Le miracle des soirées de guérison

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EXCLUSIF MAG – Plusieurs paroisses mettent en place depuis quelques années des soirées de prière pour les malades et les personnes souffrantes. Des soirées qui donneraient lieu à des guérisons miraculeuses. Reportage à Melun et à Argenteuil.

Les bancs sont pleins à craquer. Le balcon du premier étage également. Les retardataires s’alignent le long du mur, au fond. La louange commence, rythmée par la musique du groupe Asaph. Ce dimanche soir de novembre, à l’église de l’Immaculée-Conception, à Melun (Seine-et-Marne), près de cinq cents personnes assistent et participent à la soirée Raphaël (Dieu guérit). Une soirée de prière pour les malades et les personnes qui souffrent.

Le Père Alain-Marie Ratti en est l’initiateur. « C’est l’Esprit Saint et la Vierge Marie qui m’ont embarqué dans cette merveilleuse aventure. » Il a lui-même bénéficié d’une grâce de guérison lors d’un pèlerinage à Medjugorje, en Bosnie-Herzégovine, il y a trois ans, confie-t-il, « cela a totalement chamboulé ma vie spirituelle, mon ministère ». De retour à Melun, avec l’aide de son évêque, Mgr Jean-Yves Nahmias, et d’autres confrères, il mûrit le projet de mettre son expérience au service de la parole du Christ. Le 13 mars 2016, naît la première soirée Raphaël, avec le « feu vert » du Père Guillaume de Lisle, curé du secteur, et la bénédiction de l’évêque. Ce dernier est ensuite venu en personne assister à celle organisée en mai.

« Nos soirées sont ouvertes au maximum, tout le monde peut venir, croyant ou non croyant. Venez, on ne vous demande rien ! », s’enflamme le Père Alain-Marie. Après une louange animée par le groupe de musique, a lieu la proclamation de la parole de Dieu, puis un enseignement. « Le sommet de la soirée », c’est l’adoration du Saint-Sacrement, explique le prêtre. « Je ne sais jamais ce qu’il va se passer, je n’en ai aucune idée. »

Le Père Alain-Marie est entouré d’une équipe d’une vingtaine de « serviteurs » : célibataires, couples mariés, diacres et prêtres, qui ont aussi un rôle important dans le déroulement et la réussite de la soirée. Cette équipe a à cœur de se former sur les guérisons. Il ne faut pas « servir l’Évangile n’importe comment, cela s’apprend, indique le Père. On est au service du Seigneur et des personnes présentes. »

« Jésus m’a sauvée »

Durant la deuxième partie de la soirée, lors de l’adoration, le recueillement est total. Le groupe Asaph accompagne la prière, ponctuée de moments de silence, avec des chants adaptés. Au micro, assis dans le public, des « serviteurs » mettent en pratique le charisme qu’ils ont reçu, celui de la parole de connaissance (1). Le prêtre, les yeux fermés, porte l’ostensoir à travers l’église. Il marche le long des bancs, le long des rangées. S’arrête. Une femme lui éponge le visage. Il repart. « Je reçois des “motions” spirituelles. Je n’avais jamais vécu cela ! Pour moi, c’est une découverte depuis un an et demi. J’avance, je recule, je vais à droite, à gauche, je “plaque” le Saint-Sacrement sur des personnes, ici ou là, où je me sens attiré. »

Dans l’assemblée, prient aussi ceux qui ont déjà été guéris à des soirées précédentes et qui viennent rendre grâce pour ce miracle. Arlette a 59 ans. Avant le 13 mars 2016, elle souffrait d’un « mal qui n’a pas de nom ». Ils seraient moins d’une dizaine dans le monde à être touchés par cette maladie. « J’avais des douleurs, des étranglements et une paralysie de la langue, du palais et de tout le côté droit de la gorge », confie cette femme au visage rayonnant. Elle ne pouvait plus s’alimenter, s’hydrater ni même parler. « Je dépérissais, il n’y avait pas de solution. » Elle dit avoir ressenti, deux jours après être allée à la première soirée Raphaël à Melun, une présence, et perçu une voix qui lui disait : « Tu es sauvée. » Les crises ne sont plus revenues, et elle a pu réapprendre à parler et recommencer à manger. Les médecins lui ont confirmé qu’elle était guérie, sans réussir à trouver d’explications. « Jésus m’a sauvée, je savais que j’allais mourir. C’est un mystère qu’il faut accepter », conclut-elle avant de reprendre sa prière.

