LES MÉDIAS SONT-ILS FACILITATEURS OU ACTEURS PARTISANS ?

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Quels effets auront les nouvelles lois relatives aux données personnelles sur l’audiovisuel, sur les technologies de l’information et de la communication ? Quels effets auront les changements dans l’équipe ?

Du 25 juin au 1er juillet 2005, le Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest, en partenariat avec le Club de Veille pour la Paix en Afrique de l’Ouest, avait organisé, à Cotonou, un Forum des partis politiques, des médias et de la société civile en Afrique de l’Ouest sur le thème : « La construction de la paix et de la démocratie en Afrique de l’Ouest ».

Parmi les recommandations, on pouvait relever certaines concernant spécifiquement les professionnels de la communication et d’autres concernant leurs relations avec les partis politiques et la société civile (actes du Forum, pp. 134-137)

– Quand la lumière venait du Bénin –

Les participants avaient fait les propositions suivantes :

  • Utiliser les langues régionales de grande communication et former les journalistes dans ces langues ;
  • Créer des agences de presse régionales pour alimenter les médias de chaque pays en informations africaines et renforcer la PANA ;
  • Utiliser les nouvelles techniques de l’information et de la communication (NTIC) pour la promotion d’une information régionale ;
  • Encourager la couverture des conflits ou autres évènements par des journalistes d’autres que ceux en conflits ;
  • Rédiger au niveau régional un protocole sur le renforcement des capacités de la presse africaine et sur la protection des journalistes dans l’exercice de leur fonction ; demander aux médias de s’engager pour être garant de la pluralité de l’information, en donnant une place égale et juste aux différents acteurs sociaux : société civile et partis politiques, sans être partenaires inféodés à ceux-là ;
  • Créer un lieu de rencontres et d’échanges entre journalistes chevronnés et jeunes recrues pour améliorer la qualité du traitement et l’esprit de responsabilité ;
  • Renforcer les capacités des organes d’autorégulation et accroître la légitimité des organes de régulation en garantissant leur représentativité, en respectant l’esprit de la pluralité politique, etc. ;
  • Rendre viables les entreprises de presse, en imposant à tout entrepreneur privé des critères précis : capital, local, conditions de travail des salariés, nombre, et augmenter l’aide publique, sans autre condition que la représentativité, le poids et la régularité des médias ;
  • Elargir les règles aux radios communautaires afin qu’elles puissent faire de l’information générale ;
  • Signer des conventions collectives garantissant les droits des professionnels des médias

– Le miroir sénégalais –

Dans un document de la Commission Economique pour l’Afrique, datée de 2003 sur le thème : « Médias africains et technologies de l’information et de la communication (TIC) au service du développement », quelques pages consacrées au Sénégal donnent une certaine idée de la perception relativement favorable que des observateurs étrangers pouvaient avoir du Sénégal au début de la première alternance politique post indépendance (op. cit. 117). Ce regard est tout à fait différent de celui porté par Jacques Habib Sy dans son ouvrage datant de la même année et intitulé : « Crise de l’audiovisuel au Sénégal »

S’il fallait réduire la substance de cet ouvrage à une formule immédiate repérable, il faudrait la trouver dans le constat suivant : « il y a dans notre télévision nationale alimentée par nos sous et le labeur harassant et ingrat de tous les Sénégalais, trop de propagande politique, trop de la famille biologique et politique du chef de l’Etat, trop de parti pris d’une confrérie religieuse au détriment d’autres communautés confessionnelles, trop de discours et pas de résultats visibles palpables, trop de prosélytisme religieux, alors qu’il revient à l’Etat d’être impartial, de mettre tout le monde au travail et sur un pied d’égalité, et surtout, d’éviter de rompre les équilibres de stabilité de la Nation et du pays (l’accès équilibré de tous à la terre, aux richesses et aux opportunités, l’accès de tous à la couverture équilibrée des nouvelles et l’information, la juste rémunération du labeur paysan, l’équidistance que doit observer l’Etat entre toutes les confessions religieuses, la baisse des prix scandaleusement élevés du téléphone, de l’eau et de l’électricité : et surpriorité des priorités, l’accès des jeunes à des emplois réels et non fictifs tels ceux proposés sur le petit écran.

