Dip répond aux clashs : «Je suis le numéro 1, le débat ne se pose plus. Je suis mon propre adversaire»

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En un temps record, il a explosé les ventes depuis la sortie de son album «LNN». Au delà de l’aspect commercial, cet opus a mis sens dessus dessous le mouvement Hip-Hop et occasionné une série de clashs entre rappeurs. Dip Doundou Guiss face à «L’Obs», déroule le film de ses attaques en règle, en plus de revendiquer son statut de leader au sein de la musique urbaine. Interview…

Le succès de votre album «LNN» en si peu de temps ? Vous vous y attendiez ?

Il faut dire que c’était assez prévisible car, il y avait déjà l’attente du public. Il ne cessait de me réclamer l’album, mais j’ai préféré prendre mon temps pour bien faire les choses. Je me suis donné corps et âme pour arriver à ce niveau-là. Donc la logique voudrait que l’accueil soit favorable.

Il vous a fallu combien de temps pour arriver à 19 titres ?

En vérité, j’ai travaillé sur au moins 30 titres parmi lesquels j’ai pioché les 19 qui composent l’album. Ça m’a pris presque deux ans ou plus. Je n’étais pas tout le temps au studio quand-même. Entre les spectacles et les tournées, je n’étais pas focus là-dessus. Je n’ai pas forcé les choses. C’est un album que tu écoutes en sentant toute sa fluidité.

 On y retrouve plusieurs styles dont le Mbalakh. C’est d’ailleurs un morceau dans ce genre qui a annoncé sa sortie ?

Effectivement, c’était pour interpeller les Sénégalais et capter le maximum de monde possible. La preuve, il y a eu une polémique autour de ce morceau. On s’y attendait et cela démontre que nous avons marqué le coup.

En trois semaines, les ventes en streaming et les vues sur Youtube ont explosé. Avez-vous les chiffres exacts ?

A l’heure actuelle, je ne peux pas m’avancer avec exactitude. En plus, les supports de vente diffèrent, il y a les clés, les casques et les téléchargements. Dans les prochains jours, je serai édifié. J’en profite pour remercier mes fans et leur demander de continuer à acheter l’album. Je n’oublie pas mes sponsors Free, Paps Afréty, Dakar Dem Dikk, Diay taar studio qui m’ont fait confiance…

Dans cet opus, on sent à travers le morceau «Nigthmare», cauchemar, que vous lancez des piques à vos collègues rappeurs. Vous considérez-vous comme leur cauchemar ?

Le cauchemar, il vient sans crier gare. Il ne prévient pas. C’est une manière pour moi de dire à mes collègues, qu’ils le veuillent ou non, je suis là et je vais hanter leur sommeil. Le reste est purement artistique. Dans le Rap, il y a des piques et on ne peut pas l’éviter. Mes semblables n’acceptent pas ce que je fais ou la place que j’occupe, forcément, je les empêche de dormir. Ils essaient de me déstabiliser en insinuant que je ne fais pas de Rap mais plutôt des sons Zouk, que je ne chante pas des thèmes. Certains sont allés jusqu’à dire que je suis un Illuminatti. C’est ce qui justifie le titre «Nigthmare».

«Je suis le numéro 1, le débat ne se pose plus. Je suis mon propre adversaire»

Quelle place pensez-vous occuper dans le milieu Hip-Hop ?

Ce n’est plus un débat, tout le monde le sait. Je suis le numéro 1 mais, ce n’est pas mon objectif. Je ne me bats pas contre quelqu’un, mais contre moi-même. Je suis mon propre adversaire. J’essaie de me surpasser tous les jours et d’aller le plus loin possible. Cela me suffit largement.

Dip vient de loin… Qu’est-ce que cela vous fait d’être arrivé à ce niveau ?

D’abord, je rends grâce à Dieu, même si je sais que je n’ai encore rien fait. Néanmoins, j’ai quelques armes qui me permettront d’aller plus loin. Maintenant, je peux parler des choses que je peux accomplir. Je peux régler mes problèmes, je peux soutenir ma famille. J’en suis très fier surtout pour ma mère.

Quelles sont ces armes justement ?

Les contacts, le niveau, les ouvertures. J’ai commencé à faire des feats avec des rappeurs français, ma musique a commencé à s’exporter et je tourne à l’extérieur. Bientôt, je vais m’inscrire à la SACEM (Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique). Je travaille aussi sur un projet international. Je ne dors pas sur mes lauriers…

«Je suis humain et j’ai un cœur. Les insultes m’ont fait réagir»

C’est grâce à votre musique que vous avez pu réaliser tout ça. Paradoxalement, les artistes, particulièrement les rappeurs, n’ont pas bonne presse…

Tout dépend de l’image que tu véhicules. Je ne vis pas le succès, car je ne tiens pas à ce qu’il déteigne sur moi. Je ne fume pas, je ne bois pas, je ne fréquente pas les boites de nuit. Je n’ai pas une mauvaise image et je suis de nature très simple.

Quel est le secret de Dip Doundeu Guiss ?

Travailler, croire en soi, bien étaler ses projets et ne pas brûler les étapes.

C’est-à-dire ?

Il faut tout simplement y aller pas à pas. Je ne peux pas, à l’entame de ma carrière, aller à l’assaut du stade Léopod Sédar Senghor. Chaque chose a son temps et surtout il faut toujours mûrir les projets. C’est ce que j’ai eu à faire et jusqu’à présent, cela me réussit. 

