PSG: de fausses excuses qui cachent un vrai problème ! (Par Fary Ndao)

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PSG: de fausses excuses qui cachent un vrai problème ! (Par Fary Ndao)

Le PSG a vécu deux fois en trois ans des situations qu’aucun club professionnel européen n’avait connu avant lui. Gagner 4-0 à domicile et perdre 1-6 à l’extérieur. Puis gagner 2-0 à l’extérieur et perdre 1-3 à domicile au retour. Jamais, dans l’histoire de la Coupe d’Europe, un club n’avait connu une seule de ces deux situations. Le PSG est arrivé à réaliser cet exploit improbable.

Les analyses qui évoquent une « incompréhension totale », « la chance de Manchester » avec ses 23 % de possession de balle et 4 tirs cadrés en 90 minutes ou encore un « penalty généreux » sifflé contre Presnel Kimpembe ont sans doute du vrai. Le football reste un sport irrationnel et rien n’explique que Manchester United de Sheringham et Solksjaer plante deux buts en trois minutes dans les arrêts de jeu de la finale de la Ligue des Champions 1999, au grand Bayern d’Effenberg et de Kuffour.

Je reste convaincu que cette élimination du PSG est plus une nouvelle faillite industrielle qu’un accident. L’équipe s’est mise en position d’être exposée à un accident. Chose qui n’aurait jamais du arriver une nouvelle fois après l’élimination déjà honteuse à Barcelone, en 2017, lors de la désormais iconique Remontada. De multiples arguments sont évoqués pour expliquer ces déroutes. Analysons ceux qui reviennent le plus souvent

Argument 1: «L’institution PSG n’est pas assez forte»

Nasser El Khelaifi est un président supporter, ce n’est pas un président dirigeant comme l’est notre meilleur ennemi Jean Michel Aulas. Nasser, l’ami de l’émir, bichonne tous ses joueurs, ne sanctionne que très rarement et se fait toujours mener en bateau (cas Rabiot, Motta). Il n’est donc pas faux de dire que l’institution, incarnée par le président, n’est pas assez forte. Cependant, ce constat a un ppids surévalué dans les deux déconvenues historiques vécues par le PSG. En effet, bien des équipes à l’institution forte ont connu des désillusions proches de celles du PSG. Je pense notamment au grand Real Madrid, déjà vainqueur de 9 Ligue des Champions dès 2002 et qui a été incapable de passer les 1/8e de finale de cette compétition pendant 6 ans, entre 2003 et 2008. L’institution Real Madrid n’était-elle pas assez forte ?

Argument 2: «Le PSG doit prendre le temps de grandir»

Cet argument de la « patience » est surtout basé sur l’étude du cas Chelsea, équipe londonienne achetée aussi par un milliardaire, russe cette fois. En effet, ce n’est que 10 ans après son rachat par Roman Abramovitch que Chelsea a enfin pu gagner la Ligue des Champions. C’était en 2012 dans une finale épique contre le Bayern Munich.
Ce qui est volontairement ou involontairement omis par ceux qui brandissent cet arugment c’est que le Chelsea battant pavillon Abramovitch a atteint les demi finales de la Ligue des Champions dès sa deuxième saison, en 2004-2005 après avoir éliminé le Barcelone de Xavi et Ronaldinho en 1/8e de finale puis le Bayern de Schweinsteiger et Ballack en 1/4 de finale. Stoppée par le Liverpool de Steven Gerrard et Xabi Alonso, cette équipe de Chelsea se qualifie à nouveau pour les demi finales en 2006-2007, soit à sa quatrième saison contre cette même équipe de Liverpool et perd à nouveau. En 2007-2008, Chelsea atteint la finale de la Champions League et perd contre Manchester United, dans une finale 100% anglaise marquée par les larmes d’un jeune Cristiano Ronaldo, soulagé de voir son équipe gagner après avoir raté son tir au but lors d’une séance où le tentaculaire Edwin Van Der Sar avait sauvé Manchester United.
Bis repetita en 2008-09 où Chelsea perd en demi finale à la dernière minute face au Barça de Guardiola, Messi et Iniesta. C’est donc au bout de ce chemin difficile que Chelsea gagna la Ligue des Champions en 2012 dans une finale marquée par deux monsieurs que sont Petr Cech et Didier Drogba. Chelsea a donc mis 10 saisons à gagner la Ligue des Champions mais cette équipe a entre temps joué une finale (2008), 3 demi finales (2005, 2007, 2009), un quart de finale (2010). Incapable d’atteindre les demi-finales en 7 saisons, le PSG version qatari ne connait même pas une montée en puissance comme le Chelsea d’Abramovitch. Pire, il régresse avec 4 quarts de finales entre 2012 et 2016 et trois huitièmes de finale entre 2017 et 2019.

