Exclusif – Les confidences glaçantes de Dr Babacar Diop sur son lit d’hôpital

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Trouvé sur son lit d’hospitalisation dans une clinique de la place pour des soins consécutifs à son agression présumée par des gardes pénitentiaires, le vendredi 20 décembre dernier, dans la Maison d’arrêt de Rebeuss, Dr Babacar Diop a accepté de discuter à bâtons rompus avec «L’Observateur» de son séjour carcéral. Les confidences sont glaçantes.

L’homme tient difficilement sur son lit d’hospitalisation. La mine très affaiblie. Sur son visage décharné, dans ses yeux enfoncés et éteints, se voyaient les marques d’une longue souffrance de 21 jours de vie carcérale. Dr Babacar Diop est sorti de sa détention à la Maison d’arrêt de Rebeuss très mal-en-point. L’horloge affiche dix-huit heures passées de trente-cinq minutes, lorsque la porte de la cabine 19 d’une clinique de la place s’ouvre laissant apparaître un sourire qui tente de rassurer ses visiteurs. D’un signe de la main gauche, le secrétaire général des Forces démocratiques du Sénégal (Fds) invite à prendre place sur son lit d’hospitalisation. Dans une demi-saison bleue Super cent, costume africain, une perfusion sur la main droite, Dr Babacar Diop reçoit parents, amis, collègues, étudiants venus lui témoigner affection. Aux heures de visites, sa chambre d’hospitalisation ne désemplit pas.

Assisté par son neveu Mafall, Dr Babacar Diop répond parfois aux appels, malgré les interdictions du médecin, qui lui demande de ne pas prendre le téléphone. «Le médecin m’a demandé d’éviter les communications téléphoniques pour bien me reposer, mais on ne peut pas empêcher les gens d’appeler pour avoir des nouvelles», lance-t-il, la tête farcie de ses mauvais souvenirs de vie carcérale.  Connu pour sa fougue et sa forme étincelante, Dr Babacar Diop est visiblement amoindri par l’agression présumée dont il a été victime le jour de sa libération. Alité, le leader des Fds accueille et discute des mauvaises conditions de détention à la Maison d’arrêt de Rebeuss, malgré la fatigue et l’épuisement.              

«Je reconnais les 4 gardes qui m’ont agressé» 

Arrêté le 29 novembre 2019 avec huit autres manifestants devant les grilles du Palais de la République de l’avenue Roume, avant d’être envoyé à Rebeuss, c’est quelques heures avant sa libération que Dr Babacar Diop aurait été attaqué et torturé par quatre gardes pénitentiaires. Des «agresseurs» que le leader des Forces démocratiques du Sénégal dit clairement connaitre et pouvoir identifier. «Je connais leurs noms et je les ai bien identifiés. Tout est parti quand un des gardes a voulu m’intimider. Il m’a insulté de mère, j’ai répliqué,  il m’a frappé et je lui ai rendu les coups. C’est ainsi que les autres gardes sont venus et ils étaient quatre à me passer à tabac. C’est vers 10 heures 30 minutes et manifestement, la consigne était d’éviter, à tout prix, que je sorte de la prison avec toute mon intégrité physique», confie le secrétaire général des Forces démocratiques du Sénégal. Enseignant-chercheur en Philosophie à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, Dr Babacar Diop qui n’a pas encore récupéré toutes ses facultés physiques et intellectuelles, n’écarte pas de porter plainte contre ses agresseurs. «Mes avocats, le Saes, le Sudes, mes partisans et tous ceux qui m’ont soutenu, se concertent sur ce problème. Et dès que le médecin me libère, je vais porter plainte contre mes agresseurs», fait-il savoir. Outré par les mauvaises conditions de détention à la Maison d’arrêt de Rebeuss, le leader des Forces démocratiques du Sénégal est plus que jamais déterminé à poursuivre le combat contre la hausse des prix de l’électricité. Mais, pour Dr Babacar Diop, le vrai combat, c’est la lutte contre les conditions inhumaines de détention à Rebeuss   

         «Je suis resté 8 jours sans manger» 

S’inspirant de la foi de Serigne de Touba et du courage de Nelson Mandela, l’élève de Maodo ne regrette en rien son séjour carcéral. Dr Babacar Diop qui est en ce moment, interné dans une clinique de la place pour des soins consécutifs à son agression présumée, se dit prêt à retourner au front contre les dérives du régime de Macky Sall. Arrêté le 29 novembre dernier, devant les grilles du Palais de la République pour manifester contre la hausse des prix de l’électricité, le leader des Fds a été envoyé à la prison de Rebeuss où il valsait entre les chambres 1 et 19 pendant ses 21 jours de détention. Dr Babacar Diop : «Les conditions de détention à Rebeuss sont inhumaines. Si Macky Sall savait ce qui se passe à Rebeuss, il allait construire d’autres prisons. On nous serrait comme des sardines dans une boite. Il y avait une seule toilette pour plus d’une centaine de personnes.» Pour dénoncer ces mauvaises conditions de vie à Rebeuss, Dr Babacar Diop et ses codétenus ont observé une grève de la faim pour se faire entendre. «Le seul moyen qu’on avait en prison pour protester, c’était cette grève de la faim. Et je suis resté huit jours sans manger», explique-t-il. 

«Après mon agression, ils m’ont demandé de faire une déclaration… » 

Atteint physiquement mais pas moralement, Dr Babacar Diop reste convaincu que le combat ne fait que commencer. «Ils ont tout fait pour tenter d’acheter mon silence. Et après mon agression, ils ont appelé des médias pour que je fasse une déclaration afin de rassurer le peuple que je me porte très bien pour apaiser ainsi la tension. Mais c’était me méconnaître et c’est l’instant que j’attendais. Malheureusement, ça a foiré», se désole le leader des Forces démocratiques du Sénégal. IGFM.SN

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