Excellence, pour vos ministres, il faudra… (Par Khalifa Ababacar Gaye)

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Après les supputations avant la sortie de la liste nominative de la nouvelle équipe gouvernementale et les appréciations sur l’ascension des uns et la déchéance des autres, place doit être faite maintenant à une analyse sérieuse de ce qui attend vos ministres. Il nous plus faut mettre le curseur sur là où le bât blesse en lieu et place d’une simple constatation qui tend plus vers les personnes que vers les missions qui leur sont confiées.

Excellence ! Les derniers mandats sont souvent l’occasion pour les présidents de redresser les torts causés antérieurement et en même temps l’opportunité de réaliser les promesses non tenues et sur la base desquelles ils ont été élus. Pourriez-vous faire en sept ans ce que vous n’aviez pas pu réaliser en cinq ans ? Là est la vraie question. Ce questionnement est d’autant plus légitime que d’importants ministères sont restés des secteurs à problème depuis votre accession, et ce malgré les changements parfois apportés durant le septennat écoulé. Il faut dire qu’aujourd’hui, avec la mise à l’écart de certains ministres très limités dont l’échec est plus qu’apparent, vous avez enfin assumé votre courage politique. Finis les calculs, en place le mode fast-track car le peuple s’impatiente.

Excellence, vos ministres ! S’ils sont vraiment désireux de laisser à la postérité un bilan élogieux, il leur faudra nécessairement agir dans le sens de la probité et de la sobriété en plus de l’innovation bien sûr. La loyauté, seule, ne doit et ne peut plus être le principal baromètre pour mériter la confiance du dépositaire de la confiance de tous les Sénégalais. En vérité, si la loyauté devait suffire, des ministres comme Mame Mbaye Niang n’auraient pas sauté. Il faut aussi de la probité avant tout pour coller au rêve d’une « gouvernance sobre » et de la rigueur ensuite pour une gestion « vertueuse ». A l’inverse du seul clientélisme, ces critères constituent la base même de la constitution d’une équipe qui gagne. La compétence, et rien d’autre.

Beaucoup d’analystes se sont en effet penchés sur la qualité et/ou la taille de l’actuelle équipe qui doit exécuter l’orientation politique du chef de l’Etat pour les 5 ans à venir. Ils tombent tous d’accord sur deux choses : son caractère techno-politique. L’entrée et la sortie de certains tout comme le changement de départements pour d’autres peut être diversement apprécié en ce sens que certains choix sont applaudis pendant que d’autres sont décriés. Si le départ du professeur Mary Teuw Niane et de Papa Abdoulaye Seck ne fait pas l’unanimité compte tenu de leurs résultats respectifs, les sorties de Mame Mbaye Niang et Pape Gorgui Ndong sont bien accueillies par contre pour l’inculture notoire et la probité douteuse du premier nommé avec l’affaire des 32 milliards du Prodac et le manque de charisme et l’inefficience du second. De même, le choix de Mamadou Makhtar Cissé comme ministre du pétrole et des énergies, de celui de Maitre Malick Sall comme garde des sceaux et ministre de la justice demeurent entre autres des choix les meilleurs.

Excellence, vos ministres ! Il faudra surtout une vision et une ouverture d’esprit de la part de ceux qui dirigent les ministères à problèmes tels que le département de l’éducation, de la justice et de la santé. La grogne sociale dans ces trois secteurs ne finit toujours pas à cause des engagements pris et qui ne sont jamais respectés. Serigne Mbaye Thiam et Ismaila Madior Fall ont surtout échoué de rétablir la confiance entre eux et les agents de l’Etat qu’ils administraient, préférant le bras de fer au dialogue. L’ébullition notée dans ces ministères est principalement dictée et sous-tendue par l’exigence du respect d’accords déjà signés. Voilà pourquoi il incombe à vos nouveaux ministres de faire un inventaire à la Prévert pour trouver la racine du mal et la déterrer pour de bon. Aussi bien pour l’éducation, la justice que la santé, l’état des lieux nous présente soit des préavis de grève déjà expirés avec les syndicats d’enseignement ou bien des mots d’ordre de grève suspendus avec ceux de la justice et de la santé. De ce point de vue, le maintien du ministre Abdoulaye Diouf Sarr peut ne pas s’expliquer avec l’inlassable mouvement d’humeur de la coalition « And Gueusseum » qui a fini par taire ses agissements à cause de l’usure.

Excellence, vos ministres ! Ils seront plus efficients en faisant leur votre leitmotiv de « la patrie avant le parti ». Le mode fast-track ne peut produire des résultats qu’avec la perspicacité de ceux qui tiennent les commandes. Des slogans n’ont pas manqué dans ce sens mais il est temps de les matérialiser. Ce besoin d’appuyer sur l’accélérateur pour atteindre l’émergence s’est exprimé antérieurement à travers la fameuse formule de l’ancienne Premier ministre Aminata Touré qui invitait son équipe à « accélérer la cadence ». Il faut absolument que les ministres de la République s’oublient un peu, oublient le parti et foncent directement vers leur cible : le développement. C’est là que réside tout le sens de ce mode de gestion et de management tant souhaité. Il faut cependant préciser que tout le travail de ces différents ministères va inéluctablement tomber à l’eau si l’administration continue d’être si archaïque, si démodée et par conséquent très lente car les lenteurs administratives constituent la vraie source de notre retard à tous les niveaux.

Source: Senenews

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