Monsieur le Président, celui qui paie les violons choisit la musique ! (Par Mouhamed Dia)

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De 2012 jusqu’à nos jours, le Sénégal a reçu 1417 millions de dollars des Etats Unis, soit 821 milliards 293 millions 200 mille F CFA.

Le personnage de « Guélawar » dans le film d’Ousmane Sembène disait que cinq doigts tendus, c’est quémander. Il nous disait aussi que Birima Maxuréja Demba Xolé Fall, plus connu sous Kocc Barma Fall disait que « si tu veux enlever à une personne sa dignité et son humanité, donne-lui chaque jour de quoi se nourrir ; à la longue tu feras de lui un animal ».

Nous analyserons le paradoxe entre le fait que les membres de notre gouvernement clament haut et fort que nous sommes un Etat souverain et le fait qu’ils s’agenouillent devant les pays industrialisés pour quémander. La souveraineté chez nous, a-t-elle le sens global qu’elle devait avoir ou l’avons-nous changée pour qu’elle ait un sens opportuniste ? Dans cette tribune, nous étudierons le cas de l’aide reçu des Etats Unis d’Amérique.

Ils clament haut et fort que nous sommes un Etat souverain

L’homme qui a passé 19 ans au côté de Wade, dont 11 dans l’opposition et 8 au pouvoir disait que nous proposons une refondation de la république à partir des principes de séparation des pouvoirs, de justice sociale, d’une gouvernance sobre, efficace et vertueuse et de l’état de droit. C’est tout l’inverse de ce qui se passe aujourd’hui. Il n’y a qu’à voir à quel point la corruption a été érigée en système dans cette campagne pour essayer à tout prix de m’empêcher d’en sortir victorieux. »

Quand un groupe de travail des Nations Unies s’est prononce sur la détention arbitraire de Karim Wade, le garde des Sceaux de l’époque disait que « l’Onu n’est pas un tribunal. L’Onu ne juge pas. Le Sénégal est un Etat souverain. Ce sont les institutions judiciaires du Sénégal qui prennent les décisions. Une décision a été prise par la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI) le 23 mars… »

Ismaila Madior Fall, actuel garde des Sceaux disait que « sur les questions de procédure, la Cour s’est prononcée. Mais sur les questions de fond, la Cour ne s’est pas prononcée. La Cour de justice de la CEDEAO reconnait qu’elle ne peut pas remettre en cause les lois nationales. Donc, là, il n’y a aucun impact ».

Quand le rapport secret de la Banque mondiale qui semblait prouver l’absence de liens financiers entre Karim Wade et Bibo Bourgui, Seydou Guèye, secrétaire général et porte-parole du gouvernement disait que la Banque mondiale n’a aucune compétence judiciaire et n’est pas habilitée à incriminer ou à blanchir un accusé. Karim Wade a été condamné et la procédure judiciaire au Sénégal est terminée. »

 Guélawar, nous tendons toujours les cinq doigts

USAID

Saviez-vous que les États-Unis sont le plus grand partisan de l’aide agricole au Sénégal ? Au cours de l’exercice 2016, les États-Unis ont dépensé 189 millions de dollars en aide au Sénégal, dont 51,2 millions de dollars destinés à l’agriculture. Selon le rapport de l’USAID, ces aides sont en cours au Sénégal :

Programme de développement agricole 2011 – 2016

Ce programme de 40 millions de dollars de l’USAID visait à atténuer l’insécurité alimentaire au Sénégal.

Nourrir l’avenir : Naatal Mbay 2014 – 2021

L’objectif principal de ce projet est d’accroître la productivité des petits agriculteurs. À partir de l’exercice 2016, Naatal Mbay a augmenté capacité de 67 921 personnes à améliorer les pratiques agricoles et à accroître l’accès de 2 515 agriculteurs et 18 508 producteurs de riz et de maïs pluviaux aux données relatives aux précipitations.

Cultiver la nutrition 2017 – 2022

Cultiver la nutrition est un programme quinquennal de 40 millions de dollars.

Projet de politique agricole du Sénégal (PAPA) 2015 – 2018

Ce projet travaille en partenariat avec le ministère sénégalais de l’agriculture. Il vise à augmenter l’efficacité et l’expertise au sein du ministère pour une meilleure gestion de la politique agricole.

