Fatou, j’ai 20 ans et je suis étudiante à Dakar. . Je suis entrée dans une pièce où il y avait six personnes, le médecin m’a regardée et m’a dit : « déshabille-toi, couche-toi, ouvre les jambes ».

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«COMMENT ETIEZ-VOUS HABILLÉE QUAND ILS VOUS ONT VIOLEE ?»: Les Sénégalaises victimes de viol en croisade contre la question qui saigne leurs cœurs et s’offusquent de la marginalisation «Comment étiez-vous habillée ?» Une question souvent posée aux victimes de viol, et qui commence à agacer les défenseurs de ces dernières. Une question à la fois intentionnelle et accusatoire, qui contient implicitement un message : «vous auriez pu l’éviter si vous vous étiez vêtue d’une autre manière». Pour briser ce regard injustement braqué sur ces femmes, l’exposition «Comment étiez-vous habillée ?» a été initiée à Dakar. La violence sexuelle est un sujet tabou au Sénégal. Et il n’y a pas de données officielles, car la plupart des femmes ne la racontent pas par crainte d’être stigmatisées. Pour aider les femmes et jeunes filles victimes de viol, une exposition a été initiée à Dakar. Si le viol est un crime punissable de 5 à 10 ans de prison, la loi ne fixe pas pour autant d’âge minimum pour le consentement sexuel, explique Awa Tounkara, secrétaire exécutive de l’Association des avocats sénégalais. Dès lors, la seule loi largement appliquée au Sénégal est celle du silence. Embarrassées, victimes et accusées d’avoir provoqué leur bourreau avec leur habillement et leur comportement, la plupart des femmes et des filles ne le disent jamais à personne. La faute n’est pas la jupe Cependant, certains ont décidé de déchirer les clichés, en parlant de la marginalisation dont elles sont victimes. «Bonjour, je m’appelle Fatou, j’ai 20 ans et je suis étudiante en Sciences politiques à Dakar. J’ai eu le courage d’aller à la police et à l’hôpital. Je suis entrée dans une pièce où il y avait six personnes, le médecin m’a regardée et m’a dit : « déshabille-toi, couche-toi, ouvre les jambes ». Donc, sans plus, sans aucun contact, sans aucune humanité. Pensez-vous que c’est normal ? Le pire n’était pas qu’ils m’aient violée, mais la façon dont ils m’ont traitée à l’hôpital quelques heures plus tard. C’était horrible», a dit la jeune femme, sans élever la voix, devant un auditoire de plus de 200 personnes qui, après un silence teinté de terreur et toujours sous le choc, ont applaudi. C’était la première fois que Fatou parlait en public de ce sujet. Cela s’est passé lors d’un débat sur le viol, au Musée de la femme à Dakar, en octobre dernier. C’est d’ailleurs cette discussion qui a créé un climat de tension et de chaleur et qui a été la base de l’exposition «Comment étiez-vous habillée ?». Une exposition qui comprend des dizaines de témoignages poignants, accompagnés des vêtements que portaient les femmes ou les filles, lorsqu’elles ont été violées, pour dénoncer la tendance à blâmer les victimes de violences sexuelles pour les vêtements qu’ils portent. Et le témoignage de Fatou est loin d’être un cas isolé. Une exposition «militante» sur la question «comment étiez-vous habillée ?» «Ce n’est pas une exposition artistique, c’est une exposition militante», déclare Fatou Kiné Diouf, commissaire de l’exposition, au journal espagnol El Pais, précisant qu’elle a été adaptée au contexte sénégalais. «Cette initiative découle de la violence que cette question implique. Au Sénégal, il est nécessaire d’ouvrir le débat et de le déplacer vers l’espace public. L’installation laisse parler le vêtement, de façon très symbolique et révélatrice», poursuit Fatou Kiné. «Aucune femme n’est coupable de viol, aucune tenue vestimentaire ou attitude ne peut justifier une violation, et cette exposition en est la preuve», ajoute-t-elle. «Les discussions qui ont eu lieu sur les réseaux sociaux m’ont beaucoup inspirée. Il faut absolument en parler et nous voulons que le débat se poursuive. C’est pourquoi nous avons prévu des groupes de discussion sur le viol et l’assistance aux victimes de la violence. La culture du viol ne se détruit pas en changeant de vêtements, mais en changeant de mentalité, en prenant conscience et en éduquant», a-t-elle ajouté. Human Rights Watch évoque «encore» son rapport Aussi, en marge de cette activité et à quelques kilomètres du musée, l’Ong Human Rights Watch a, une nouvelle fois, présenté son rapport : «Ce n’est pas normal» sur l’exploitation sexuelle, le harcèlement et les abus dans les écoles secondaires au Sénégal. Un rapport qui a pourtant fait l’objet d’intenses critiques. «Une enquête qui rassemble les témoignages de 164 filles et adolescentes victimes d’abus sexuels et de harcèlement de la part de certains enseignants», confie l’Ong. Sidy Djimby NDAO jotaay.net

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