Qu’est ce qui constitue un frein à l’accession des femmes dans des postes politiques de premier rang?

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Il ne s’agit aucunement d’une notion féministe, mais il est tout à fait normal que cette notion de parité, ne soit pas réduite à sa plus simple expression. Effectivement, elles sont loin de constituer une minorité au Sénégal, puisque qu’elles représentent plus de la moitié de la population. Une société qui se dit démocratique doit leur assurer un poste équivalent à celui qu’occupent hommes. Les inégalités entre les sexes, ancrées au cœur du politique, dont les conséquences se font sentir sur l’accès aux ressources naturelles, matérielles et financières, le partage du savoir, du pouvoir économique et de la prise de décision politique.

Pourtant, il est important de rappeler que les femmes ont été des actrices par leur appui et leur engagement au sein des mouvements de libérations pour la décolonisation. Elles constituent le symbole de l’identité nationale, mais on a souvent contrôlé leur corps, leur sexualité et leur fécondité. Avec les indépendances, elles ont été effacées des hautes sphères du pouvoir, tout en prenant part au mouvement politique et syndical africain comme masse de manœuvre.

Bien souvent, l’intérêt de la gente féminine est marginalisé : leurs activités et leurs luttes sont récupérées à des fins de conquête du pouvoir. L’État et le système économique exploitent le labeur de ces dames, en le qualifiant de « naturel ». Peut-on encore accepter d’être utilisée comme faire valoir, d’atout charme pour gravir les échelons de l’échiquier politique. Les femmes politiques, pour être légitimes se doivent de transformer ce handicap : le fait d’être une femme, en une force, un moteur dans leur engagement.

Jusqu’en début 2019, il en avait une, qui avait particulièrement excellé dans le domaine politique, mais qui est tombée de son pied d’estale. Avocate, députée, maire, ex-ministre et candidate recalée aux présidentielles sénégalaises, Aïssata Tall Sall est aujourd’hui reléguée au rang de « députée spéciale du président de la République ».

Au-delà, du cumul de poste, qui enfreint les dispositions de l’article 54 de la Constitution, celle qui avait “Osé l’avenir” et qui incarnait à nos yeux le prototype même du leadership féminin dans toute sa splendeur, a perdu de sa superbe, lorsqu’elle a rallié la coalition au pouvoir. Il n’est pas question ici de remettre en cause son charisme, son talent et son caractère, qui lui ont permis d’occuper les fonctions citées plus haut. Ses compétences en droit, son rôle de maire, son style éloquent et ses bonnes manières font d’elles une femme de fer et elle aurait pu briguer, haut la main, la magistrature suprême.

Les femmes doivent vivre leur combat “comme une lutte contre l’exclusion” et être des femmes de décision, sans forcément être féministes ni sexistes. Elles sont souvent injustement accusées d’aliénation par rapport au féminisme occidental, pourtant elles défendent des causes essentielles aux violences que subissent leurs semblables au quotidien : depuis des abus physiques et sexuels aux violences sociales (mariage précoce et forcé, polygamie, mutilations génitales féminines, rites du veuvage…)

Nous rêvons d’un monde où les femmes qui veulent s’investir, puissent leur faire sans défendre les intérêts d’une oligarchie d’Etat mais simplement servir leur pays.

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Maimouna Saïdou Dia
Chargée de l’organisation 
Pastef Bordeaux

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