Le Ramadan et la pratique du football de haut niveau… des joueurs témoignent

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Comme chaque année, les musulmans jeûnent durant le mois du Ramadan. Parmi eux, de nombreux footballeurs de haut niveau qui doivent être capables de concilier cette pratique religieuse avec des activités physiques intenses. Ce qui n’est pas chose aisée.

Cette année, et comme depuis plusieurs saisons maintenant, le mois du ramadan tombe lors de compétitions importantes. Il y a quelque temps, ce mois sacré (le quatrième pilier de l’Islam) se déroulait en pleine Coupe du monde et surtout en plein été. Sur ce point, on peut dire que les joueurs de football sont un peu épargnés cette année. Si les horaires de coupure du jeûne sont encore relativement tardifs (le soleil se couchera au maximum aux alentours de 21h30), les températures devraient être beaucoup plus supportables que par le passé où certains joueurs devaient tenir sous des chaleurs avoisinant les 40 degrés. Mais toujours est-il que les exigences physiques du football professionnel – et encore plus celles des dernières années avec l’accumulation des matches – mettent le corps de ces athlètes de haut niveau à rude épreuve. Alors comment réussir à concilier pratique de haut niveau avec le ramadan pour ces sportifs ? Comment le vivent-ils ? Comment les clubs encadrent-ils les joueurs ? Comment sont-ils préparés physiquement ? Sont-ils capables d’être aussi performants qu’à leur habitude ? Voici autant de questions qui ont le mérite d’être posées.

Pour commencer, il y a une notion importante à prendre en compte lorsque l’on évoque le ramadan: l’aspect spirituel. Le ramadan est un mois béni, où les musulmans sont en parfaite harmonie avec eux-mêmes, où ils se sentent souvent mieux que le reste de l’année. Il n’est pas rare de voir des sportifs être bien dans leur tête et avoir parfois un supplément d’âme au moment de fouler les pelouses, ce qui réduit l’impact du jeûne pour l’organisme. Mais les impacts physiologiques existent bel et bien et ils sont inévitables. De quoi inquiéter les clubs qui alignent les joueurs concernés par le ramadan ? Nous allons justement découvrir comment est perçu le ramadan du point de vue des joueurs et des clubs tout en ayant l’éclairage d’une nutritionniste et d’un préparateur physique.

Le jeûne vu par le joueur

Dans le milieu du football, le ramadan peut être vu comme un sujet sensible, voire un peu tabou. Au-delà de l’aspect religieux et de l’intimité que cela incombe, l’idée même de ne pas boire ni manger, en tant que sportif de haut niveau, parait inimaginable, car cela peut causer bien des soucis. Ces soucis peuvent d’abord être physiques, ce qui influera forcément sur la performance. Et si cela influe sur la performance, alors il peut y avoir des conflits directs avec les clubs. Les joueurs eux-mêmes le savent, le ressentent et en ont surtout conscience. Lorsqu’ils jeûnent, ils s’attendent à être moins bien physiquement. « Physiquement, on est fatigué. On est humain donc forcément que l’on est impacté. Mais après, il y a la foi. C’est ce qui fait la différence. Mais c’est sûr qu’au niveau du rendement, c’est moins bien. On a toujours une période de fatigue. À mes débuts, quand je jouais en Italie, j’avais même fait un petit malaise », se rappelle Jamal Alioui, ex-international marocain passé notamment par le FC Sion ou encore Crotone.

Alors parfois, certains clubs n’hésitent pas à s’y opposer ou essayer de dissuader les joueurs. Si cela peut être très mal vu, car la religion relève du domaine du privé, il est aussi important de préciser que c’est aussi légitime pour les clubs de vouloir des athlètes à 100% de leur capacité. Et avec le ramadan, ce n’est pas le cas et c’est là où il peut y avoir des problèmes. « Moi je sais que j’ai pu le faire même si j’ai eu certaines tensions dans les clubs où j’étais. On jouait en Coupe d’Europe contre Galatasaray. Je jouais à Sion à l’époque avec le Tunisien Adel Chedli. Le directeur sportif va voir Adel et il lui dit : “les gars demain, c’est la Coupe d’Europe, avec le ramadan et tout… ça va être compliqué”, nous on lui a dit qu’il n’y avait pas moyen, on allait le faire. Le lendemain, je joue et je marque. Pareil contre Fenerbahçe, quelque temps plus tard où on nous a dit : “vous commencez à nous prendre la tête avec votre ramadan.” Au final, c’est Tareq Chahib qui marque », raconte Jamal Alioui.

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