Single « Goor Gou Nay »…Un Philosophe Répond À Youssou Ndour

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GOOR GOU NAY, le philosophe Mamadou Sy répond au roi du « mbalax ».

Chez nous l’actualité est dominée par une chanson. Celle-ci est particulière pour, au moins, trois raisons : d’abord elle pointe un doigt accusateur à un sexe particulier, l’homme, ensuite, elle est produite par un homme particulier et en fin, elle est chantée à un moment où c’est la crise économique.

Les hommes sont dits pingres, certainement vis-à-vis des femmes. Ce jugement a-t-il une base scientifique ? Les hommes sont-ils avares dans l’absolu ou ils le sont relativement ? Autrement dit, ne sommes-nous pas pingres par moment, en fonction des circonstances, du statu quo ou de la conjoncture ?

Les hommes, les sénégalais de tous bords où ils se situent et quelle que soit leur catégorie professionnelle,  » sont fatigués « , pour reprendre les termes résonnants d’outre-tombe, car prononcés par feu Kéba MBAYE. Les hommes souffrent aujourd’hui plus que jamais. Étant les principaux bailleurs de la vie sociale, de la ville à la campagne, au bureau comme au champ ou à l’usine, à la maison ou ailleurs, les sénégalais dépensent et dispendieusement d’ailleurs.

Partout les prix flambent, les denrées de première nécessité sont tellement chères quelles ne sont plus nécessaires, mais reléguées au second plan de la nécessité vitale. Elles ne sont plus accessibles aux hommes qui doivent les payer car, malheureusement, ils ont reçu, depuis une tradition biblique, cet asservissement qui sonne comme une malédiction divine car les condamnant à devoir, toute la vie durant, travailler à la sueur de leur vie, pour subvenir aux besoins, même les plus capricieux, d’Ève, (leur femme) et de la progéniture. Oui, même pour le compte des enfants, la scolarité coûte excessivement cher. Ha ! Oui, l’école est aujourd’hui onéreuse, à cause de l’inertie et de la démission irresponsable de l’État, en connivence et en conspiration mesquine et sournoise de, je ne sais quelles puissances ou lobbies, les établissements d’enseignement privés pullulent comme des champignons. Et face à tout cela, c’est l’homme qui doit délier la bourse pour assurer le minimum vital et jouer du coup son rôle de mari et de père. Sans oublier son devoir fiscal, c’est-à-dire, il paie l’impôt en tant qu’il est, salarié ou non salarié, le premier contribuable de nos nos deniers publics. Malgré toutes ses charges, conjoncturelles comme structurelles, l’Homo senegalensis est accusé de « NAY ». Et, malheureusement, les femmes, ne comprenant que dal des manigances de ces marionnettistes modernes, pour paraphraser Platon, exultent, folâtrent, gambadent comme des poulains au petit matin de Diakhao sous les caresses clémentes du brouillard et du climat frisquet. À l’occasion, nous réclamons, à juste titre une brigade de gendarmerie dans la capitale du SINE qui, pour cause de sa position stratégique, car carrefour entre plusieurs villes comme Diourbel, Gossas, Fatick, Kaolack, Niakhar, Bambey, est à la risée de toutes les convoitises, mais aussi de la visite malencontreuse des agresseurs, des larcins et de toutes sortes de criminalités.

» Goor dou nay », déclare Youssou Ndour. Le chanteur ne confond-il pas pingrerie et pauvreté ? Ne se compare-t-il pas au sénégalais ? N’ayant pas les mêmes revenus ni les mêmes pouvoirs d’achat, les hommes peuvent-ils avoir les mêmes comportements face aux charges et au devoir, fut-il marital, parental ou même paternel ? Nous pensons que la sagesse recommanderait qu’on réalise l’époché ( la suspension du jugement) et qu’on s’interdise de juger les gens, surtout quand on n’est pas dans les mêmes conditions que ceux qu’on juge, ni devant la légalité, ni devant l’égalité, ni devant le standing de vie.

Les sénégalais sont « NAY », mais ils payent leurs impôts. Les sénégalais sont «  » NAY », mais ils ne sont pas exonérés d’impôt, car ils ne sont pas, dans les faits, égaux devant la loi. Cette instrumentalisation ou cette formalisation de la domination et de l’exploitation des uns par les autres, autrement appelée l’État, est injuste, voire cynique, envers le peuple (les hommes) à qui il demande tout sans ne rien lui devoir. Youssou, tu as une belle voix, nul doute que tu nous a fait danser et délecter ta musique à la saveur exquise et au rythme mesuré et modéré, un peu diablesque rek par moment surtout quand crie Mbaye Dieye Faye, le grand percussionniste, mais tâche de chanter en dépassionnant les idées. Les passions sont, certes, inhérentes à la musique, mais ne vise pas seulement le succès qui engendre ici l’argent dont l’amour, par les hommes, leur vaut le sobriquet de « NAY ».

Cet argent, récolté par la vente de l’album ou l’achat de ce dernier par des personnes (femmes) inconscientes qui en feront un instrument de chantage et de menace, sera-t-il utilisé aveuglément ou rationnellement ? Si vous le dépensez rationnellement, vous risquez d’être rattrapé par votre farce de mauvais goût. Si vous en doutez, demandez aux enseignants qui sont très rationnels. Cet argent servira-t-il à payer des impôts pour échapper à la mesure injuste de l’exonération fiscale ou à construire des mosquées, églises, cathédrales et autres lieux de culte? Youssou, en tant que compatriote, la volonté de te donner un conseil pour éviter la récidive m’amène à penser et à partager avec toi ce propos de Bob Marley :  » Judge not if you don’t want to be judged ».

Aujourd’hui notre économie affiche urbi et orbi des signaux rouges qui, d’Adam Smith à nos jours, le plus profane des hommes n’a pas besoin de guide ni de manuel ou d’abécédaire d’économie pour comprendre que notre pays va mal en terme d’état monétaire. Partout on sent et on reçoit de plein fouet les affres de la crise. Les factures d’eau et d’électricité ont subi une hausse vertigineuse. Nous allons devoirs subir ces réglages micro et macroéconomiques. Pour illustrer cela, hier, seulement le ministre Mouhamadou Mactar Cissé instruit son directeur de tutelle de ne pas céder à la menace et la pression qu’incombe la hausse des factures d’électricité. Aujourd’hui l’honorable député Ousmane Sonko déclare dans l’hémicycle, à l’occasion de la plénière de l’Assemblée nationale, s’adressant à son collègue des Impôts que la dette du Sénégal  » est insupportable ». Et, ajoute-il, qu’ils vont devoir rembourser un milliard par jour, c’est-à-dire plus de 365 milliards l’an. Tout cela est dû à une mauvaise maîtrise des piliers qui doivent soutenir l’économie d’un pays :

« -une bonne politique fiscale

-une bonne politique monétaire

-une bonne politique économique « , dixit Ousmane Sonko.

Alors, aujourd’hui, si tout cela existe et se vit concrètement par les sénégalais, il est normal, je dirais même nécessaire que les hommes ne soient pas  » NAY « , mais pauvres ou appauvris par un État qui se cherche toujours.

Mamadou Ciré SY.

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