Comme la télévision nationale est muette, sur toutes les dérives sociales et bien d’autres beaucoup plus graves, voire terrifiantes, il est temps, encore une fois, de tirer la sonnette d’alarme. La Nation est malade, très malade. Les maux dont elle souffre sont aggravés par la télévision nationale à travers un dévoiement collectif des mœurs, dévoiement activement promu par des émissions télévisuelles qui sont une insulte à notre ethos collectif et à notre dignité, il est légitime de pointer du doigt la corrélation étroite entre tourisme sexuel qui a très gravement avili la dignité de nos jeunes garçons et filles à la fleur de l’âge,  mais pris dans le désœuvrement et le tournis de la prostitution, de la drogue, des « deals » à faire vomir, du trafic de jeunes filles à une échelle insoupçonnable, à travers des circuits parallèles protégés par la corruption ambiante. Ce n’est que de se promener dans Dakar et sa banlieue, de jour ou de nuit, dans les villes principales ou secondaires, les marchés hebdomadaires provinciaux et parfois jusque dans les villages reculés pour se rendre compte que l’élan de la Nation, son enthousiasme, voire son innocence, sa dignité, sa fierté se sont brisés par endroits dans des proportions gigantesques.

Prenons garde. Et expliquons-nous sérieusement dans la prise en parole, dans l’organisation collective et la mobilisation citoyenne. Il n’est pas tache plus urgente pour l’heure que la démocratisation du secteur audiovisuel. L’alternance qui s’est réalisée à la télévision a été dévoyée, détournée d’une trajectoire qui aurait pu (et là réside toute l’ambigüité du « modèle » sénégalais) être calée dans les aspirations populaires. Elle a déçu les attentes et l’espoir d’une nouvelle gestion de la gouvernance publique accoucheuse d’un sens plus aigu de la justice sociale et d’une répartition des richesses et des produits du travail.

Il se fait tard, il est important de le dire. Il est encore plus important de travailler à l’avènement d’une aube vraiment nouvelle. Une aube épurée des marchands d’illusions, des contrebandiers politiques et idéologiques tapis dans les rangs « civils » à des fins obscurément « citoyennes », mais déjà démasqués par le projet de contrôle politique dont ils sont porteurs. Le Sénégal a certainement atteint l’âge de la maturité démocratique malgré tout le chemin qu’il lui reste à parcourir et saura faire jeter bas les masques, tous les masques.

L’Etat devrait participer à cet élan généreux en assainissant le contenu de notre télévision, en la rendant plus « nationale », dans son contenu, plurielle et moins sectaire mais surtout davantage engagé dans la lutte pour une télévision démocratique réellement au service de tous et hautement soucieuse des valeurs de justice sociale, de transparence dans la gestion administrative et programmatique et d’équité dans le façonnement des messages politiques, sociaux, culturels et économiques. J.H.S, Dakar, mai 20à3 » (In Crise de L’audiovisuel au Sénégal, Dakar, 2003, p. 27-29).

La même année 2003, Sidy Lamine Niasse (Paix et salut à son âme) systématisait son itinéraire dans un ouvrage : « Un arabisant entre presse et pouvoir ». Il revient sur les acteurs, sur leurs constantes et responsabilités

« Depuis le magistère d’Abdou Diouf, l’Exécutif a souvent eu des rapports mi-figue, mi-raisin avec la presse privée. Pour se donner des périodes de grâce appréciables dans le contexte social explosif de l’ajustement structurel, les présidents Diouf et Wade ont eu recours à la subvention, à la presse (une pratique observée dans plusieurs pays de la sous région, sans doute, sous l’effet des contestations syndicales ou patronales du monde médiatique). Le montant de cette subvention dont l’utilité a encore été contestée par les patrons de presse reçus par le chef de l’Etat, laisse des zones d’ambigüité qui permettent au pouvoir d’entrer dans les bonnes grâces de la presse privée ou procéder à une stratégie distributive à géométrie variable. Cette stratégie ne représente donc pas encore un pas décisif dans le développement d’une véritable industrie médiatique solidement plantée sur ses deux jambes, l’une permettant un équilibre satisfaisant entre les exigences de liberté d’opinion et d’expression  et une objectivité non fébrile dans la couverture de l’actualité et des évènements, et l’autre, permettant au patronat national allié aux forces de son choix de mettre en place des industries de plus en plus spécialisées et rentables d’efficacité (dans la production indépendante, la production filmique, la production radiophonique, la production télévisuelle, théâtrale, le concert musical de nature philharmonique ou de show business au sens large, etc.) Cette recherche d’un équilibre interne par la presse elle-même et par l’Etat en coopération avec les forces privées qui contrôlent l’industrie médiatique encore dans l’enfance, sont les deux mamelles qui nourriront une industrie médiatique sevrée de tous les vices qui l’empêchent pour l’instant de s’assumer pleinement » (op. cit. p. 115-121).

– La situation a-t-elle changé depuis 2003 ? –

L’analyse du traitement des campagnes électorales permet d’apporter quelques éclairages.

Dans un numéro hors-série des Cahiers de l’Alternance, la Directrice du CESTI  Eugénie Rokhaya AW avait alors montré l’évolution de la presse (op. cit. p. 5).

