Convoitises de 51% des actions de la SAR : Quand la famille Bâ ouvre les pipelines d’une autre “affaire Petro-Tim”

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‘État du Sénégal va-t-il commettre la maladresse, dans le contexte de préparation à une phase d’exploitation du pétrole -qui exige rigueur, expertise et éthique-, de laisser ce business à la merci d’une famille à la réputation sulfureuse qui entretient, de surcroît, des relations incestueuses avec une camorra locale ? Retour sur les hauts faits d’armes du mafiosi Khadim Bâ qui se démène, comme un beau diable, pour faire main basse sur la très stratégique Société africaine de raffinage (Sar).

Le magazine “Jeune Afrique” a levé, dans sa livraison numéro 3050 du 23 juin dernier, un coin du voile sur cette opération qui pourrait valoir au Sénégal de sombres lendemains. Intitulé “Le Sénégalais Locafrique s’offre la SAR”, l’article renseigne que l’homme d’affaires Khadim Bâ devrait parvenir à contrôler, à la fin de ce mois, 51% du tour de table (moyennant 70 millions d’euros) de la Société africaine de raffinage (Sar). Un montant qui aurait déjà été mobilisé.

Contrat hérité de Ben Laden Group aux exigences plus que démentielles

Réputée inexpérimentée dans le domaine des hydrocarbures, Locafrique avait, en effet, réussi en 2017 à racheter les 34% de parts de Ben Laden Group au niveau de la SAR. En son temps, elle avait dégagé, suite à des montages financiers, une somme de 10 milliards de Fcfa. Ce qui lui permettait d’avoir un pied dans le Conseil d’administration aux côtés de Total et du groupe Nigérian Sara. Aujourd’hui, Khadim Bâ semble décider à rehausser ses appétits prétextant de l’augmentation mécanique de ses parts eu égard aux clauses.

Seulement, ce contrat hérité de Ben Laden Group date de plus de 10 ans et n’avait jamais su répondre aux exigences qui lui auraient permis de bénéficier de cette augmentation mécanique. L’État du Sénégal, au vu de l’ampleur des exigences de Ben Laden (monopole des importations et augmentation de la marge de soutien), n’a jamais accepté. Aucun ministre, y compris ceux du régime de Wade qui a amené Ben Laden au Sénégal, n’y a donné une suite favorable. Pourtant, les rumeurs (qui semblent ne pas être gratuites) annoncent que les 51 % sont en passe d’être acquis.

Les Bâ, une famille qui lave son linge sale sur la place publique

Le cas échéant, la Société Africaine de Raffinage serait à la solde de la famille “Bâ”, plus précisément à celle de Khadim. L’homme d’affaires est réputé “englouti” dans une querelle familiale inouïe qui l’oppose à son père. Un différend qui avait même fini d’atterrir sur la table des juges. En effet, entre Amadou Bâ, patron de Carrefour Automobiles et son fils Khadim Bâ, actionnaire de la Société africaine de Raffinage, le différend ne porte pas que sur du business. À l’instar d’une anguille sous roche, il y aurait un problème familial jusque-là expressément tu et nous nous garderons d’en parler.

En effet, Il nous revient que Khadim et son paternel ont décidé d’ester en justice pour solder leurs comptes. D’ailleurs, le père aurait déjà déposé deux plaintes. L’une a été déposée à la Section de Recherches pour “cession frauduleuse des actions de Locafrique” et l’autre sur la table du Doyen des Juges pour “faux et usage de faux en écritures de commerce” et les graves accusations du fils contre son père ne sont que la partie visible de l’iceberg d’une famille déchirée.

En termes plus clairs, pour laver un linge sale de famille, les Bâ n’ont pas hésité à se traîner dans la boue. Cette manière de faire, c’est à dire qu’un fils puisse aller porter plainte contre son père n’est pas Sénégalais. Quand un fils travaille à provoquer la faillite de son paternel ou se bat à l’envoyer en prison, c’est qu’il y a réellement problème. Quand un père se met aussi à salir la peau de son fils jusqu’à risquer de lui faire perdre sa crédibilité, c’est qu’il y a là une colère folle, incontrôlable.

