Sona Diatta, l’histoire palpitante d’une sexagénaire : << J'ai fait 12 fausses couches et perdu 7 enfants >>

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Sur le tapis bariolé de son modeste salon, Sonita, la saixantaine fourrée dans un wax multicolore, des perles et cauris autour du cou, plie les habits de ses petits-fils. De temps en temps, la << néné Ndimba >> (mère initiée au Ndimbatouloun) sourit, rouspéte et échange quelques mots avec sa petite soeur, Kabo. La gestuelle posée, le débit lent, elle revisite le film de son initiation au rituel de l’enfantement à Bignona, dans la région de Ziguinchor. << C’était il y a 40 ans. Jeune belle mariée, je rêvais de donner beaucoup d’enfants à l’homme qui m’a choisie pour le meilleur et pour le pire. Mais ce voeu était impossible puisque tous les charlatans que j’avais consultés m’avaient signalé que j’étais possédée par un Djinn qui bouffait mes embryons ou tuait mes mômes aprés leur naissance. C’était une réalité car avant mon initiation, j’ai fait 12 fausses couches et perdu 7 enfants. Quand je rêvais des cauris la nuit, le lendemain ou les jours d’aprés, je saignais abondamment ou accouchais des morts-nés >> se souvient-elle, la voix cassée. Cette souffrance a duré plus de 11 ans de vie conjugale, avant que le Ndimbatouloun n’illumine sa vie quotidienne. << Quand je suis allée chercher secours chez les Ndimbaya, tout a changé, se réjouit-elle. J’ai effectué tout le rituel. Lors de la festivité, on m’avait presque déshabillée et fait défiler devant deux rangées de 6 hommes valides. J’ai fait 7 tournées et à chaque passage, j’encaissais violemment les coups de bâtons des Baba Ndimba (pères initiés). On mavait ensuite servi à boire une tisane et manger un mélange de courge et de pâte d’arachide avec du sable fin. C’est ce jour-là qu’on m’a rebaptisée Sotina, en remplacement de mon prénom à l’état civil, Sona Diatta >>. Aprés ce rituel, Sotina quitte sa ville natale, Bignona. Elle rejoint son époux à Kolda où elle donnera naissance à 4 enfants, Pape, Combé, You, Mauro. Infécondes à leur tour, ses soeurs Kabo et Fayé connaîtrons le même destin de << Ndimbaya >>, dont le mariage a été sauvé de justesse grâce au miracle de l’enfantement.

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