Après l’étude menée en 2005, le CESTI a produit une seconde en 2016. Le Directeur d’alors, le professeur Ibrahima Sarr souligne :

« Concernant les médias au Sénégal, force est de reconnaitre qu’ils jouent un rôle éminemment important dans la société dont ils ne sont pas simplement un maillon, mais plutôt un levier de toute première importance. Ils sont des outils incontournables dans la promotion d’une culture de la démocratie. En se fondant sur l’histoire politique de notre pays, on peut dire, c’est dans les années 1980, que les médias ont commencé à jouer véritablement leur rôle. Même si les débuts de la presse dans notre pays datent de 1886 avec la mise en circulation du Réveil du Sénégal et du Petit Sénégalais lors des législatives de la même année et même si le pluralisme était de mise, cette presse était plutôt la traduction d’une longue lutte sociale au Sénégal.

Cette presse coloniale trainait de lourds handicaps. Elle était essentiellement d’opinion, au contenu politique fort marqué. Elle avait donc une mission de prosélytisme politique. Il s’y ajoute que cette presse était soutenue par des groupes d’intérêts économiques (les commerçants indépendants, les maisons de commerce marseillaises et bordelaises) ou raciaux (blancs, métis, autochtones). Et enfin la vie politique était limitée aux quatre communes et aux évolués, ce qui limitait l’influence de cette presse. Après la Constituante de 1946 et l’élargissement de la vie politique au pays de protectorat, consécutivement à la loi Lamine Guèye en Mai 1946 (citoyenneté française), cette presse dans le cadre de lutte pour l’indépendance resta une presse de propagande.

Sous Léopold. S. Senghor (1960-1980), les médias n’ont pas assuré le rôle de promoteurs de la démocratie. Le journaliste était perçu comme « agent du développement » en raison d’un facteur éxogène : « la théorie de la modernisation », développée par des chercheurs américains dont Daniel Lerner et Wilbur Schramm. Pour ces derniers, on peut s’appuyer sur des médias pour développer les pays du Tiers-monde, tout au long des années 1960, l’UNESCO s’est fait le relais de ce paradigme dans les pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine. En outre avec le parti unique de fait et la mise en place de procédures autoritaires par le président Senghor, les médias publics étaient sous haute surveillance. Un contrôle s’exerce sur la radio, en raison du rôle important qu’elle joue dans les crises politiques : éclatement de la Fédération du Mali, crise au sommet de l’Etat, Mai 68 à Dakar. La radio devient un moyen de justification et de légitimation du pouvoir. Quant à la presse d’opinion de l’opposition, elle est réduite à la clandestinité alors que les journaux privés d’informations générales – Afrique Nouvelle, Africa, le Politicien, Promotion, se sont heurtés à l’humeur du président Senghor.

C’est depuis le milieu des années 1980 que les médias sénégalais ont commencé véritablement à jouer le rôle de promoteurs de la démocratie en raison du multipartisme intégral, de l’émergence d’une presse privée dynamique, professionnelle, équidistante du pouvoir et de l’opposition, de l’ouverture du paysage audiovisuel et de l’introduction du wolof – langue parlée par 80% de la population sénégalaise – dans le traitement de l’information.

Le Sénégal a connu sa première alternance politique le 19 mars 2000, avec l’arrivée d’Abdoulaye Wade au pouvoir. Il ne nous semble pas utile de revenir sur la contribution des médias à cet évènement historique du Sénégal postcolonial. Ce qu’il faut noter est qu’après la lune de miel, près de trois ans après l’alternance, le président Wade (2000-2012) n’était plus d’humeur à supporter la liberté de ton d’une presse qui dénonçait sa gestion autoritaire du pouvoir et le non-respect des promesses électorales. Il est vrai que les dérives de la presse privée ont permis au pouvoir politique de s’acharner sur elle. Il est encore tôt de faire le bilan de l’évolution des médias sous Macky Sall, au pouvoir depuis 2012.

La presse sénégalaise, au cours de la dernière décennie, a beaucoup perdu de sa qualité. Elle sombre parfois dans une sorte de « journalisme grand-place » (ce qui fait la part belle aux rumeurs) et s’implique de plus en plus dans les luttes politiques et économiques. Mais quelles que soient leurs imperfections, les médias sont indispensables à toute société démocratique. On doit les aider à assumer leur rôle dans le cadre de la démocratie, en mettant l’accent sur la formation et la responsabilisation des journalistes. Ceux-ci doivent aussi favoriser un accès démocratique à l’espace public en « élargissant le cercle de la parole ». Mais, il faut aussi plus de responsabilité chez les hommes politiques : ne pas instrumentaliser les médias, donner les coudées franches aux médias du service public, ne pas sombrer dans la spectacularisation de la communication politique, ne pas céder à la « dictature de l’urgence » ou de la pression de l’information et de l’évènement. Car le temps médiatique et le temps politique n’ont pas le même régime d’historicité ; enfin les politiques doivent revaloriser leur rôle, qui est d’agir sur la réalité. Des vœux pieux ! »

Dans cette même livraison, on peut lire : « Zapping sans limite : Les investisseurs dans le domaine audiovisuel sont à Dakar pour l’essentiel. On y dénombre plus d’une vingtaine de chaines de télé, en attendant le numérique ».

