PIKINE : La police démantèle un réseau de fabricants de faux diplômes et de documents scolaires

0

Ce fut un véritable coup de pied dans une fourmilière d’individus, spécialisés dans des pratiques de falsification de documents administratifs, nichée dans la banlieue dakaroise. Il s’agit en effet du démantèlement d’un tentaculaire réseau de fabricants de faux dossiers scolaires, d’attestation de formation et de réussite au Brevet de fin d’études moyennes (Bfem), avec cachet de célèbres huissiers de justice, et imitation de signatures de présidents de jury, et de bulletins de notes de composition.

Les limiers du commissariat de la commune de Guinaw-rails ont «cassé» la célèbre agence de multiservices établie à Pikine, transformée en un lieu de confection de faux documents administratifs et scolaires. Ils ont mis le grappin sur des membres du réseau de faussaires et ont lancé la traque au reste du gang. Les mis en cause ont été déférés hier au parquet pour faux et usage de faux, association de malfaiteurs et complicité.
La fille Aby D, élève en classe de 3ème à Seydou Nourou Tall de Pikine, voulait quitter le groupe scolaire cette année-ci pour aller poursuivre ses études au lycée John Kennedy à Dakar. Mais, n’ayant pas la moyenne requise, elle s’attache les services d’un certain Mbaye Mb. et le présente comme son tuteur. Ce dernier l’aide à confectionner un faux dossier scolaire, avec gonflement de notes de bulletins de composition, par le biais d’un génie de l’informatique, El H. M. Sow, qui gère un cyber dans l’agence de multiservices.

L’oncle fait échec à la supercherie de sa nièce

L’écolière retourne avec son nouveau dossier scolaire en toc à la maison, se retire dans une chambre avec son oncle et lui présente le document. L’oncle s’étonne des bonnes notes de sa nièce, émet des réserves et interpelle la fille. D’autant que celle-ci devait redoubler sa classe de 3ème. La demoiselle cafouille, s’emmêle les pinceaux et se livre à des explications fumeuses. L’oncle se rend à l’établissement scolaire de sa nièce et interpelle la direction de l’école. Celle-ci parcourt le relevé de notes de composition de la collégienne, vérifie et découvre le pot aux roses. Elle manque de s’arracher le cuir chevelu, alerte le personnel enseignant et dépose une plainte contre X le 11 octobre 2017 pour faux et usage de faux en écritures privées à la police de Guinaw-rails, histoire de dégager toute responsabilité et surtout de préserver l’image de marque et la réputation du groupe scolaire.

Un génie de l’informatique, établi à Pikine Icotaf, et son gang indexés

La police ouvre une enquête, convoque la fille et son supposé tuteur Mbaye Mb. et les place en garde à vue. Ces derniers passent aux aveux, expliquent aux moindres détails la supercherie et livrent le génie de l’informatique présumé auteur du faux relevé de notes, El H. M. Sow. Celui-ci est vite interpellé, conduit au commissariat et cuisiné par un enquêteur. Il tergiverse, mais sentant que les carottes étaient cuites, passe à table. Il déclare être un fabricant de dossiers scolaires et de documents administratifs, se confond dans de plates excuses et balance sa collaboratrice nommée Fama Th. Cette dernière était chargée de récupérer l’argent des clients ainsi que leurs dossiers à falsifier. Interpellée, elle passe aux aveux et, avec l’informaticien, offrent leur coopération. Ils avouent travailler en réseau organisé et déclinent l’identité du reste de la bande, notamment Moussa Nd, ex-gérant de cyber reconverti dans la confection du faux qui a réussi à prendre le large avant l’arrivée des flics chez son hébergeur, I. Anne. Pour les besoins de l’enquête, celui-ci a été pris dans la nasse et coffré. Il était souvent envoyé par Moussa en fuite à l’agence de multiservices pour déposer les dossiers à falsifier ou pour les récupérer.

Impressionnant arsenal de confection de faux ; spécimens de cachets d’huissiers connus ; attestations de réussite au Bfem vierges de lycées

Quand les policiers ont fait une descente le 12 octobre à l’agence de multiservices et à la chambre du sieur Anne, ils ont trouvé que les deux locaux étaient littéralement aménagés en lieux de fabrication de faux. S’y ajoute le matériel nécessaire composé d’ordinateurs et autres outils. Il y a eu des spécimens de cachets d’huissiers de justice connus dans le pays, des relevés bancaires, des factures de scolarité, des attestations de réussite au Bfem vierges de lycées, avec signatures, notamment, le lycée Seydina Limamoulaye, Mame Yelli Badiane, Seydou Nourou Tall. Il y a eu aussi des attestations de fin de formation et des diplômes d’études supérieures vierges avec toutes les références de grandes écoles.

Des élèves, auditionnés à la police, étaient en marchandage avec les faussaires

Après la mise au frais de quelques éléments du réseau, les enquêteurs ont découvert que beaucoup d’élèves de célèbres lycées étaient intéressés par l’offre et marchandaient avec les falsificateurs de documents administratifs. Tandis que d’autres avaient déjà casqué fort et attendaient leur tour. Beaucoup parmi eux ont été débusqués, envoyés à la police et soumis à des interrogatoires. D’autres interpellations suivies peut-être d’arrestations pourraient survenir dans les prochains jours. L’enquête suit toujours son cours.

Vieux Père NDIAYE

 

 

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici