Pour une gouvernance d’émergence, notre vécu doit être en phase avec les recommandations de nos religions

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Dans le cadre de sa récente visite à Médina Gounass pour présenter ses condoléances, le président de la République, comme mentionné dans Le Soleil du 18 septembre 2019, a bien fait savoir «qu’il attend des foyers religieux qu’ils mettent les Sénégalais sur la bonne voie et le chemin de la droiture».

Nous convenons ainsi avec son Excellence, Monsieur le président de la République, que cela constitue la seule et unique mission de ceux qui ont accepté la position de guides dans les principales religions que sont l’islam et le christianisme. Les messages de ces dernières, à travers respectivement le Coran et la Bible, rappellent aux humains qui en sont les seuls destinataires, les valeurs d’existence et d’humanisme recommandées par leur Créateur. Ces valeurs d’existence, s’il faut le rappeler, ne sont que celles que nous renvoient les modèles prophétiques de ces religions que nous avons délibérément choisies dans le seul dessein de gouverner nos vies.

Au Sénégal, le diagnostic situationnel redondant est finalement devenu lancinant voire exaspérant. Les mêmes problèmes et les mêmes tares comportementales sont ressassés quotidiennement et partout dans une insouciance quasi institutionnelle.

Toutes les souffrances des citoyens (catastrophes et accidents de toute nature -dont le summum fut le naufrage du Joola -, les inondations causées par l’occupation spontanée ou la vente illicite des terrains situés dans des zones non aedificandi, l’insalubrité de nos baies – véritables dons de la nature -, la spéculation foncière – malgré la loi sur le domaine national -, les agressions de toutes sortes, la recrudescence des vols et assassinats, le trafic de drogues et la vente de médicaments contrefaits…) relèvent simplement de l’irresponsabilité et de l’insouciance de tous, mais surtout de l’Administration dont la seule et unique mission est de veiller à les prévenir pour le droit à la protection qui revient à chaque citoyen.

Tout cela traduit une propension déconcertante des Sénégalais à se livrer à des actes contre nature, accomplis malgré une législation enviable et des religions qui nous dictent le contraire. Bien malheureusement pour nous, d’autant plus que tout ce qui contribue quotidiennement à la satisfaction de nos besoins obéit à des normes scientifiques et techniques universelles qui nous ont été inspirées par notre Créateur.

Ainsi, le pire des actes répréhensibles chez l’Humain n’est-il pas celui qui consiste à ne pas respecter cette logique de normalisation qui gouverne la mondialisation ? Les piètres résultats obtenus dans tous les domaines vitaux (éducation, santé, eau, électricité, Administration moderne et régalienne…) après soixante années d’autonomie de gestion, ne le sont que par notre manque de respect des normes universelles d’organisation économique et sociale.

Or, comme je le disais dans ma première contribution, tout acte répréhensible commis par un Humain est délibéré et donc relève du mensonge que seul Dieu, omniprésent, peut détecter. Ce qui prouve que le mensonge (banalisé dans notre pays) n’est rien d’autre qu’une manière de défier Dieu qui nous rappelle d’ailleurs à l’ordre, en nous faisant comprendre qu’il (le mensonge) n’est que haïssable. Pour rappeler, encore une fois, que dans des domaines exclusivement divins comme la Science et la Technologie, toute erreur se paye cash. Mais la race humaine a toujours tendance à ignorer l’évidence parce que quotidiennement aveuglée par l’ingratitude et la cupidité. Quel dommage !

Par conséquent, l’adoption délibérée des religions chrétienne et musulmane par la majorité de la population sénégalaise justifie la pertinence de dépasser le débat classique sur la gouvernance technique qui n’accroche plus personne. Il faut changer de cap en prenant le courage d’aborder la situation de notre pays, sous le prisme religieux. Il s’agit donc de rendre la religion moins ésotérique et donc plus accessible aux croyants qui, à n’en point douter, ne ménagent aucun effort pour être en phase avec les recommandations de leur Créateur. Par conséquent, l’innovation à envisager se situe au niveau des prêches dont la pédagogie est devenue très obsolète.

La comparaison souvent faite entre la République du Sénégal (avec tout l’héritage organisationnel en tant qu’ancienne capitale de l’Afrique occidentale française) et celle du Rwanda est tout simplement déshonorante. Le redressement économique et social unanimement constaté dans ce pays depuis seulement 1994, même si les avis sont partagés sur la qualité de sa démocratie, nous permet, au moins, d’apprécier toute l’importance d’une bonne gouvernance basée simplement sur le respect strict des lois qui doivent être, tout mensonge exclu, au-dessus de tous les citoyens.


Pour des croyants que nous prétendons être (avec une majorité musulmane écrasante), le rattrapage du Sénégal par les autres pays voisins (qui n’ont connu l’organisation administrative qu’avec les indépendances de 1960) devrait nous être insupportable et nous obliger à changer au plus vite, mais c’est plutôt le contraire qui semble se produire. Malgré l’engouement et l’observation quotidienne des deux piliers de cette religion, à savoir les cinq (05) prières de la journée et le jeûne annuel du mois de ramadan, les musulmans sénégalais, dans leur majorité, sont coutumiers de comportements qui sont aux antipodes des recommandations du Coran qui leur dicte de se conformer à la sunna de leur prophète Mohamed (Psl).


