Éducation sexuelle au primaire : La résistance s’organise

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Afin d’éviter que la sexualité soit introduite à l’école primaire, comme le veut Human Rights Watch, l’Ogn Jamra, en compagnie de syndicats d’enseignants, a décidé de monter la garde. Mais le ministère de l’Éducation rassure.

Pas de sexualité dans nos écoles primaires ! C’est le cri de ralliement de la société civile, Jamra en l’occurrence, aidé en cela par certains syndicats d’enseignants. Ces acteurs soupçonnent l’Etat du Sénégal de vouloir introduire l’éducation sexuelle dès l’élémentaire, sur recommandation de Human Rights Watch.

Dans son rapport publié octobre 2018 relatif à “l’exploitation, l’harcèlement et les abus dans les écoles secondaires au Sénégal” l’Ong dit avoir constaté que les établissements scolaires ne sensibilisent pas suffisamment les mineurs à la sexualité, à la santé reproductive et à leurs droits sexuels et reproductifs.

Partant de cela, Human Rights Watch propose, à travers ce document, “un programme complet d’éducation sexuelle conforme aux normes internationales en vigueur, et garantir l’accès des jeunes à des services de santé répondant à leurs besoin”.

Un scandale selon l’Ong Jamra, qui réfute catégoriquement l’introduction de l’éducation sexuelle dans les établissements. “La proposition scandaleuse de HRW qui, sur la base de financement à coût de milliards, est en train de chercher à convaincre le gouvernement d’introduire l’éducation sexuelle dès la maternelle. Et nous sommes dans un pays où il y a toutes les religions révélées. Le Sénégal est un pays de valeurs. L’école n’est pas un lieu d’apprentissage du sexe”, a laissé entendre Mame Makhtar Gueye, vice-président de l’Ong Jamra joint par téléphone par Seneweb.

Jamra renseigne que le plus alarmant dans ce rapport préliminaire est qu’il est truffé à chaque paragraphe du mot “genre”. Ce qui est suspect, aux yeux de Mame Makhtar. D’où ce combat mené en collaboration avec le Cusems/A dirigé par Dame Mbodji.

Le Sels/Authentique conduit par Abdou Faty compte rejoindre les rangs. “Nous sommes vraiment en phase avec nos camarades du Cusems et Jamra. Nous sommes contre cet état de fait. Et nous battrons jusqu’à notre dernière énergie contre ces pratiques là qui viennent des pays où il n’y a pas de religions, où il n’y a pas de valeurs”, dénonce Abdou Faty du Sels/ A.

À l’en croire, chaque société a ses réalités. Selon lui, il est impensable aujourd’hui que le Rwanda s’attache à ses valeurs, travaille sur sa langue nationale et que le Sénégal soit à la traîne. Que des Européens nous donnent leur argent pour qu’on puisse dérouler des programmes.

Quant à l’Union nationale des parents d’élèves et d’étudiants du Sénégal, elle fustige la démarche adoptée dans l’enquête menée au Sénégal par Human Rights Watch. “Comment une Ong de cette envergure peut mener une enquête sans prendre langue avec des associations des parents d’élèves et la communauté éducative nationale. Pour voir ensemble le pourquoi de cette enquête et à quelle fin cette enquête devait être faite ?”, s’interroge Adoulaye Fané président de l’Unapees.

Fané se dit “foncièrement contre” l’instauration de l’éducation sexuelle à l’école primaire. “Nous appelons encore l’Etat à prendre ses responsabilités. Le rôle régalien de l’Etat, c’est d’assurer l’éducation à tous les Sénégalais”, rappelle-t-il.

Ministère de l’Éducation : “Dans les curricula, il n’y a pas d’éducation sexuelle…”

Contacté par Seneweb sur la question, le ministère de l’Éducation nationale nie toute volonté d’introduire un tel module dans l’enseignement. Si l’on en croit Mouhamadou Moustapha Diagne depuis la publication du rapport de l’Ong en question, aucune réponse positive n’a été donnée à cette recommandation.

“Nous sommes dans un pays éminemment religieux. Dans le curricula, il n’y a pas d’éducation sexuelle et il n’y en aura pas. Nous sommes dans un pays de pudeur. C’est vrai que HRW avait recommandé sur son rapport à l’Etat d’introduire la sexualité dans les programmes. Mais le ministère avait clairement indiqué que nous ne sommes pas sur cette voie d’introduire une quelconque éducation sexuelle dans les programmes pédagogiques”, rassure le directeur de la formation et de la communication du ministère.

Dans tous les cas, Jamra, en collaboration avec Cusems/A, envisage de faire une tournée dans les foyers religieux du pays pour inviter les guides religieux à lutter contre l’éducation sexuelle dans nos établissements. Ils comptent ainsi visiter Tivaouane, Ndiassane, Touba, Madina Baye, Yoff… Il en sera de même pour l’Eglise afin que ce combat soit porté aussi par les écoles privées catholiques.

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