Florien est plus jeune, il a 24 ans. Lui, il vient aux soirées Raphaël rendre grâce pour la guérison de son père qui était présent à celle de mai dernier. Celui-ci avait subi trois AVC en un an, le rendant paraplégique. Depuis sa venue en mai, il a retrouvé l’ensemble de ses capacités.

La prière pour les malades a toujours existé, mais il est vrai que l’Église semble la redécouvrir ces temps-ci.

D’autres guérisons auraient eu lieu, d’ordre psychique, affectif, social : une proposition de travail, la paix intérieure à la suite d’un viol, des grâces de libération, des réconciliations dans une famille, l’arrivée d’un enfant tant attendu… « La prière pour les malades a toujours existé, mais il est vrai que l’Église catholique semble la redécouvrir d’une manière renouvelée ces temps-ci, constate le Père Alain-Marie. À mon avis, c’est un bon coup de pied – spirituel – que Dieu nous met au derrière, pour nous dire qu’il faut, dans cette pastorale, se remuer dans son Église. »

Car le Seigneur donne en fonction des besoins de l’époque. Les soirées de prière pour les malades et leur guérison essaiment un peu partout. En Île-de-France par exemple, la paroisse Saint-Nicolas-des-Champs à Paris en anime tous les jeudis soir ; des soirées semblables ont également lieu à Neuilly-sur-Seine ; et à la basilique Saint-Denys d’Argenteuil, dans le Val-d’Oise.

À Argenteuil, ces soirées sont organisées depuis deux mois par le Père Guy-Emmanuel Cariot. Intitulées veillées Eleison, elles ont pour but de prier pour les malades, pour leur guérison, et pour la libération des âmes tourmentées, auprès de la Sainte Tunique du Christ. À la suite de l’engouement provoqué par l’ostension de cette relique entre le 25 mars et le 10 avril 2016, qui avait rassemblé plus de deux cent vingt mille personnes, le Père Cariot a réfléchi à la manière de « rebondir » sur cette dynamique. D’où, le 13 octobre dernier, la première veillée Eleison. « On s’est dit qu’il fallait se recentrer sur la Sainte Tunique qui est l’habit du chemin de croix, où se joue le salut du monde, explique-t-il. Il fallait prier pour ceux qui souffrent. Eleison, c’est le cri. On a envie de pousser ce cri, qu’il devienne une prière. »

Des signes concrets qui soutiennent notre foi

À Argenteuil, personne ne pratique le charisme de guérison, contrairement à Melun. Il est remplacé par la vertu propre de la Sainte Tunique. « Dieu Lui-même glorifie les reliques par les miracles qu’Il opère en leur présence », disait Saint Thomas d’Aquin. « J’espère que Dieu nous donnera des signes de sa puissance qui serviront à l’évangélisation. On ne fait pas des soirées de guérison pour guérir, mais dans l’attente d’un signe de Dieu et de sa puissance. On veut des signes concrets, cela vient soutenir notre foi », confie le Père Cariot. Car « ce n’est pas irrationnel, on suit Jésus ». Jésus qui a dit : « Guérissez les malades. » « Cela fait partie de notre mission », affirme le curé d’Argenteuil, qui prépare une deuxième soirée ce 1er décembre.

De telles soirées de prière peuvent provoquer de l’incompréhension, du scepticisme, voire de la peur, chez certains fidèles ? En guise de réponse, le Père Alain-Marie aime alors à citer sainte Bernadette de Lourdes : « Je ne suis pas chargée de vous le faire croire, je suis chargée de vous le dire. »

Clémence Barral

(1) Les charismes sont une manifestation de l’Esprit en vue du bien commun (1 Co 12, 7). Ainsi des paroles de connaissance : reçues de l’Esprit Saint pendant la prière, elles décrivent les guérisons que le Seigneur accomplit et les grâces qu’Il accorde. Des témoignages doivent ensuite venir confirmer ces paroles.

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