Ce décalage entre le grand intérêt accordé à nos pratiques religieuses et les anti-valeurs qui caractérisent le vécu quotidien de la majorité des citoyens sénégalais doivent constituer un véritable questionnement sur la «fonctionnalité» de nos religions et déboucher sur une introspection sérieuse de notre compréhension de la citoyenneté. Il est temps que chaque Sénégalais y apporte les vraies réponses. Il urge alors d’inventer une nouvelle manière de véhiculer les messages religieux. Les prêcheurs doivent moderniser leur approche et arriver à toucher directement la fibre religieuse des croyants. Il s’agit de pousser ces derniers à comprendre que la pratique religieuse doit gouverner leur vécu et ce, au quotidien. Par conséquent, l’attestation de foi en Dieu, surtout quand elle relève d’un choix tout à fait libre, doit être mûrie et sérieusement comprise, pour que les pratiques religieuses du croyant ne soient pas vaines, en raison d’un vécu en déphasage avec les recommandations divines.


Ma conviction inébranlable est que l’existence de Dieu doit être reconnue avec engagement et sincérité. C’est la raison pour laquelle les définitions de la «Shahada», que m’ont fait découvrir les médias du monde, m’ont laissé sur ma faim, leurs approches de la profession de foi m’ont paru trop escamotées et très superficielles. Voilà toute l’importance de l’ouverture d’un débat sur cette question hautement sociale qui, à mon humble avis, devrait être inclusivement partagée, compte tenu de la place centrale qu’occupe la religion dans le monde et particulièrement dans notre pays. En toute évidence, le débat politique et social ne doit plus se poser en termes de connaissance qui constitue la chose la mieux partagée, parce qu’accessible à tous les humains de notre planète. Pour illustrer cette situation de fait, nous pouvons partager le constat que les organes de presse de notre pays ne sont que le relais de débats sur des questions moins importantes et qui ne constituent, finalement, que des redites.

Aussi est-il impératif de dépasser une telle inertie et montrer, du coup, la redondance et l’inutilité du débat technique, d’autant plus qu’en tant qu’acteurs de la vie politique et sociale (administrateurs étatiques et religieux, administrés, citoyens en général…), les Hommes se refusent simplement à appliquer honnêtement les connaissances (tous domaines confondus) universellement acquises et comprises. Il est donc important de souligner qu’à la place de vrais partis politiques, nous n’avons, en réalité, que des Groupements d’intérêt économique (Gie) qui font plutôt du business sur le dos des citoyens et cela, depuis presque soixante années d’indépendance. Que finisse alors la récréation !


Pour dire qu’au vu de l’expérience, de la compétence et de la créativité de la ressource humaine sénégalaise, la seule contrainte de notre pays pour le décollage est le non-respect des normes universelles de gouvernance que les pays dits développés appliquent le mieux, par honnêteté. Dès lors, un changement de discours doit s’opérer au niveau des médias pour que s’instaure un véritable choc des idées d’où jailliront, je l’espère, les meilleurs éclairages des vrais experts qui rendront nos causeries religieuses plus instructives et moins folkloriques. Il faut que l’on crée les conditions d’un consensus idéel national pour mieux faire aimer nos religions et comprendre qu’elles doivent gouverner nos consciences et notre citoyenneté agissante pour une Nation émergente. En effet, il faut arriver à titiller la capacité de réflexion attendue de tous les intellectuels, particulièrement religieux, sur un sujet d’une importante actualité.


Le non-respect de nos lois acceptées et votées par notre Assemblée nationale et la perte des valeurs constatée au Sénégal prouvent que la seule connaissance des textes divins (Bible et Coran) ne permet point d’appréhender la dimension réelle du Créateur dont l’immensité et le niveau de conception devraient nécessairement émerveiller tout un chacun. Seul Dieu, notre Créateur, est digne d’amour. Aussi est-il nécessaire de rappeler au Sénégalais que l’adoration exclusive de Dieu, comme nous l’enseignent nos livres sacrés, doit nous incliner à agir conformément à sa seule volonté enseignée à ses envoyés, les prophètes que nous avons choisis comme modèles de vie et ce, en toute liberté. Cependant, l’humilité doit imposer à chaque Homme de respecter tout être vivant, nos parents en première place.


Pour conclure, c’est avec toute l’humilité requise de tous les citoyens que je partage avec eux ce constat : Toutes les tensions créées et subies par l’Homme à travers le monde ne se justifient que par la trahison universelle de la fraternité qui complète la trilogie républicaine et renferme toutes les vertus cardinales de l’Humain. Et une telle situation ne procède que de l’ingratitude de la race humaine. Il est temps que le Sénégal prenne sa véritable place de modèle pour que l’Unité de l’Afrique ne soit plus un slogan, mais une réalité.
Abdourahmane SY
Thiès, Quartier Keur Massamba Gueye 1
boumalick1@yahoo.fr

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