Cependant, l’agence nous dit que pour l’exercice de 2019, les Etats Unis veulent réduire l’assistance au Sénégal de 47%, y compris une réduction de 56% du soutien à l’agriculture. L’agence poursuit et dit que « Les États-Unis sont l’un des rares donateurs à s’occuper du conflit [Casamance] et ses conséquences. Nous pensions que le conflit se calmait, mais si les donateurs se retirent, il pourrait se rallumer. USAID est considéré comme un leader au Sénégal. Une réduction de l’aide diminuerait les dépenses américaines et l’influence dans le pays et ont des impacts plus larges sur la coordination des donateurs. »

Millennium Challenge Corporation (MCC)

Pour recevoir de l’aide d’une manière intégrale sous cette entité, il faut avoir la moyenne sur plusieurs points étudiés par le gouvernement américain sur le sol du pays qui se dit souverain. Pour l’année en cours, voici le score projeté pour le Sénégal :

Pour la politique fiscale, le Sénégal a eu 34%, pour la parité dans l’économie, le score est de 49%, pour l’accès au crédit, le score est de 23%, pour le taux d’achèvement de la scolarisation des filles, le score est de 30%. Pour tous les autres points comme la santé des enfants, la protection des ressources naturelles, le taux de vaccination, l’inflation et les domaines de la justice, le Sénégal a eu un « bon score » basé sur l’analyse faite à la base d’information reçue des institutions internationales et leur manière de calculer ces taux.

Le Conseil d’administration du Millennium Challenge Corporation (MCC) du gouvernement américain a approuvé le nouveau pacte pour l’alimentation au Sénégal, doté de 550 millions de dollars sur cinq ans, visant à accroître la fiabilité et l’accès à l’électricité, à soutenir la croissance économique et à réduire la pauvreté. Le gouvernement du Sénégal contribuera à hauteur de 50 millions de dollars supplémentaires au pacte afin de stimuler la croissance économique et les progrès, portant le programme total à 600 millions de dollars.

Le Sénégal a reçu de MCC 171 730 556 millions de dollars pour le projet de réhabilitation des routes. Le projet est conçu pour relier les principaux centres de population et les zones de production agricole grâce à la réhabilitation de 372 km sur deux des corridors de transport critiques du Sénégal : la route nationale 2 (route nationale 2 ~ RN2) dans la région de Saint-Louis et la route nationale 6 (Route Nationale 6 ~ RN6) en Casamance.

Les autres montants reçus du gouvernement américain en 2017 :

Durant l’année 2017, le Sénégal a reçu des agences américaines la somme de 167 834 972 millions de dollars soit 97 milliards 277 millions 149 mille 771 FCFA répartis ainsi :

Santé : 63.291.856 millions de dollars

Frais administratifs : 28 250 757 millions de dollars

Agriculture : 22 679 702 millions de dollars

Bonne gouvernance : 19 610 049 millions de dollars

Education : 14 578 188 millions de dollars

Assistance de base : 10 265 123 millions de dollars

Aide humanitaire : 2 788 940

Aide pour la croissance économique : 955 238 millions de dollars

Les infrastructures : 711 375 millions de dollars

Divers : 4 703 744 millions de dollars

En 2012, le Sénégal a reçu 147 millions de dollars, en 2013, 212 millions de dollars, en 2014, 272 millions de dollars, en 2015, 318 millions de dollars, en 2016, 189 millions de dollars, en 2017, 168 millions de dollars et en 2018 pour l’instant, 111 millions de dollars (pour les deux dernières années, on constate que la politique du nouveau président américain vise à diminuer l’aide étrangère). De 2012 jusqu’à nos jours, le Sénégal a reçu 1417 millions de dollars des Etats Unis, soit 821 milliards 293 millions 200 mille FCFA.

 Vivons-nous dans le déni ?

Dérivé du latin médiéval superanus qui dérive du latin classique superus « supérieur », la souveraineté désigne la supériorité du pouvoir sur une zone géographique ou sur un groupe de peuples vivant en communauté.

Quand les membres de notre gouvernement nous parlent de souveraineté, font-ils juste allusion à la population sénégalaise et non envers les pays donateur ?

L’aide, a-t-elle pour objectif de nous aider à nous développer ou plutôt freiner notre développement ?

L’aide, a-t-elle déjà développé un pays peu importe le continent où le pays se situe ?

L’aide, ne permet-elle pas aux pays donateur de nous imposer leurs politiques ?

Maitrisons-nous notre politique de développement avec cette aide à caractère néo-colonialiste ?

Nous ne sommes pas un pays souverain tant que nous comptons sur les aides étrangères.

Avec ces aides étrangères, le Sénégal peine à décoller, les Sénégalais peinent à trouver des emplois, la moitié de la population vit dans la pauvreté, il n’y a pas assez d’hôpitaux, nous disposons toujours d’abris provisoires, l’insalubrité est partout, la violence est galopante, la corruption, n’en parlons même pas.

Quelle sera notre situation si un jour nous ne bénéficions plus d’aides étrangères ?

 Monsieur le président, celui qui paie les violons choisit la musique.

Mohamed Dia, Consultant bancaire

Email : mohamedbaboyedia@gmail.com

Bibliographie :

https://www.worldbank.org/

https://www.cia.gov/library/publications/the-world-factbook/

https://www.mcc.gov/

https://www.usaid.gov/

https://www.congress.gov/

https://www.afdb.org/en/

https://www.imf.org/external/index.htm

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