Pourquoi vous avez senti le besoin de sortir une chanson dans laquelle vous clashez Omzo Dollar, One lyrical, Nit Doff et Ngaka Blindé ?

Je suis une personne, je suis humain et j’ai un cœur. Parfois, tu avances par instinct, l’adrénaline prend le dessus.

C’est une réponse que vous avez donc puisée dans votre cœur ?

Exactement, j’étais énervé et je pense que c’était le moment de répondre. Les insultes m’ont fait réagir. J’ai trop encaissé et à force de rester de marbre, c’est comme si je ne faisais plus de Rap. Ce clash était pour moi, une manière de leur dire que je sais descendre aussi bas qu’eux.

Et vous avez aussi fait dans les insultes ?

Je n’en suis pas fier franchement. Mais le Rap vient de la rue en même temps. Je suis désolé…

Avec le recul, vous regrettez peut-être ?

Non pas le moins du monde ! Je suis artiste avant tout.

Votre mère et votre épouse ont été égratignées dans l’histoire, comment l’ont- elles pris ?

On peut tout dire mais, cela reste dans les sons. Ma mère et mon épouse ne s’en occupent même pas. Je ne suis même pas sûr qu’elles l’aient entendu. Elles n’en parlent pas en tout cas.

«Sans le savoir, ils me donnent des armes pour les battre»

 N’avez-vous pas l’impression d’être seul contre tous, avec tous ses clashs contre votre personne ?

Cela prouve que je suis au-dessus d’eux. Ça fait plaisir. Sans le savoir, ils me donnent des armes pour me battre contre eux. Il faut juste que je sois intelligent, que je sache comment gérer les choses pour ne pas à chaque fois y aller avec le cœur.

N’avez-vous pas peur que cela se retourne contre vous. Quand tous les rappeurs de votre génération s’acharnent sur vous, ne peut-on pas dire que vous êtes à blâmer ?

Non, car tous ceux qui s’acharnent sur moi en ce moment, si j’en venais à leur demander de faire la paix, ils allaient accepter sans condition. A l’inverse, s’ils me tendent la main, je ne la saisirais pas.

Qu’est-ce qui est vraiment à l’origine de vos différends ?

Ça ne sert à rien de rentrer dans les détails. Si je donne ma version, qu’ils donnent la leur, au final, comment saura-t-on où est la vérité ? C’est peine perdue.

«Je préfères qu’on en vienne aux mains plutôt que de continuer ces joutes verbales» 

Au delà de ces joutes verbales, ne pensez-vous pas que cela peut se solder par des rixes ?

Je me demande si ce n’est pas mieux d’ailleurs, qu’on en vienne aux mains. Je préfères cela plutôt que de rester là à nous insulter. Je crois bien qu’on file droit vers ça.

Qu’entendez-vous par «Président Fifa» ?

Tout juste pour dire que je les dépasse de loin. Ce n’est même pas le même niveau. Si j’étais à leur place, je n’allais pas répondre. Ce n’est pas parce que j’ai fait deux barres en leur lançant des piques, qu’ils vont tous s’acharner sur moi en me dédiant des clips. Je n’ai même pas ce temps à leur accorder. Que j’aie un peu titillé leur ego les arrange, car cela leur donne de l’intérêt.

Avez-vous pris le temps d’écouter leurs répliques ?

Oui juste à titre d’infos, pas plus…

Comment les avez-vous trouvés ?

Pas mal, ils se sont bien débrouillés.

Il y a également, un aspect commercial derrière…

C’est vrai, sur la plateforme «Deezer», nous sommes premiers. Nous avons eu 500 000 vues sur 3 jours.

Pour en revenir à l’album «LNN», sur la pochette, on vous voit tenir une boite qui contient votre tête et vous vous tenez debout, décapité. Que peut-on en retenir ?

Rien que le titre de l’album «Loo Neme Nàak» (qu’es-tu prêt à perdre» édifie. Déjà quand tu regardes l’image, c’est comme si on montrait l’histoire d’Adam et Eve, la Genèse. D’après ce que j’en sais, c’est à cause de cette histoire que l’homme a perdu les privilèges que lui avait octroyés Dieu. Donc, le contexte ne pouvait pas mieux coller. En plus de cela, ma tête détachée de mon corps et placée dans une boite, cela veut simplement dire que je mise sur ma tête pour m’en sortir. Je ne compte sur personne d’autre que moi. Donc il ne faut pas juste s’arrêter à l’image. Tout est spirituel, mais les détracteurs, pour ne pas dire les choses telles qu’elles, diront que c’est satanique. Je parle de choses qu’on ne peut pas voir à l’œil nu, ça va bien au delà. Je ne cherche pas uniquement à vendre des disques. On sait tous que la vie n’est pas facile. Il faut apprécier la douleur, ça fait partie de la vie.

Récemment, vous êtes devenu papa pour la première fois. Quel impact cette naissance a eu dans votre vie ?

Ça fait de moi un responsable, il y a des choses que je vais m’interdire dorénavant. Je vais suer sang et eau pour mon fils. Grâce à lui, je sens que mon existence a de l’importance. Aujourd’hui, si je n’avais plus goût à la vie, je n’aurais d’autre choix que de survivre pour lui. C’est quelqu’un qui me retient sur terre, il me maintient en vie…

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