Crise diplomatique dans le Golfe : que pèse le Qatar dans le sport ?

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Le Qatar, avec qui l’Arabie Saoudite et ses alliés ont rompu leurs relations diplomatiques et commerciales, lundi, l’accusant de soutenir le «terrorisme», est très présent dans le sport, notamment en France. Un «soft power» (puissance douce).

Aspire, l”académie sportive de Doha, symbole des ambitions du petit émirat. (L’Equipe)

Quels sont les intérêts sportifs qataris en France ?

Vitrine de l’Etat gazier en France : le PSG. Racheté en juin 2011, le club parisien bénéficie d’énormes investissements. Par exemple, en six saisons, sa balance des transferts accuse un déficit de près de 600 M€. Si les autres clubs français ont peu profité de ses emplettes sur le marché des joueurs, ils ont largement bénéficié de l’arrivée d’un autre acteur qatari : beIN Sports. En 2012, la chaîne, (ex-Al-Jazeera Sport), présente sur tous les continents, a racheté une partie des droits télé de la Ligue 1 et diffusera les Coupes européennes jusqu’en 2018.

Le Qatar est également propriétaire du PSG Handball, de plusieurs courses hippiques dont le Prix de l’Arc de triomphe. La ville de Paris, son image et sa notoriété dans le monde, sont au coeur de sa stratégie pour communiquer à l’échelle planétaire. Comme l’est en Espagne le sponsoring maillot du FC Barcelone, une tunique vendue à des millions d’exemplaires avec les logos de Fondation du Qatar (2011-2013) puis de Qatar Airways (2013-2017).

Quels sont les sports dans lesquels le Qatar investit ?

Tous ou presque. Pas une discipline n’est laissée de côté par l’appétit du petit émirat : football, handball, équitation, tennis, cyclisme etc. Son développement dans le sport passe à la fois par l’acquisition de clubs ou d’événements et aussi beaucoup par l’organisation de compétitions internationales sur son sol.

Non content d’avoir obtenu l’organisation du Mondial de football 2022 (une première pour le monde arabo-musulman), des Championnats du monde d’athlétisme (2019), des Championnats du monde de cyclisme (en octobre dernier) ou encore du Mondial de handball (en 2015), le Qatar a prévu, rien qu’en 2017, d’organiser 39 compétitions internationales, dont une étape de la Coupe du monde de natation petit bassin, en septembre. Des compétitions de haut niveau de pentathlon, voile, squash et saut d’obstacle sont aussi programmées d’ici la fin de l’année. Avec des risques d’annulation si la crise persiste ?

Le Qatar est cerné

Quelle est la stratégie du Qatar avec le sport ?

Elle est à la fois diplomatique et économique. Diplomatique ? «Vivant dans une zone géopolitique troublée, le Qatar a choisi la diplomatie sportive pour exister sur la carte. Le Qatar mise sur la visibilité du sport et son attractivité pour se faire connaître de façon positive dans le monde entier», expliquait le géopolitologue Pascal Boniface, directeur de l’Institut de Recherche Internationale et Stratégique (IRIS), quelques semaines après le rachat du PSG.

L’organisation d’évènements sportifs mondiaux permet également au Qatar d’espérer se garantir une forte croissance économique à court et moyen terme. Les investissements envisagés en prévision du Mondial 2022 atteignent 100 milliards de dollars. Plus largement, il s’agit d’anticiper une baisse des revenus du gaz et de tourner l’économie du pays vers le tourisme notamment.

Le Qatar lui-même réussit-il sur la scène sportive ?

Pas évident pour ce très petit pays (2,4 millions d’habitants) qui ne compte qu’une vingtaine de milliers de sportifs pratiquants. Illustration : son équipe de football, 88e nation FIFA, est mal partie dans les qualifications pour le Mondial 2018 (dernière de son groupe). Pour combler son retard, le Qatar compte à la fois sur les naturalisations de sportifs étrangers et la formation.

La politique de naturalisation s’est illustrée dans le handball de façon spectaculaire (et controversée) par la création d’une sélection de «mercenaires» (un Français, un Cubain, deux Égyptiens, trois Monténégrins…) qui a atteint la finale de «ses» Mondiaux à domicile face à la France en 2015.

La même stratégie a conduit le Qatar à naturaliser des athlétes originaires d’Afrique de l’Est (Kenya. Ethiopie, Soudan). Une pratique qui s’accompagne d’accusations d’«esclavage moderne» (les athlètes perdent leur identité).

La formation ? La création en 2004 de l’Académie Aspire – une infrastructure dernier cri où séjourne régulièrement le PSG – participe d’une vision à long terme de l’émirat. L’objectif est d’attirer de futurs grands talents mondiaux.

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