L’étoile du Forum économique mondial a pâli avec une édition 2019 privée de ténors. Et si ce trou d’air reflétait simplement l’état du monde ?, s’interroge dans sa chronique Sylvie Kauffmann, éditorialiste au « Monde ».
Chronique. Davos, sa montagne magique, ses excès, ses élites. Ses coups de cœur, ses modes et ses velléités. Chaque année, le Forum économique mondial nourrit du haut de son sommet helvétique tous les fantasmes de la mondialisation, dont il est devenu un des symboles et qu’il ambitionne gentiment d’améliorer. Le fantasme 2019 est celui de la fin d’un modèle.
C’est une sorte de relation symbiotique. Lorsque la mondialisation tient ses promesses, Davos, euphorique, s’enthousiasme. Lorsque la mondialisation éternue, Davos s’enrhume. Et cette année, il a fait froid, très froid sur la montagne. Aucune étoile n’a brillé sur ce cru 2019, boudé par Donald Trump, Theresa May, Emmanuel Macron et Xi Jinping, et pour lequel, une fois redescendus, les commentateurs dégrisés n’ont pas de mots assez durs : « le déclin de Davos », « l’échec », « la déchirure »… jusqu’au Financial Times, LE journal de l’élite mondiale, qui raille le spectacle d’une « élite mondiale en mal de héros ».
L’état de notre planète
Mais le Forum de Davos, sans vouloir offenser son fondateur, l’inoxydable professeur Klaus Schwab, toujours à la barre à 80 ans, n’est jamais que le Forum de Davos : un endroit où se rencontrent quelque 3 000 PDG, politiques, scientifiques, universitaires, journalistes, quelques philanthropes et responsables d’ONG venus du monde entier. C’est un forum, pas un outil de gouvernance mondiale, ni un laboratoire. Davos n’est jamais que le reflet de ceux qui y participent.