LOI DE L’IMPÉRIALISME FRANÇAIS SUR LE CFA-ECO : VERS UNE 3ème DÉVALUATION !

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L’impérialisme français vient d’annoncer que « le Gouvernement français a adopté le projet de loi entérinant la fin du franc CFA ce mercredi en Conseil des ministres…(lequel) découle de l’accord conclu fin décembre par Paris et les États de l’Union monétaire ouest-africaine (en actant) la transformation du franc CFA, qui deviendra l’Eco en maintenant la parité fixe avec l’Euro ainsi que la fin de la centralisation des réserves africaines de change auprès du Trésor français ».

Cette loi que le parlement français doit voter gomme d’un trait de plume la présence au sein du conseil d’administration de la BCEAO d’un « blanc » avec droit de veto pour la France et baptise allègrement le CFA du nom ECO volé à la future monnaie commune de la CEDEAO.

D’abord baptisé en 1945 franc des colonies françaises d’Afrique, puis en 1962 communauté financière africaine, le CFA fut institué comme monnaie « panafricaine » des colonies puis des néo-colonies françaises d’Afrique de l’ouest et d’Afrique centrale plus les Comores en obligeant les Etats africains à déposer dans un compte du trésor français 50 % de leurs réserves de change et en imposant la parité fixe d’abord avec le Franc Français, puis l’Euro.

Ce passage du Franc français à l’Euro s’est soldé pour les pays du pré-carré françafricain par deux (2) dévaluations du CFA : La première de 100 % en 1994 suivie d’une seconde passée quasi totalement inaperçue avec la fixation d’un Euro équivalent à 6.55957 FRF le 1er janvier 1999. En effet, le passage à l’Euro a été de fait une dévaluation du franc français qui a entraîné automatiquement une dévaluation du CFA en raison justement de l’arrimage qu’est l’imposition de la parité fixe entre les deux monnaies.
L’impérialisme français est confronté à la fois au rejet de plus en plus fort de sa mainmise monétaire sur son pré-carré néocolonial panafricain qui a deux mamelles : UEMOA/BCEAO et BEAC.

La rébellion de la jeunesse militante patriotique s’attaque de plus en plus ouvertement à la dépendance monétaire, économique et politique qu’inflige l’impérialisme français à ses ex-colonies d’Afrique de l’ouest et centrale. Partout fusent les revendications : « France, dégage du CFA », « Auchan, Carrefour, dégagent », « Bases et interventions militaires françaises, dégagent », « Total, Areva, Orange, Multinationales française, dégagent », et même « Aide, dette, coopération françaises, dégagent ».
Le président français, Macron, et ses valets des néo-colonies sont de plus en plus le dos au mur : comment refaire aujourd’hui ce que De Gaulle, Mesmer et Foccard ont fait dans les années 60 pour céder les attributs visuels de la souveraineté politique (drapeaux, hymnes, présidents et parlements « indigénisés ») tout en gardant la main par le biais des « accords de coopérations » sur la monnaie, les richesses du sol et du sous sol, en un mot l’économie. C’est à cette équation que répond le projet de loi changeant le nom du CFA en ECO.

Il n’y a donc rien de neuf sous le ciel avec cette annonce humiliante du 21 décembre 2019 que l’on peut résumer ainsi : décolorer le conseil d’administration de la BCEAO, rendre volatile la centralisation des dépôts au trésor français, voler le nom ECO tout en gardant l’arrimage de la parité fixe à l’Euro enrobé du mythe de la soi-disant « garantie française ». Il s’agit simplement de tuer le CFA mais, comme l’hydre à plusieurs têtes, de le ressusciter sous le nom volé ECO en le dépoussiérant de ses oripeaux “français” trop visibles.

Par la concession des « indépendances » dans les années 60, l’impérialisme français avait réussi à éviter que ses colonies subsahariennes ne prennent le chemin de la lutte armée du Vietnam et de l’Algérie et à isoler la Guinée du NON pour emprisonner les futurs Etats africains, après avoir assassiné les leaders véritablement indépendantistes et massacrer les révoltes populaires, dans des institutions panafricaines néocoloniales comme les zones CFA métastases de ses deux empires coloniaux panafricains de l’AOF et l’AEF.
C’est ainsi que l’impérialisme français a prolongé pour 60 ans sa domination néocoloniale quasi-exclusive en se payant le luxe d’une servitude volontaire des gouvernants africains inféodés.

L’opération CFA/ECO a pour objectif d’utiliser l’UEMOA comme cheval de Troie pour tuer le projet CEDEAO d’une monnaie commune sans la France. C’est terrible que face à ce crime en cours, certains se laissent piéger par l’arnaque du préalable des “dimensions techniques” agitées par de prétendus experts mettant en avant « l’inexistence ou l’insuffisance des critères de convergences » permettant le passage sans la France à l’ECO CEDEAO. C’est une posture pseudo-intellectualisante que l’Afrique de l’actuelle seconde phase de libération nationale doit rejeter fermement car le choix est clair : ECO CEDEAO sans la France contre ECO/CFA avec la France.