Argument 3: «La ligue des Champions est désormais plus difficile à gagner»

Là aussi, il y a du vrai, car depuis 2009, le Barça et le Real se sont partagés 7 des 10 titres de Ligue des Champions en jeu. Portées par deux des meilleurs joueurs de l’histoire, Messi et Cristiano Ronaldo, le Barça et le Real ont certes dominé cette dernière décennie européenne mais plusieurs équipes ont, sur la période, démontrée leur régularité contrairement au PSG. Je pense notamment à la Juventus de Turin, au Bayern Munich et à l’Atetlico Madrid, trois clubs dont les budgets sont inférieurs à celui du PSG, mais qui ont réussi à jouer 2 finales et deux demi finales pour l’Atletico, 2 finales et une demi finale pour la Juventus et deux demi finales, une finale et un titre pour le Bayern. Certes à la fin, c’est le Real ou le Barça qui gagnent, mais beaucoup d’équipes ont réussi à être régulières là où le PSG disparait, honteusement désormais, en quarts ou en huitièmes.

Où est donc le vrai problème du PSG ? Réponse : il est sur le terrain.

Les joueurs du PSG actuels et passés, pris collectivement, n’ont pas le niveau pour gagner la LDC ni même pour forcer le destin et être en demi-finale. J’en suis désormais convaincu. Cette nouvelle élimination a défintivement validé cette position que j’ai plusieurs fois évoquée ici ou là.

Depuis plusieurs années, les coaches se succèdent au PSG et pourtant les joueurs restent globalement les mêmes, bichonnés par le Président El Khelaifi à coups de revalorisations salariales alors que les résultats deviennent pire. Carlo Ancelotti, Laurent Blanc, Unai Emery et maintenant Thomas Tuchel : tous se sont vus « trahir » en match par des joueurs incapables de tenir un score ou de renverser la vapeur. Et ces joueurs sont globalement les mêmes depuis 4 ou 5 ans.

Ce n’est pas un hasard si lors des deux plus grosses humiliations sportives de l’histoire européenne, Thiago Silva, Marquinhos, Marco Verratti, Julian Draxler, Angel Di Maria étaient à chaque fois titulaires. Rajoutez-y Thomas Meunier, Alphonse Areola, Presnel Kimpembe et l’insupportable Adrien Rabiot vous avez un effectif quasi inchangé auquel est venu se rajouter le génial mais toujours blessé Neymar et le jeune, talentueux mais encore perfectible et arrogant Kylian Mbappé.

Tuer la philosophie «Silva-Verratti», celle du beau jeu et du respect de l’adversaire

Contre Manchester United, le PSG, fidèle à son habitude de poser le pied sur le ballon, a effectué plus de 750 passes contre 250 pour Manchester United. Cette maitrise, marque de fabrique du club imprimée par son ancien meneur reculé formé au Barça, Thiago Motta, ne gagnera jamais la Ligue des Champions. Désormais symbolisée par les excellents Thiago Silva et Marco Verratti, eux qui ont le soucis obsessionnel de la relance toujours propre et de la possession, cette philosophie a été stérile contre le Manchester United en 2018-2019, contre le Real Madrid en 2017-2018, contre Manchester City en 2015-2016. Elle a pris l’eau contre sa version mirroir la plus aboutie qu’est le Barça de Messi en 2016-2017.

