Rapport Human Rights Watch et PPDH : Des abus dans des écoles coraniques

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Protège-t-on les enfants au Sénégal ? En tout cas, des abus incontrôlés dans des écoles coraniques ont été signalés dans un rapport publié aujourd’hui, par Human Rights Watch et la Plateforme pour la promotion et la protection des droits humains (PPDH).

Cette coalition sénégalaise d’organisations de défense des droits humains fait cas dans un rapport, des enfants-talibés victimes d’abus graves et d’actes d’exploitation et de négligence d’une ampleur alarmante dans un grand nombre d’écoles coraniques du Sénégal.

Ce rapport de 81 pages, note .hrw.org, visité par Senego, intitulé « “Il y a une souffrance énorme” : Graves abus contre des enfants talibés au Sénégal, 2017-2018 », documente les décès de 16 enfants talibés sur cette période, des suites de passages à tabac, d’actes de négligence ou d’une mise en danger par certains maîtres coraniques dans leurs écoles, appelées « daaras ».

Le rapport documente également des abus perpétrés à l’encontre de talibés dans huit des 14 régions administratives du Sénégal, dont 61 cas de passages à tabac ou d’abus physiques ; 15 cas de viols, tentatives de viols ou abus sexuels ; 14 cas d’enfants séquestrés, attachés ou enchaînés dans des daaras ; et un recours généralisé à la mendicité forcée et à des actes de négligence.

« Des enfants talibés traînent dans les rues, sont victimes d’exactions choquantes, et certains meurent des suites d’abus et d’actes de négligence », a affirmé Corinne Dufka, directrice adjointe de la division Afrique à Human Rights Watch. « Les autorités sénégalaises se disent engagées à protéger les enfants et à éliminer la mendicité forcée des enfants, alors pourquoi un si grand nombre de daaras dangereux ou caractérisés par l’exploitation ou d’autres abus continuent-ils d’opérer ? »Lire aussi:Abus sur une fillette de 12 ans : un chanteur religieux déféré au parquet

Des cas d’abus sexuels et de viols de garçons et de filles talibés par leurs maîtres coraniques ou leurs assistants – les « grands talibés » – ont été documentés dans les régions de Dakar, Saint-Louis, Diourbel, Kaolack et Fatick. Un garçon d’une quinzaine d’années qui s’était enfui de son daara dans la région de Diourbel, a expliqué qu’il avait assisté à des abus sexuels perpétrés par des grands talibés à l’encontre d’enfants plus jeunes. « S’ils refusaient, les grands talibés les tapaient. Les victimes avaient environ 11 ans », a-t-il déclaré.

Les groupes ont également constaté l’existence d’une traite des personnes et de dangers liés à la migration des talibés, notamment le transport illicite de groupes d’enfants talibés d’une région à une autre ou d’un pays à un autre, l’abandon de talibés dans des villes éloignées, et le cas d’enfants qui finissent dans la rue, après avoir fui une situation violente. Certains parents perpétuent ces pratiques en renvoyant plusieurs fois leur enfant dans un daara caractérisé par des abus.

Human Rights Watch estime à plus de 100 000, le nombre d’enfants talibés au Sénégal qui sont forcés par leurs maîtres coraniques – ou « marabouts » – à mendier chaque jour pour ramener de l’argent, de la nourriture, du riz ou du sucre. Un grand nombre de ces maîtres coraniques fixent un quota de mendicité, qu’ils font respecter en recourant à des passages à tabac souvent sévères.

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