De l’aventure d’un poète confiné Par Aloyse NDIONE

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Les étoiles se sont endormies,
Le ciel assombri.
Je marche pieds nus dans des artères endeuillées,
Mais aux pas de rescapé.
Mystèrieux monde innondé de larmes, la cité des nations frémit,
Sur ses genoux ensanglantés
Cette diablesse digne d’une invisible bête sauvage: extravertie aux deux noms, impureté ambulante, s’est autoproclamée première puissance d’un monde anéanti.
Ainsi invisible, toutes les lumières se sont éteintes sous son ombrage géant,
Oh terre des ancêtres!
Je marche dans ce monde où,
Le bonjour ne se transmet plus par la douceur de la main droite,
Hélas!
Je vis dans un monde des pénombres,
Où on ne marche plus main dans la main,
Où Le voisin n’a d’exutoire que la fenêtre de sa chambre;
Un monde qui sombre maladroitement dans un obscurantisme malveillant;
Où l’homme se confie à lui même, attendant la délivrance
Un monde où,
Sur des lignes de frontières s’est confinée la solidarité humaine,
Le sauve qui peut dicte sa loi désordonnée; dans un monde aux abois;
Un monde où tout le monde a peur,
Une peur qui nourrit notre quotidien.
De Washington à Dakar, la rue se vide de son brouhaha ambiant, de son décor divin,
Tel un cauchemar sans fin, tel un inéluctable destin.
Un monde où l’on se cache chez soi pour prendre son café, un peu de vin, en attendant de nouvelles mesures du gouvernement.
Le sourire disparait aussitôt de nos visages, pour laisser la place aux masques:
De troubles yeux pour pleurer notre désarroi,
Visage à moitié existant, même plus la bouche pour compter nos morts, mais du bout des doigts.
Sevrés, L’appel du muezzin attriste nos vendredis,
Obligés, le son de la cloche annéantit nos dimanches.
Je suis dans un monde où,
Demain pour un rappel à Dieu,
Certains ne verront pas la lumière du jour,
L’homme ne pourra pas assister sa femme à la maternité,
Oh quel bonheur d’entendre les premiers cris d’un nouveau-né!
Il ne vivra le bonheur d’entendre grand- père,
Elle n’aura pas la chance de veiller sur ses petits fils dormants.
Repose en paix grand-mère!
Je marche encore et encore, inlassablement dans un monde où,
la traumatisante sirène de l’ambulance siffle au rythme de la peur;
Mais une peur faufilante; chez moi, chez l’autre, A Caracas, à Rome, à Dar es Salam, chez les altesses…
Que des terrriens anxieux; des nations désunies par une inestimable détresse.
Les blouses blanches sont devenues les déesses;
Déesses de l’espérance.
Ici bàs,
Seuls guerriers sur qui on peut compter
Pour redonner le sourire aux guéris,
Seuls sains sur qui le monde peut compter
Pour faire des adieux aux victimes endormies.
Si mille mercis n’égalent votre sacrifice pour l’humain,
Votre hymne ne s’éteindra jamais sur ce chemin de guerre emprunté contre le malin.
Merci, nous vous le revaudrons jusqu’à la fin des temps.

Aloyse NDIONE

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