Silence, on tue! (Par Moustapha Guirassy)

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Nos journaux relatent quotidiennement des crimes crapuleux, meurtres à l’arme blanche pour quelques pièces de monnaie, un téléphone ou une paire de baskets…
Je vis dans ma chair la détresse des parents endeuillés, aux cœurs arrachés et aux espoirs déchus. Des vies innocentes soustraites à leur destin, non pas sans nom ; je veux nommer, Ahyi Joël Célestin Philippe, brillant étudiant à l’UQAD, Ibrahima Kane, jeune lycéen de 17 ans…
Bien sûr, j’en appelle à la conscientisation, au déploiement de moyens des pouvoirs publics. Mais, bien au-delà j’interpelle toute notre société ; comment des jeunes, issus du même corps Sénégal, peuvent-t-ils commettre des crimes froids sans ennemi avéré ? Comment ces jeunes marginaux, souvent sans emploi, sans éducation et vivant une situation précaire, agissent en faveur de leur satisfaction instantanée : prendre possession des biens d’autrui au prix de crimes de sang ?
C’est bien là le symptôme d’une société malade qui nourrit depuis trop longtemps des no man’s lands des consciences, conscience de soi, de l’autre, de son histoire et des valeurs qui nous unissent.
Cette transgression des normes juridiques d’un système social peut aisément s’expliquer en se référant à la théorie des opportunités. L’apparition de tous ces crimes dépend en effet des conditions de l’environnement dans lequel les protagonistes de ces actes odieux sont situés, à savoir, les possibilités de crime.
Dit plus simplement, si ces crimes sont possibles c’est parce que l’Etat et la société elle-même ont créé les conditions de leur perpétuation.
Il est donc plus qu’urgent pour l’Etat de prendre ses responsabilités en appelant à l’affirmation de sa volonté mais également à la co-production des instances organisées de notre société, celles qui ont une parfaite connaissance de leur territoire ; les chefs de quartier, les ASC, les chefs religieux, les associations qui doivent se mobiliser pour faire émerger des solutions de régulation de l’ordre et renforcer la culture de contrôle.
Comme les smarts (intelligent) cities, les smartphones, les smarthomes, il nous faut aussi des sociétés intelligentes, des smarts societies. Devenir une smart society ne fait cependant pas allusion à la technologie mais à notre capacité à réintroduire nos valeurs, nos symboles, nos artefacts, nos cultures, nos fois dans le fonctionnement de la République. La vraie défense c’est celle dictée par la conscience. Or la conscience inoccupée par les valeurs est un no mans land.
Mais au-delà, il faut créer les conditions du mieux vivre en impactant sur les économies de vie (l’éducation, l’emploi, la famille, le logement, la santé…).
Je présente mes sincères condoléances aux familles et endeuillées.
Que Dieu accueille ces jeunes victimes dans son Paradis.

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