Hommage au président Abdoulaye Wade: père de la démocratie sénégalaise (Par Mouhamed Dia)

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Monsieur le Président, pendant que certains sont en train de vous répondre suite à votre sortie, je vais en profiter pour leur rappeler qui le président Wade est. J’en profite Monsieur le Président pour vous rendre un vibrant hommage, vous à qui j’attribue le titre du père de la démocratie sénégalaise.


Combien de mails, de tweets, de contributions, voit-on après la disparition d’un homme cher ? Nos écrans ne parlent que de ces défunts, cet hommage à titre posthume est quelque chose que nous avons tendance à voir de plus en plus. C’est comme si nous sommes pressés que quelqu’un disparaisse pour voir celui qui honore le mieux la mémoire du défunt. Pensez-vous que les morts ont besoin de ces hommages ? Nous devons avoir l’habitude d’honorer les grands hommes vivants de notre nation. Il faut honorer les vivants du Sénégal, de l’Afrique et du monde d’abord avant de leur rendre un hommage posthume. Je considère que ce que vous avez fait en tant qu’opposant est largement suffisant pour vous rendre hommage.
Monsieur le Président, je prie Dieu de vous donner une vie encore plus longue et surtout une santé de fer.

Monsieur le Président, j’ai quelques fois critiqué votre manière de gouverner, votre manière de faire et votre manière de voir les choses et c’est cela la démocratie. Émile de Girardin disait que « n’avoir pas le courage de son opinion, c’est n’avoir pas d’opinion. » Je vais vous dire pourquoi je rends hommage à ce grand homme, à ce troisième président du Sénégal et à ce panafricaniste. Le président Diouf était au pouvoir pendant 20 ans et le soir du 19 mars 2000, la première alternance politique prend place au Sénégal. L’heureux élu est l’adversaire de toujours du président Diouf, le président Abdoulaye Wade. Ce ne sera qu’en 1974 que Mamadou Dia fut libéré et durant cette même année, le Parti Démocratique Sénégalais voit le jour. Il a voulu faire de son parti un parti de contribution pour accompagner le président Senghor. Avec ce premier jalon vers la démocratisation de la sphère politique, les autres partis qui auparavant étaient clandestins comme le RND et le PAI vont voir le jour. Durant les élections de 1978, Senghor obtient 82 % des suffrages contre 17 % pour le président Wade. Il obtient ainsi 18 sièges à l’Assemblée nationale contre 82 pour le PS. Il a contesté les résultats sous prétexte qu’il n’y avait pas d’isoloir dans les bureaux de vote. La Cour suprême, ne statua pas sa demande. Les résultats sont officiels. Le 1 janvier 1981, après dix ans à la primature, le président Diouf succède au président Senghor. Le multipartisme voit le jour le 24 avril 1981 avec la modification de l’article 3.

Abdoulaye Wade disait aussi que Jean Colin « filtre, contrôle, dirige le gouvernement, annule des décisions prises en Conseil des ministres… c’est en réalité le vrai président de la République sénégalaise ». Il était la voix des sans voix et était prêt à mourir pour la démocratie de son pays. C’est ainsi qu’en 1987, il a dit qu’il n’allait pas se présenter aux élections de 1988 tant que le code électoral n’est pas modifié. Il change finalement d’avis pour l’amour qu’il porte dans son cœur pour le Sénégal et il se présente aux élections. Il aura une large coalition autour de lui et ils en ont profité pour exiger un nouveau code électoral comportant ces points : une neutralité absolue du président du bureau de vote, la présence d’un collaborateur de l’opposition dans chaque bureau de vote, le passage obligatoire des électeurs dans un isoloir, la prise en charge des dépenses électorales par l’Etat, le passage de la majorité de 21 à 18 ans, le droit de vote aux Sénégalais de l’étranger, une meilleure répartition du temps d’antenne pendant les élections dans les médias d’Etat, la non-subordination de l’armée au parti au pouvoir le jour des élections, des conditions normales de scrutin et la publication des résultats par bureaux de vote.

Le président Diouf reste inflexible face à cette demande et après les élections, le président Wade sera emprisonné à cause des débordements post-électoraux. À sa sortie de prison, après plus de deux mois, il demandera à la foule qui était prête à tout détruire, de rentrer calmement chez eux et de retourner à l’école. S’ensuit une audience avec le président Diouf pour discuter des problèmes économiques du Sénégal. Quatre postes ministériels seront acceptés par le président Wade, Ousmane Ngom, Jean Paul Dias et Amina Tall.

Finalement, un accord a été trouvé pour un nouveau code électoral, les dix points cites plus hauts et aussi ces points : l’utilisation d’encre indélébile pour éviter les votes multiples devient obligatoire, la fonction présidentielle est à présent limitée à deux mandats, la durée des campagnes électorales passe de 14 à 21 jours, les coalitions politiques sont dorénavant autorisées et le fait que les candidats bénéficient d’une immunité tout au long de la campagne électorale. Nous devons beaucoup aux membres de l’opposition et surtout au président Wade. Si le Sénégal est arrivé là où il est en ce moment, c’est à cause des batailles qu’ils ont menées pour les générations futures, nous. Nous devons leur rendre hommage.

Après avoir quitté le gouvernement de Diouf, les deux hommes se rencontrent encore pour plus consolider notre démocratie et le président Wade présentera quelques points comme condition d’entrée dans le gouvernement, ces points sont une réforme de la manière de travailler, un gouvernement avec moins de 20 ministres, les postes attribues à l’opposition doivent être des postes de contribution. Cette demande sera acceptée par le président Diouf et ils intègrent le nouveau gouvernement du président Diouf. Après des désaccords, ils ressortent du gouvernement et le président Wade s’exile en France. À son retour, il prépare une coalition pour face au président Diouf. C’est ainsi qu’il va faire tomber le mythe et devient président du Sénégal. Le président Diouf l’appelle et le félicite, quel autre grand homme !


Monsieur le Président, cela est un hommage de la part d’un citoyen sénégalais, qui vous remercie pour les sacrifices que vous avez fait pour la démocratie de notre nation. Ce que vous avez fait en tant qu’opposant est la fondation de notre démocratie. J’espère que les plus jeunes et ceux qui ne savaient pas votre combat en tienne compte et vous respecte conséquemment.  Sachez que les Sénégalais vous considèrent comme immortel. Longue vie à vous Monsieur le Président.


Mohamed Dia, Consultant bancaire

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