Racisme : Augustin Senghor recadre Noël Le Graët !

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Le 15 septembre, le président de la Fédération française de football Noël Le Graët a créé la polémique en affirmant que le racisme « dans le sport et le foot en particulier n’existe pas ou peu ». Le président de la Fédération sénégalaise Augustin Senghor, qui lui a répondu dans une tribune, estime que le patron de la FFF « devrait revoir sa copie » au sujet d’un phénomène vis-à-vis duquel « on n’a jamais vraiment rien fait ».

RFI : Augustin Senghor, le président de la Fédération française de football Noël Le Graët a assuré que le racisme « dans le sport et le foot en particulier n’existe pas ou peu ». Le patron de la FFF estime les difficultés à moins de 1%. Comment réagissez-vous à ces déclarations ?

Augustin Senghor : J’ai été choqué après avoir entendu le président Noël Le Graët faire cette déclaration. Je considère que le racisme n’est pas près de quitter nos stades et surtout n’est pas près de quitter nos sociétés, si les décideurs et autres personnes de référence tiennent ce genre de propos. En réalité, c’est une sorte de négation de ce qui est patent, de ce que tout le monde constate chaque jour dans nos stades. Et dire que ça ne représente qu’1% dans le sport en général et dans le football en particulier, c’est refuser ou, en tout cas, justifier l’injustifiable.

Le président Noël Le Graët vous a-t-il déçu, à cette occasion ?

Par rapport au jeune dirigeant que je suis, il gardera cette estime. Je pense que ça peut arriver qu’on ne mesure pas la gravité de ce que l’on peut dire sur un plateau de télévision. Mais, d’un autre côté, c’est la solution d’un problème par la négation si le président d’une fédération qui accueille beaucoup d’étrangers, de personnalités d’autres origines, d’Africains notamment, […] dit qu’il n’y a pas de racisme. C’est inquiétant. Et je pense qu’il devrait revoir sa copie et vraiment affronter de face cette problématique qui aujourd’hui est une tâche sur le monde du sport et du football notamment. […] Des supporters dans les stades tiennent des propos désobligeants, ils insultent, jettent des bananes et des cacahuètes. Ils traitent de « sales noirs » les joueurs de couleur noire. C’est une forme de racisme dont des décideurs réfutent l’existence ou vis-à-vis de laquelle ils ne prennent pas leurs responsabilités. Ils prennent des demi-mesures face à ce problème-là, alors que sur d’autres il y a eu des positions tranchées pour régler définitivement ces problèmes. Il faut bannir le racisme dans nos stades. Et, ce faisant, nous aiderions peut-être nos sociétés à régler ça à d’autres échelles.

Estimez-vous que la lutte contre le racisme dans le sport en général et dans  le football en particulier n’avance pas ?

Ça n’a pas bougé, on n’a jamais vraiment rien fait. Ils ont conscience que ça gêne et que ça n’est pas normal. Mais, pour moi, on a toujours utilisé des expédients, des faux-fuyants pour contourner la difficulté. Mais elle est là. […] Si les dirigeants du football veulent vraiment trouver la solution, ils doivent le faire. Ils doivent se mettre à la place de tous ces jeunes noirs qui, durant toute leur carrière, subissent des injures et qui sont vraiment touchés. Lorsque Monsieur Le Graët dit que tous les supporters d’un stade sont debout à chaque but qu’un joueur noir marque, ça ne correspond pas à une réalité. En réalité, à chaque fois qu’il y a un but, s’il y a une moitié du stade qui se lève pour fêter le but et non pas pour féliciter le joueur africain qui l’a marqué, une autre commence, elle, à l’injurier parce qu’un noir lui fait perdre le match. Nous autres, jeunes dirigeants africains, nous devons prendre nos responsabilités pour faire le lobbying nécessaire afin que les instances internationales, telles que la FIFA, les confédérations et les fédérations européennes notamment, prennent des mesures drastiques contre le racisme dans les stades.

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