Sénégal : Le fléau du blanchiment d’argent sent de plus en plus mauvais

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Sénégal

Les immeubles continuent de pousser comme des champignons à Dakar et dans certaines villes du Sénégal. D’où provient l’argent du secteur immobilier ?

Des hommes d’affaires du président Macky, des dignitaires du régime et la classe politique indexés. Le blanchiment d’argent est en train de devenir un phénomène majeur dans le monde en général, et au Sénégal en particulier. Avec le boom immobilier noté à Dakar, des soupçons légitimes pèsent sur ce secteur. D’où provient l’argent de l’immobilier à Dakar ? C’est cette question que tout le monde se pose souvent. Les délinquants qui blanchissent l’argent utilisent tous les secteurs d’activités mais le secteur immobilier semble etre plus propice pour ces délinquants.

L’argent sale, c’est l’argent qui n’est pas inscrit dans le circuit légal. Le meilleur moyen de le blanchir, c’est d’acheter un bien immobilier, par exemple, à 1 milliards de francs Cfa, en prenant le soin d’aller chez un notaire, en payant cash et de le revendre aussitôt ou bien d’en construire par un prête nom. A la fin, on a un bien légal et votre argent reste entier. Ces immeubles qui poussent comme par magie à Dakar et dans certaines villes du Sénégal continuent de confirmer la thèse du blanchiment d’argent. Le Groupe intergouvernemental d’action contre le blanchiment d’argent en Afrique de l’Ouest (Giaba), dans ses rapports avait relevé que le marché florissant de l’immobilier à Dakar est largement financé en liquidité. Avant de faire remarquer que la propriété et le transfert de biens ne sont pas transparents.

Le boom continue de la construction et les prix élevés des biens sèment le doute. Il laisse penser qu’il y a de plus en plus de fonds d’origine douteuse en circulation, au Sénégal. Les réseaux terroristes, le trafic de drogue et les réseaux informels de transfert d’argent ainsi que ceux de l’importation de véhicules sont aussi devenus aussi des boulevards prisés par les blanchisseurs.

Avec la lutte de plus en plus importante contre le blanchiment d’argent auprès des banques et des paradis fiscaux, ainsi que la levée du secret bancaire sur ordre de la Justice, les criminels sont aussi obligés de se tourner vers d’autres intermédiaires pour blanchir leur argent. Il semblerait que les commerces comme les bijouteries et les entreprises d’import-export sont aussi des cibles pour blanchir l’argent. L’établissement de plusieurs fausses factures entre des sociétés écran permet également de faire croire que cet argent est tout à fait propre.

Il existe en fait trois phases complémentaires ou indépendantes pour blanchir des capitaux : le prélavage, le lavage et le recyclage. Mais l’imagination des criminels dans ce cas est presque sans limite. Au Sénégal des soupçons pèsent sur l’altération des valeurs. Un blanchisseur peut acheter un bien immobilier d’une personne disposée à déclarer un prix de vente sensiblement inférieur à la valeur réelle du bien et se faire payer la différence en argent comptant « en cachette ». Le blanchisseur achète, par exemple, une maison d’une valeur de 800 millions de Fr Cfa pour seulement 400 millions Fcfa et transmettre en secret au vendeur le reste de l’argent qu’il lui doit. Après une certaine période de rétention du bien immobilier, le blanchisseur la vend à son prix réel, soit à 8 cent millions. Plus de 5 000 dossiers d’autorisation de construire à Dakar chaque année

Le journal d’investigations l’indépendant qui a mené une enquête auprès de la direction des impôts et domaines, de la direction du cadastre et de la direction générale de l’urbanisme et de l’architecture est en mesure de vous révéler que chaque année la dernière structure citée reçoit plus de 5 000 dossiers d’autorisation de construire à Dakar. Toutes les autres régions du pays font un total réuni de pas plus de 2000 demandes. Mais si l’on se fit à l’ingénieur des Btp, à l’inspecteur des impôts et domaines et aux deux cabinets de notaire sous les sceaux de l’Anonymat qui nous ont accompagné durant les investigations, 60% des nouveaux immeubles entre les Almadies, Point E, Fann Résidence Mermoz Mamelles Zone de captage, Ouest Foire Noire Foire, Cité Keur Gorgui Cité Damels, Corniche Ouest, Dakar Plateau et Parcelles Assainies, dans la banlieue dakaroise entre autres quartiers appartiendraient à des hommes d’affaires du palais, à des dignitaires du régime en place et aux politiciens en général.
De réelles connexions ont été découvertes entre des barons du régime, des agences immobilières et des promoteurs immobiliers privés spécialisés dans la production et la vente de bâtiments à usage d’habitation. Le phénomène est récurrent en Afrique et au Sénégal ou la traque des biens mal acquis au début de l’ère Macky Sall n’a pas servi de leçons aux tenants actuels du pouvoir. De 170 immeubles privés de luxe répertoriés et identifiés dans l’agglomération de Dakar entre 1990 à 2000 sous le régime socialiste, le nombre est passé à 421 sous le régime libéral entre 2000 et 2012 avant d’atteindre 725 sous le régime de Benno Book Yakaar entre 2012 – 2021. En faisant le calcul avec nos experts ce sont des centaines de milliards du contribuable sénégalais qui sont engloutis dans l’immobilier. Alors que malgré les mécanicismes de lutte contre la corruption, la concussion et le blanchiment mis en place par le Sénégal, des organismes comme l’Ofnac et le Centif rencontrent toujours des difficultés dans l’application et la suite des dossiers transmis au parquet et surtout concernant la gestion des deniers publics.

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