La politique au Sénégal : L’art de se payer la tête de la cité !

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Le plus perspicace des scénaristes au monde ne pourrait même, pas appréhender les différents scénarios qu’offre la pratique de la politique sénégalaise. Des tâtonnements aux revirements, de la transhumance à la trahison et les dénouements brusques et pitoyables. Les observateurs les plus avertis se perdent dans les nuées à vouloir décrypter ce labyrinthe que ne peuvent percer des yeux de lynx. Subtile est cette manie de se jouer du peuple ! Décryptage…

Les plus folles histoires d’amour et de fraternité s’effondrent en réalité, comme un château de cartes. Et les plus valeureux sentiments de militantisme et d’amitié se dénouent au gré du vent.

Sur la scène politique sénégalaise, force est de reconnaître qu’on ne sait plus qui est qui et qui fait quoi. Tout se passe dans un désordre indescriptible qui n’est compris que des acteurs. « Des alliances et contre-alliances se nouent suivant des intérêts individuels et dans un décor qui surpasse « Game of Thrones ». Les actes d’allégeance et serments de fidélité sont sacrifiés à l’autel des intérêts crypto-personnels.

Sur ce plan, la réalité dépasse la fiction car les règles du jeu ne sont pas claires et parfois les acteurs se permettent même de jouer à qui perd, gagne. Quelle que puisse être l’issue de ces aventures, tragique ou comique, les spectateurs sont tout simplement « Mdr » : Mort de Rire ou Mort de Regret », a expliqué l’analyste politique, Ababacar Gaye.

Reniements et parjures

Les promesses et engagements en politiques doivent être revêtus d’un caractère sacré, notamment en temps de campagne. Le dépositaire de la confiance du peuple qui l’aura choisi sur la base de ses engagements, doit suer sang et eau pour ne pas décevoir les espoirs, placés en lui. « En analysant bien ce à quoi nous ont habitués les politiciens, on est morts de regret de constater que la politique est un art de dédits et de revirements. Et, les artistes s’en acquittent à qui mieux mieux.

Nombreux sont, les hommes politiques qui, conscients du fait que le peuple ne les suit pas à la loupe, profitent de la moindre occasion pour le duper. Ce peuple électeur ne voit pas ses intérêts posés comme un préalable à toute décision », relève-t-il.

Dans le tumulte pré-électoral de 2011, le président Wade, dans le dessein de légitimer ce que beaucoup considéraient comme du « wax-waxeet », avait rappelé cette phrase célèbre qui sonna comme un mea culpa : « Les promesses n’engagent que ceux qui y croient ». Une mêlée générale s’en était suivie avec son lot de conséquences que personne n’ignore.

Malheureusement dans ce genre de situations, il y a toujours d’experts (juristes et communicants) qui, suivant leurs intérêts et de mauvaise foi, tentent de réconforter la position du politique (pouvoir comme opposition).

Ainsi, la science est-elle mise au service de l’homme politique et se ridiculise avec des spécialistes qui, bien qu’ayant appris la même chose, ne s’entendent que sur leur désaccord. « Pour sortir de son engagement maintes fois répété de faire un mandat de cinq ans, le Président Macky Sall a eu recours aux mêmes stratégies et institutions que son prédécesseur : le Conseil constitutionnel agit favorablement et les experts pro-gouvernementaux défendent et explicitent.

On est alors morts de regret de constater que ce qui a été fustigé hier, à travers des manifestations violentes, est aujourd’hui défendu bec et ongles. La légalité apparaît ainsi favorisée aux dépens de la légitimité et le Palais au détriment du peuple ! », regrette l’analyste.

De par leur attitude versatile, retient-il, les acteurs de la société civile n’ont rien à envier aux politiciens. D’ailleurs, rappelle l’analyste, les figures de proue du M23 sous le président Wade sont devenus tous ou presque de vrais politiques et se ravalent en cautionnant aujourd’hui, ce qu’ils dénonçaient autrefois. « Ils ne prennent plus part aux débats qui interpellent leur conscience citoyenne. Ces derniers prennent parti pour défendre tel ou tel. Quand certains s’approchent du pouvoir, d’autres s’en écartent et dans tous les cas, ils s’éloignent du peuple, dont ils furent les porte-voix », constate-t-il.

Beaucoup de journalistes d’investigation de renommée tels que Abdou Latif Coulibaly et d’autres comme Souleymane Jules Diop, dont la voix tonnait depuis le Canada pour dénoncer la mauvaise gestion et la gabégie ont réussi, l’énorme prouesse de jeter leurs plumes et micros pour devenir de vrais militants disciplinés.

Et pourtant, estime-t-il, les questions à aborder sont toujours d’actualité. Puisque, la société n’est pas encore guérie de ces nombreux maux qui l’étouffaient. « On se tait au risque d’être emporté par la loi du « Muut mbaa mott » (se taire ou dégager) qui a éloigné Idrissa Seck. Alors au vu de cette évolution, on en est tout simplement morts de regret de convenir avec le Premier Ministre Dionne, que les acteurs de la société civile sont des « politiciens encagoulés», conclut-il.

Mise en ligne par Abdou Aziz Sall

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