Sud quotidien n° 7698 du 11 Janvier 2019 a récemment fait le point sur l’utilisation des TIC par les candidats les plus en vue à l’issue du premier filtrage basé sur le parrainage béni par le gouvernement et la majorité présidentielle. Il s’agit de la guerre des réseaux sociaux, Idy, Sonko et Karim, … la toile en mire

Karim Wade est dans la bataille, Idrissa Seck est très présent sur les réseaux sociaux. Macky serait suivi par 1 221 000 internautes, sur FaceBook et Twitter, Madické serait en communion avec 16 678 internautes, Khalifa Sall avec 313 506 internautes, Issa Sall avec 4 264 internautes, O. Sonko est une véritable icône sur FaceBook

La nuit du 31 Décembre 2018, a été l’occasion de vérifier des tendances fortes.

– Zoom sur 2019 –

Le président de la République, candidat, à sa propre succession non seulement a présenté son bilan, mais s’est offert, par le canal du médium public, qu’est la RTS, un face-à-face prolongé avec la presse avec des risques mesurés. Ses réponses aux questions délicates vont édifier beaucoup de Sénégalais sur sa vraie nature. Sur d’autres plateaux, le zapping aidant, on a pu déceler d’autres préférences : ainsi la 2STV n’a pas manqué d’avoir un invité spécial, Ousmane Sonko, leader du Pastef présent sur le terrain et sur les réseaux sociaux, d’autres chaines, comme TFM, ont organisé des tables rondes avec des représentants des différentes forces politiques. Mieux, un des PDG de groupe de presse, en l’occurrence Elhadj Ndiaye de la 2 STV, a été bien inspiré pour dire que « celui qui va gagner lors des prochaines élections sera confronté à des problèmes complexes ».

Quels effets auront les nouvelles lois relatives aux données personnelles, sur l’audiovisuel, sur les technologies de l’information et de la communication ?

Quels effets auront les changements dans l’équipe du Conseil National de Régulation de l’Audiovisuel ? L’avenir nous édifiera.

#Enjeux2019

Babacar Diop Buuba est universitaire, professeur titulaire de classe exceptionnelle en Histoire ancienne à l’Ucad. Il a été exclu dès les premières réunions du Mouvement pour la Libération des Femme (MLF) en France dans les années 80, comme d’autres militants curieux. Babacar Diop Buuba a participé dans la même période à un séminaire des femmes à Thiès comme unique participant masculin. Il a récidivé dans les années 90 à Capetown dans le cadre du GEO (Gender Education Office de l’ICAE, le Conseil International d’Education des Adultes.

Ténk ci wolof

Yeenekaay ci politig bi

Ñu bare xam nañ ne politig, li ko lal, moodi jumtuwaayu jokko : moo xam ci géew, ci baye, ci rajo, ci surnaal, ci telewisoŋ ak yenen yu bees, mel ni ki internet, maanaam  jokkoo bu gaaw ci biir  ak ci biti

Waaye leer na ni jumtuwaay yooyu de, xaalis, xam xam ak mën mën ñoo koy maye. Rax ci dolli danuy suuxët mbaa xëccaale jikkoy réew yi ňu joge, réew yi nuy jaar, ak reew yi nuy teer.

Kon boog, ku farluwul, doo mën dékku dooley jumtuwaay yu bees yi.

Réewi Afrik  yi, ñoo géna sonn, ndaate seeni làkk yu bare, ñoo ngiy raaf, linu leen di xëpp bes bu ne, bare na, te tuur lëndem bare na, ci li nu yakkal, sedd leen ci.

Yeen saay, nu nëxel seen xel, ak xol, ngir waññi seen doole ;  looloo tax ñiy jàngal gone yi, ak di dimmale mag ñi, war nan yokk seen xam xam, ak mën mën, ngir jariñoo fent jumtuxwaay, ngir aar seeni mbokk.

Am na woykat yi, tëggkat yi, fentkay nu def lu am solo, ngir saxal jàmm, mbaa xiir doomi réew mi ci ngor, fulla ak faayda. Yeeneekay, degg la, bare nan, te wuute. Seeni boroom bokku nu gis gis.

Parparloo feeñ na ci, am dumóoyu baadooloo yi, njaay doolé yi, am sax  ñuy satle nootkat yi. Ba tax na jaambur yi, ñoo wara yeewu, mëna ràññe, ngir tànn li am solo, ngir baña reccu, topp li leen amal njariñ, amal njariñ mboolo mi, askan wi.

 Baabakar Joob Buuba

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