Commentaire : Et la majorité devint… minoritaire à l’Assemblée !

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Comme nous l’écrivions dans notre édition d’hier en révélant en exclusivité les résultats des élections législatives de dimanche dernier, il y aura bel et bien une cohabitation…à l’Assemblée nationale entre le pouvoir et l’opposition. Avec respectivement 82 et 80 députés Place Soweto, Benno Bokk Yaakar (BBY) et Yewwi-Askan Wi/Wallu font jeu presque égal avec les trois élus obtenus par Aaar Sénégal, Bokk Guiss Guiss et Les serviteurs comme arbitres ou faiseurs de rois comme on voudra. Le Témoin

On assiste donc à une situation inédite dans notre pays qui voit un président de la République ne pas disposer de la majorité absolue à l’Assemblée nationale ! Benno la frôle mais ne l’atteint pas. La liste parrainée par le président de la République n’atteint même pas 50 % des suffrages valablement exprimés le 31 juillet dernier et obtient moins que le cumul des voix de Yewwi-Wallu. Ce qui fait que la majorité présidentielle n’en est plus vraiment une et constitue plutôt…une minorité présidentielle !

C’est ce que font apparaître les chiffres dans toute leur cruauté. Telle est aussi la volonté des Sénégalais qui n’ont pas souhaité offrir au président de la République la large majorité (ou la majorité confortable) qu’il souhaitait pour pouvoir gouverner sans entrave.

On pourra sans doute dire : « tout ça pour ça ! » La montagne a en effet accouché d’une souris pour le camp présidentiel qui n’a pas ménagé sa peine pour obtenir une large victoire et qui, à l’arrivée, n’a pas atteint ses objectifs.

Pensez donc : interdire toute précampagne à l’opposition — ce qui est là encore inédit dans l’histoire de ce pays depuis qu’il est retourné au multipartisme en 1974 — au moment où la RTS de Brejnev Talla se livrait matin, midi et soir à une propagande d’enfer sur les « réalisations » du président de la République, faire disqualifier par une Cour constitutionnelle à la dévotion du pouvoir la liste nationale des titulaires de Yewwi Askan Wi, procéder à un débauchage tous azimuts de maires fraichement élus sous la bannière de cette même coalition, stigmatiser son principal dirigeant, ourdir des complots imaginaires dans le but de l’incriminer on en passe et des meilleures, pour aboutir à ce piètre résultat… avouons que le jeu n’en valait pas la chandelle et qu’au vu de leur vote, nos compatriotes ont bel et bien tourné le dos au régime en place en même temps qu’ils se sont exprimés sans réserve contre toute tentative du président de la République de briguer un troisième mandat.

Désormais, à l’Assemblée nationale, le groupe Benno Bokk Yaakar, qui avait la fâcheuse habitude de dicter sa volonté à l’opposition à travers sa majorité mécanique va être obligé de négocier avec l’opposition pour que les projets de lois du Gouvernement puissent être adoptées.

Et même pour l’élection du bureau de l’Assemblée nationale, il va falloir de sacrées tractations pour faire élire les candidats du pouvoir ! Il est à prévoir d’ailleurs que, cohabitation parlementaire oblige, Benno et Yewwi vont devoir se partager les postes dans ce bureau de l’Assemblée nationale et aussi les présidences de commissions. Bref, c’est la fin d’un règne Place Soweto, celui, ces dix dernières années, de la toute-puissance de la coalition Benno Bokk Yaakar (BBY) dont les dirigeants disaient eux-mêmes qu’elle n’a jamais perdu d’élections. Ils devront ajouter « du moins jusqu’aux élections législatives du 31 juillet 2022 ».

De 125 députés à 82 élus, on ne peut pas parler de recul mais, carrément, de dégringolade. Pour des gens qui ambitionnaient d’effectuer une remontada par rapport aux élections locales de janvier dernier, on peut dire que c’est plutôt raté !
Christian Sene S Le Témoin

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