni les autres passagers, ne sont intervenus au cours de l’agression. Les six harceleurs, tous mineurs, ont été arrêtés ce lundi 21 août, soit trois mois après les faits.

Plusieurs manifestations dans le pays

L’annonce du chef de gouvernement marocain a d’abord pour but de répondre aux critiques politiques, notamment celles à l’encontre de la ministre de la Femme Bassima Hakkaoui. Elle est restée silencieuse plusieurs jours avant de dénoncer, ce mardi un « crime honteux » et de promettre « d’accélérer l’adoption de la loi de lutte contre les violences » faites aux femmes.

Sur RFINouzha Skalli, ancienne députée et ex-ministre de la Femme a dénoncé une « banalisation du viol » mise en valeur par cette vidéo, avec des « jeunes qui semblent s’amuser en n’ayant pas du tout le sentiment de faire quelque chose de répréhensible ».

Mercredi, une manifestation a réuni près de 300 personnes à Casablanca pour appeler à mettre fin à la culture du viol. « L’habit ne fait pas le viol ! Nous n’avons pas peur ! Libérez l’espace public ! », a notamment scandé la foule réunie sur une place centrale de la ville. A Rabat, près de 200 personnes se sont rassemblées le même jour pour un sit-in similaire.

Un scandale qui en rappelle d’autres

De nombreux médias marocains s’indignent également du phénomène du harcèlement des femmes dans la rue, déjà remis sur la place publique début août après la diffusion d’une autre vidéo, qui montrait – déjà – des jeunes traquer une femme marchant seule.

Selon les chiffres officiels, près de deux Marocaines sur trois sont victimes de violences. Et les lieux publics sont les endroits où la violence physique à leur égard est la plus manifeste.

(Avec rfi)

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