Une fois assurée l’indépendance monétaire panafricaine sans l’impérialisme français, l’Afrique pourra ensuite affronter les difficultés techniques pour les surmonter et les vaincre. C’est à ce niveau et seulement à ce niveau que les « experts monétaires » pourront apporter leur expertise utilement pour l’Afrique et par l’Afrique souveraine. Le contraire reflète la position de l’esclave qui refuse la liberté pour rester dans l’esclavage ou pour citer Sékou Touré en 1958, il faut “préférer la liberté à l’esclavage” quelles que soient les difficultés.

Comment ne pas remarquer que certains « experts monétaristes » et parfois monétairement stipendiés par l’impérialisme français voient la paille dans les yeux de la CEDEAO mais ne voient pas la poutre dans les yeux du CFA/l’UEMOA en ce qui concerne les fameux « critères de convergences ». Quels “critères de convergences” a pris en compte l’impérialisme français pour gérer à son profit les deux zones CFA et les Comores ? Il suffit de poser cette question pour voir toute l’absurdité de principe de primauté de l’économique sur le politique que recèle cette réticence apatride non assumée à soutenir l’ECO CEDEAO sans la France contre l’ECO CFA avec la France.

En outre, même la comparaison entre pays de la zone CFA et pays africains ayant leur propre monnaie invalide totalement les prétendus « avantages » que d’autres attribuent mensongèrement aux néo-colonies monétaires françafricaines du CFA. Tout le monde se rend compte que si les pays africains ayant leurs propres monnaies nationales demeurent sous développés, il en est de même des pays prisonniers du CFA, mais certains des pays à monnaies nationales font mieux que les néo-colonies du CFA.
Il faut aussi savoir que la manœuvre attrape-nigaud de l’impérialisme français sur le CFA/ECO prépare aussi en réalité une troisième dévaluation. En effet, l’actuelle taux de parité fixe CFA/Euro devient de plus en plus intenable en raison même de l’affaiblissement de l’impérialisme français qui perd ses parts de marchés en Afrique même, mais aussi sa force économique dans l’UE et à l’échelle du capitalisme mondialisé.

 

A défaut de dévaluer l’Euro face aux autres monnaies internationales (Dollars, Livre Sterling, Yen, Yuan, Rouble), ce que les « monétaristes » européens et surtout allemands ne veulent pas, il est clair que la dévaluation CFA/ECO est une variable d’ajustement que permet la parité fixe CFA/ECO et Euro pour obtenir à coûts bas pour les monopoles capitalistes européens les OPA en cours sur les économies nationales de l’UEMOA par le biais des privatisations.

Rappelons que la dévaluation de 1994 a précédé la vague des privatisations qui ont permis l’accaparement par les firmes transnationales, notamment françaises, des secteurs des télécommunications, de l’eau, des chemins de fer, ports, aéroports, électricité dans les pays de la BECEAO et de la BEAC. A y regarder de plus près au Sénégal par exemple, seul la Senelec avait échappé à la privatisation grâce à la formidable combativité d’alors, aujourd’hui perdue, du syndicalisme des électriciens.
Le processus de déclin n’est pas propre au seul impérialisme français. Il est général à l’impérialisme Occidental (USA, UE, Japon, Israël). L’hégémonie séculaire des puissances impérialistes Occidentales prend l’eau de toutes parts et la pandémie actuelle du covid 19 en est, non seulement un révélateur, mais aussi un accélérateur.

C’est cette décadence qui renforce la nature parasitaire et usurière de l’impérialisme états-unien, européen et français. D’où leurs agressivité barbare sur les plans économique, culturel, politique et militaire. C’est cette décadence qui est à la base des APE (accords de partenariat économique) et des guerres d’occupation militaire du Sahel et de l’Afrique pour offrir au rabais l’exclusivité de l’accès aux ressources naturelles, aux marchés et à la main d’œuvre sous payée africaines aux Monopoles capitalistes des USA, de l’UE et d’Israël.

Plus que jamais,le mouvement ouvrier, démocratique, patriotique, populaire et panafricain doit :
- exiger la fin totale du CFA/ECO, un référendum pour sortir la France du CFA/ECO,
- soutenir, comme étape vers une monnaie souveraine africaine, l’ECO/CEDEAO,
- rejeter les APE, les “accords de coopérations” léonins, les diktats libéraux du FMI, de la Banque Mondiale, la présence militaire française et étrangère pour la remplacer par une alliance militaire panafricaine contre le terrorisme,
- et remettre au centre des luttes la RENATIONALISATION des secteurs stratégiques des économies nationales.Mai 2020

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