Niger: ce que l’on sait de l’attaque meurtrière d’Inates

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Après l’attaque survenue mardi 10 décembre au soir contre la garnison de cette localité située dans l’ouest du Niger, le président Issoufou est rentré en urgence et a convoqué ce jeudi un Conseil de sécurité.

 ■ La chronologie des combats

L’attaque se produit mardi en fin d’après-midi. Près de 500 assaillants, montés sur des motos ou embarqués à bord de pick-up, dont certains étaient bourrés d’explosifs, se jettent sur le poste avancé d’Inates, proche de la frontière malienne, dans l’ouest du pays, et rapidement, l’encerclent.

Ils visent d’abord le centre de transmission de la garnison. Pris en étaux, sans moyen de donner l’alerte, les soldats nigériens essuient un feu nourri et des salves d’obus. Rapidement, les stocks de munitions partent en fumée, puis ce sont les réserves de carburant qui s’embrasent.

Les assaillants passent ensuite à l’offensive : l’attaque se poursuit à l’intérieur du camp, qui est entièrement saccagé.

L’alerte sera finalement donnée plus tard dans la soirée, vers 21h, par des éléments de l’armée nigérienne embarqués à bord de trois véhicules qui avaient réussi à se replier et à rallier le poste militaire d’Ayorou. Des renforts sont dépêchés sur place dans la nuit, et reprennent le contrôle de la base militaire.

L’aviation, tout comme les renforts au sol,sont donc arrivés en retard, parce que les soldats ont manqué de moyens de communication, très vite détruits par les assaillants.

 ■ Le lieu de l’attaque et sa position stratégique

Inates, située à près de 250 km au nord de la capitale Niamey, occupe une position stratégique dans l’ouest nigérien. Cette localité ne se trouve en effet qu’à 5 km de la frontière malienne, non loin d’une zone connue pour abriter de nombreux combattants jihadistes : la réserve de faune d’Ansongo.

On est ici aussi à nœud de communication très prisé des trafiquants de drogues et d’armes, notamment pour l’acheminement de marchandises en direction de la frontière algérienne.

Inates, dans l’ouest du Niger © RFI

 ■ Le bilan humain

Mercredi, dans la soirée, le ministère de la Défense a donné un premier bilan officiel particulièrement lourd. Soixante-et-onze militaires ont trouvé la mort dans cette attaque, dont le chef de garnison et son adjoint. Les autorités dénombrent  une douzaine de blessés et certains militaires sont également portés disparus. Ce jeudi, des patrouilles nigériennes ratissaient encore la zone à leur recherche.

Du côté des assaillants, il y aurait une soixantaine de tués, selon plusieurs sources militaires consultées par RFI mercredi.

Cette attaque est en tout cas la plus meurtrière jamais enregistrée dans cette zone frontalière avec le Mali.

 ■ L’identité des assaillants

Ce jeudi soir, le groupe État islamique a revendiqué l’attaque, selon l’organisme américain de surveillance des mouvements extrémistes SITE, citant le groupe ISWAP (Etat islamique en Afrique de l’Ouest).

« C’est la zone d’action de l’État islamique, confirmait un peu plus tôt Wassim Nasr, spécialiste des groupes jihadistes à  France 24. En juillet dernier, c’était [ce groupe] qui fut responsable de la première attaque contre cette même base et qui a été revendiquée en tant que telle. Le mode opératoire à l’époque, c’était des kamikazes, puis des motos, appuyés par des tirs de mortiers », soit un scénario similaire à celui de mardi.

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