Projet de loi Travail: le gouvernement tente de calmer la contestation

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Les manifestations contre la loi El Khomri ont rassemblé le 9 mars entre 200 000 et 400 000 personnes. Une mobilisation non négligeable même s’il n’y a pas eu de raz-de-marée dans les rues. Et d’autres mouvements de protestation contre la réforme du Code du travail sont programmés tout au long du mois de mars. Les jeunes ont déjà appelé à de nouvelles manifestations le 17 mars. Les syndicats parlent d’un « premier coup de semonce ». Le gouvernement l’a-t-il entendu ?

Le secrétaire d’Etat aux relations avec le Parlement, Jean-Marie Le Guen, a essayé de minimiser le succès des manifestations du 9 mars. Il a déclaré que la mobilisation « n’avait pas fait la démonstration du refus du projet ».

Malgré ce discours, on sent que le gouvernement essaie de ne pas mettre d’huile sur le feu et veut montrer qu’il est à l’écoute des inquiétudes. Des inquiétudes notamment manifestées par les jeunes, étudiants et lycéens, qui étaient dans la rue mercredi.

L’exécutif a d’ailleurs donné un premier signe de sa volonté d’apaisement. Manuel Valls va recevoir vendredi les représentants des organisations de jeunesse. Jusqu’à présent, les jeunes n’étaient pas conviés aux négociations. Le Premier ministre a rectifié le tir. La jeunesse, c’était la priorité du quinquennat de François Hollande. Il faut donc tout faire pour montrer aux étudiants et aux lycéens qu’on les a entendus.

Un premier pas

 Des annonces sur les possibles évolutions du texte ont été faites. Myriam El Khomri s’est rendue dans les médias pour annoncer les premières inflexions auxquelles le gouvernement était prêt. Deux propositions sont désormais sur la table. D’abord, la surtaxation des CDD. Elle est présentée comme une mesure destinée à inciter les employeurs à embaucher en CDI. Une manière d’essayer de désamorcer les critiques sur la précarité imposée aux salariés, notamment aux jeunes. Et ensuite, le gouvernement a renoncé à faciliter les conditions d’augmentation du temps de travail des apprentis à 40 heures par semaine.

Il paraît néanmoins peu vraisemblable que cela soit suffisant pour calmer la contestation. Mais l’objectif était avant tout de faire un premier pas sans aller trop loin. Les négociations sur le texte continuent. Manuel Valls a consulté les partenaires sociaux, les parlementaires. Il doit faire part de ses conclusions lundi prochain et le texte ne doit être présenté en conseil des ministres que le 24 mars.

D’ici là, d’autres mobilisations auront eu lieu et d’autres modifications seront forcément apportées. Les points de blocages les plus sérieux concernent les conditions des licenciements économiques et la mise en place d’un barème pour les indemnités octroyées par les prud’hommes.

Jusqu’où le gouvernement peut-il aller ?

Toute la question est de savoir jusqu’où le gouvernement est prêt à faire évoluer le texte ? Après avoir évoqué un passage en force avec l’utilisation de l’article 49-3 de la Constitution, le gouvernement a changé de méthode et a commencé à dialoguer pour prendre en compte tous les mouvements de protestation.

Rappelons qu’une pétition contre la loi a réuni plus d’un million de signatures et qu’au sein même du Parti socialiste, il y a de fortes oppositions, notamment celle de Martine Aubry. Est-ce que pour autant cela veut dire que le gouvernement envisage de modifier le texte aussi profondément que la gauche et les syndicats le demandent ? Rien n’est moins sûr.

La voie de passage est étroite pour trouver un compromis acceptable par la gauche sans renoncer aux objectifs affichés, à savoir donner plus de flexibilité aux entreprises. D’autant que l’opposition est en embuscade. Le texte d’origine était jugé plutôt satisfaisant par la droite qui ne manquera pas de faire le procès en lâcheté de François Hollande s’il va trop loin dans les modifications. Le chef de l’Etat et le Premier ministre sont dans une situation particulièrement compliquée à gérer, une situation dont on ne voit pas vraiment comment elle pourrait ne pas avoir comme conséquence un nouvel affaiblissement politique de l’exécutif.

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