Éducation, formation et développement durable La LD de BATHILY se prononce

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Justifiée par les nombreuses crises qui frappent l’école sénégalaise, une conférence présidée par le Professeur Abdoulaye BATHILY fut organisée, en coordination avec les cadres de son parti, le 22 décembre 2012 à l’ENDSS. Le conférencier Monsieur Mamadou NDOYE, membre de la Ligue démocratique sénégalaise, a fait, lors de sa communication portant sur le thème « Education et formation : des leviers du développement durable et accéléré au Sénégal », un diagnostique de la situation scolaire, tout en montrant le rôle véritable que devrait jouer une éducation performante dans le développement des États « émergents », notamment du Sénégal. 

À l’ère de ce qu’il est convenu d’appeler « l’économie du savoir », une éducation et une formation réussies s’évalueraient à l’aune des réponses que celles-ci offrent aux acteurs face à des situations concrètes. Il ne s’agit plus de « contempler le savoir », selon le conférencier, de « faire l’art pour l’art » comme les parnassiens, mais plutôt de mettre l’école au service de la résolution des problèmes cruciaux de notre temps et de ceux à venir. La plupart des retards accusés par des États comme le Sénégal serait, soutient Mamadou NDOYE, le fait d’un manque de volonté politique dont les effets dirimants constituent un frein à la croissance économique. 

Alors que la soi-disant « communauté internationale » continue de classifier, arbitrairement, le niveau de développement des États à travers le prisme de concepts sortis de leurs cosmogonies, monsieur Mamadou déconcerta une assistance habitée par l’espoir que le Sénégal était en voie de développement, en affirmant, à brûle-pourpoint, que nous n’étions ni un « pays émergent » ni proche de l’être. Et cela, en raison de la position occupée par le Sénégal par rapport au taux des pays répondant aux critères d’émergence. 

Compte tenu du niveau peu efficace de notre agriculture, de l’absence d’industrie « moderne » et des caractéristiques sociales identifiées à travers l’IDH, le développement devient une évidente gageure. C’est pourquoi, précise le spécialiste de l’éducation, la transformation de cet état déplorable de notre économie dépendra du degré d’engagement et d’implication des acteurs que sont l’État, les entreprises, mais également l’ensemble des citoyens (hommes et femmes) instruits et formés pour réagir convenablement face aux contraintes structurelles et conjoncturelles. 

Par conséquent, le développement accéléré ne saurait être atteint « sans la transformation structurelle de l’économie », averti monsieur NDOYE. D’autre part, il préconise, à l’instar de Philippe ENGELHARD, la diversification des activités économiques, l’accompagnement technologique, ainsi qu’une bonne préparation des acteurs agricoles et industriels. Pour accroître la part de l’industrie, l’État doit, selon ses propos, « impulser la création d’entreprise » par la mise en place de conditions favorables, de cadres institutionnels flexibles et justes. Puisque « l’économie de la connaissance », suivant le conférencier, accorde une place privilégiée aux ressources humaines qui occupent les 4/5 de la base du développement, tandis que les ressources naturelles ne représentent qu’1/5, alors une parfaite « articulation interactive » entre l’agriculture et l’industrie ne pourrait que constituer un levier majeur d’une rapide croissance. 

À la suite des rôles qu’il assigne à l’État, tels que l’organisation adéquate du commerce transnational et interafricain indispensable à l’apprentissage et à l’effectivité de l’intégration continentale, Monsieur Mamadou NDOYE, membre par ailleurs du Conseil de l’Institut de l’UNESCO, propose une planification soucieuse de la protection de l’environnement. Les moteurs de la durabilité, continue-t-il, repose sur un « environnement de paix » et sur « le déblocage des pauvres ». C’est pourquoi, les tensions internes, les guerres et le chômage ne feraient que fragiliser les fondements économiques et démocratiques. 

Le communicateur insistera sur la part qui doit être accordée aux jeunes et aux femmes. Ceux-ci doivent détenir des savoirs et des qualifications à la fois théoriques et techniques. Il recommande, à l’image de la Loi Debré, l’instauration de « la formation continue », voire de « la formation tout au long de la vie », pour une adaptation permanente aux innovations socioéconomiques. Notre monde serait, remarque-t-il, de plus en plus marqué par des mobilités et des reconversions professionnelles. D’ailleurs, la sociologue Catherine NÉGRONI, fait état de ce phénomène de reconversion dans l’un de ses ouvrages parus en 2008. 

Pour terminer, il faut dire que les questions traitées par Monsieur NDOYE sont très actuelles et interpellent l’ensemble des gouvernants et les citoyens du monde, particulièrement ceux dont les États connaissent un certain handicap qui réduit leur chance dans un paysage en perpétuelle concurrence. Car rien de grand ne se bâtit sans éducation, sans formation et sans une vision prospective. Les quelques contributions qui sont parues récemment dans certains journaux sénégalais, notamment dans Le Quotidien, amènent incontestablement à accorder du crédit aux thèses soutenues par le professeur NDOYE. Celle du Docteur Cheikh Tidiane DIÉYE, spécialiste en Études du développement, parue dans Le Quotidien du mardi 8 janvier 2013, dont le titre « Après la politique, le développement ! », s’insurge contre une trop grande politisation de l’espace social au détriment de la valorisation des ressources humaines par l’éducation et l’emploi des jeunes. Abondant dans un sens identique, le professeur Libasse DIOP de l’UCAD estime, sur une autre page de journal précité, que ce serait même « une lapalissade que dire que la bataille pour un développement fulgurant, est la bataille de la qualité des ressources humaines ». En conséquence, insiste-t-il, « la relation entre le niveau de formation et d’instruction de la population d’un pays et la performance économique est d’une banale évidence ». Dans une précédente livraison, en la date du samedi 5 au dimanche 6 janvier 2013, Ndèye A. NDIAYE analyse objectivement la « législation prématurée » de la parité au Sénégal. Elle juge inopportune une telle loi, « discriminatoire » au fond, et oriente la réflexion vers la nécessaire scolarisation des filles afin que, plus tard, soit assuré, légalement, l’égal accès des hommes et des femmes à toutes les fonctions. Le point commun de tous ces articles est qu’ils mesurent l’importance de la ressource humaine dans le rayonnement socioéconomique des États. 

Malick GAYE, Le Sociologue Rebelle 
mactko@yahoo.fr 

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