À cela s’ajoute, le manque de dureté mentale, ce que les américains appellent « Toughness » et le manque d’esprit de conquête. Les joueurs talentueux, comme Verratti, Silva ou Draxler, sont des bijoux dans une équipe où il y a d’autres joueurs plus durs au mal (comme Sergio Ramos et Casemiro au Real Madrid, Giorgio Chiellini, Sami Khedira, Mario Mandzukic à la Juve, Diego Godin, Koke et Juan Fran à l’Atletico ou John Terry, Didier Drogba et Ricardo Carvalho pour revenir au Chelsea d’Abramovitch). Ces joueurs talentueux sont en revanche une calamité pour une équipe qui manque déjà de joueurs de caractère, des joueurs préférant sonner la révolte que subir les évènements, préférant bousculer leurs schémas que répéter à l’infini des passes insipides. C’est le cas de Mesut Ozil à Arsenal, ou de Cesc Fabregas avant lui.

Si le PSG a été éliminé deux fois dans les arrêts de jeu contre Barcelone et contre Manchester United c’est parce qu’il s’est mis en position d’être à la merci d’un but ã la dernière minute. C’est parce qu’il ne sait pas, c’est parce que ses joueurs cadres ne savent pas, aborder un match retour avec une avance déjâ conséquente. C’est parce que le bloc, dirigé par Thiago Silva, joue trop bas et a peur d’aller chercher l’adversaire, pourtant agonisant et déjà battu au match aller, pour « l’achever ». C’est parce qu’il n’est pas tueur, parce qu’il veut assurer au lieu de prendre des risques comme Mbappé sur son face à face à la 83e minute. C’est parce que la philosophie Marco Verratti et Thiago Motta avant lui, consiste d’abord à réussir ses transmissions, à conserver la balle plutôt qu’à aller « droit au but » comme le ferait l’Atletico de Griezmann, le Real de Ronaldo, ou le Liverpool de Salah. Rajoutez à cela la vieillesse d’un Alves et la maladresse d’un Di Maria et vous avez une équipe qui controle le match, mais qui est stérile. Une équipe qui est belle à voir jouer mais qui, sans un détonateur comme Neymar, ne peut pas, ne sait pas accélerer le jeu en vue d’aller terminer le travail entamé deux ou trois semaines auparavant. En somme, une équipe pense plus à ne pas perdre qu’à aller gagner.

Paris a besoin de conquérants, mais par amour du beau jeu et de ses joueurs, son président et peut-être ses entraineurs, se sont laissés trompés par des joueurs incapables d’assumer un statut de favori, incapables de s’endurcir au cours d’un match, incapables d’avoir cette haine de l’élimination. Osons le dire, le PSG s’est trompé sur le profil de ses joueurs. Seuls les joueurs confirmés, dans la force de l’âge au moment de leur recrutement et issus de grands clubs (Ibrahimovic, Cavani, Silva, Maxwell, Alex et aujourd’hui Bernat) se sont jusque là montrés à la hauteur. Un Koke est plus utile en Ligue des Champions qu’un Verratti. Un De Ligt a plus de caractère qu’un Marquinhos. Un Mandzukic est plus fiable qu’un Di Maria. Un Salah est plus tueur qu’un Draxler. C’est cela la triste et aride vérité.

Il faut un grand ménage. 8 ou 9 joueurs doivent partir. Ces joueurs sur lesquels le club a beaucoup investi ont montré leurs limites. Le Chelsea d’Abramovitch avait des monstres mentaux, l’Atletico de Simeone aussi. Le PSG de Khelaifi a de beaux joueurs qui s’insereraient dans le collectif de beaucoup de grands clubs européens mais qui sont incapables, il n’y a désormais plus de doute là dessus, d’assurer eux-mêmes un leadership conquérant. Nous ne voulons plus de fausses excuses. Nous voulons des joueurs de football de très haut niveau. Et pour l’instant Paris n’en a presque pas.

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