Sa sœur Khadidiatou Bâ de Dermond Oil and Gas se tape 180 milliards

Khadim Bâ ne semble guère éviter la gestion clanique. Déjà, il menacer plusieurs sociétés de casser leurs contrats. En effet, plusieurs entreprises satellites à la SAR sont tout près de passer à la trappe. En s’adjugeant les 51% de la SAR, Bâ réussira son pari de s’approprier la société et serait en mesure d’exercer un diktat sur les autres partenaires. D’ailleurs, ce diktat est déjà en branle. En octroyant à sa sœur Khadidiatou Bâ, à la tête de Dermond Oil and Gas, un marché de 180 milliards, l’homme d’affaires prouve qu’il est déjà en train de dérouler sa feuille de route qui le mènera à gérer sans partage.

Dans le contexte actuel qui sert au Sénégal de période de préparation à une phase d’exploitation du pétrole n’est-il pas hasardeux de laisser le business du pétrole entre les mains d’une famille qui entretient parfois des accointances avec des hommes politiques qui traînent des casseroles ? C’est le cas de cet ancien ministre de l’Énergie réputé s’être empêtré dans des scandales pétroliers ahurissants. Un homme qui, selon “Jeune Afrique”, ne paraît pas être le meilleur partenaire à impliquer dans des histoires de pétrole au Sénégal. En effet, le brigandage organisé par cet ancien ministre de l’Énergie aurait fait perdre à la Sar, pour chaque baril de brut, la différence entre les 6,15 dollars payés à Apl et les 3,3 dollars US de l’offre de vente faite par Total.

Cette perte, “calculée en appliquant les mêmes paramètres que pour déterminer la valeur-facture de l’ensemble de la cargaison”, équivaut, selon le chroniqueur Mody Niang, à deux milliards cent soixante-quatorze millions huit cent soixante-quinze mille cent quatre-vingts trois (2 174 875 183) Fcfa. Au total, quatorze (14) cargaisons (9 en 2008 et 5 en 2009) ont été importées exactement dans les mêmes conditions et auprès du même fournisseur, pour une valeur globale de quatre cent quatre-vingt-quinze milliards trois cent soixante-cinq millions (495 365 000 000) de Fcfa, soit un surcoût total de 29 milliards de Fcfa pour les 14 cargos livrés.

L’État du Sénégal face à ses responsabilités devant l’Histoire

Dans ce jeu où les maîtres sont en terrain conquis, l’heure ne devient-il pas grave quand on sait que pour beaucoup moins, le Cameroun a sombré dans la précarité. En effet, au Cameroun, la Sonara, qui est la Société Nationale de Raffinage, a connu le 30 mai dernier un désastre qui pourrait à jamais plomber son fonctionnement. Implantée sur 54 hectares avec une capacité théorique productive de 2,1 millions de tonnes de pétrole brut/ an, la Sonara avait fini d’avoir l’ambition de générer jusqu’à 3,5 millions de tonnes par an quand subitement l’irréparable se produisit.

En effet, elle a été victime d’un violent incendie provoqué par des négligences internes. Cette situation tant redoutée qui a prévalu au Cameroun, pourrait-elle épargner le Sénégal ? Qu’en sera-t-il de la sécurité des populations surtout quand on sait que les exploitations se feront dans une zone comme Mbao, habitée par des populations ? Que de questions dont les réponses ne sauront être données que par un État responsable. Le choix de Ben Laden de l’époque avait au moins été guidé par leur compétence en raffinage.

Il faut rappeler que la Sar n’est pas un établissement financier et reste une usine pétrochimique par essence dangereuse. Ce qui semble être ahurissant dans cette affaire, c’est que nul n’en parle alors que la situation est suffisamment compliquée. De son temps, le ministre Mansour Elimane Kane avait senti le danger venir. C’est la raison pour laquelle, il n’a jamais accepté d’accorder ces augmentations de parts de capital à des novices capitalistes sans expérience technique du raffinage sortis de nulle part.

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