Les Sénégalais face aux accidents : Filmer d’abord, secourir après !

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Face aux accidents de la circulation, les Sénégalais ont fini d’inverser les priorités. Une bonne partie des témoins commence à filmer avant de penser aux victimes.
S’il fallait appliquer la loi portant non-assistance à personne en danger, une bonne partie des Sénégalais se retrouverait sans doute derrière les barreaux. De nos jours, le premier réflexe des témoins, lors d’un accident, consiste à prendre des photos pour les poster sur les réseaux sociaux, au lieu de s’occuper de l’état de santé des victimes.
Aujourd’hui, la course à l’information fait que chacun veut être le premier à publier. Quitte à se regrouper autour des blessés et barrer la circulation. Et pourtant, ce type de comportement peut coûter cher. La preuve par les propos d’un témoin d’un accident qui s’est produit ce jeudi matin sur la route de l’aéroport Léopold Sédar Senghor, à hauteur du stade Léopold Sédar Senghor.
«Je suis tombé sur l’accident. Un camion frigorifique a heurté le rétroviseur de la voiture d’une dame qui était stationnée sur le trottoir. Au moment de faire le constat, un autre camion frigorifique, qui roulait à vive allure, a heurté de plein fouet la voiture de la dame, avant de l’écraser. Deux autres personnes ont aussi perdu la vie : il s’agit de l’apprenti d’un minicar et d’un gardien de la Sagam. Mais ces deux derniers n’étaient pas morts sur le coup. C’est par la suite que j’ai essayé de les sauver, parce que l’une des victimes était sous le camion frigorifique. J’ai demandé de l’aide aux gens, mais personne n’a réagi, car ils étaient là à prendre des photos et des vidéos. C’est déplorable», a condamné un témoin des faits.
L’acte des spectateurs qu’il qualifie de «reporters d’images» est également déploré par un agent des services de secours. Selon ce dernier, lorsqu’un accident se produit, les gens s’empressent toujours de filmer.
«Lors de nos interventions, nous trouvons sur place des amateurs qui jouent aux journalistes. Ils prennent des photos et des vidéos pour le buzz”, regrette-t-il.
Cet interlocuteur a encore en mémoire une scène qu’il a trouvée choquante. “Le film qui m’a le plus marqué, c’était lors d’un accident à Thiaroye où un camion avait écrasé une femme enceinte et qu’elle se trouvait sous le gros-porteur. Et qu’au même moment, les gens filmaient», s’indigne-t-il.
Le rôle du premier témoin d’un accident  

Cette attitude ne se limite pas à des accidents de la circulation. En 2014, la chanteuse sénégalaise, Queen Biz, a eu un malaise au milieu d’une prestation à Fatick. Après l’avoir évacuée dans un bureau, au lieu de l’aider à récupérer, certains se sont mis à filmer, alors qu’elle était étalée sur un canapé, presque inconsciente.

Selon le sociologue Dr Abdourahmane Kane, tout ceci fait partie des conséquences des réseaux sociaux. «Est-ce que les gens prennent en compte la famille des victimes qui, après le choc, peut voir ultérieurement les images ?», se demande-t-il, rappelant au passage que ces images peuvent traumatiser les proches dans le futur.
Contacté par Seneweb, un expert en secours rappelle les fondamentaux. «Un témoin doit être en mesure de faire la première intervention avant les secours. Cela ne veut pas dire toucher la victime, mais plutôt baliser la zone».
D’après le secouriste, les témoins éventuels ne doivent pas croiser les bras ou prendre des images. Car, explique-t-il, il existe parfois des situations où si le témoin ne réagit pas, le risque de décès peut augmenter.

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