Soudan: l’opposant Hassan al-Tourabi est mort

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Hassan al-Tourabi est décédé, le samedi 5 mars, à l’âge de 84 ans, « victime d’un infarctus », selon des sources médicales. Allié, puis rival du président Omar el-Béchir, celui qui est devenu une figure de l’opposition soudanaise a été également membre des Frères musulmans.

La vie politique d’Hassan al-Tourabi a été mouvementée. A ses débuts, le Soudanais tout juste diplômé en droit apparaît comme un solide allié d’Omar el-Béchir lors du coup d’Etat de juin 1989 qui le portera au pouvoir. A l’époque, l’idéologue du régime devient très vite le mentor du président.

En 1995, il est élu président du Parlement du Soudan. Mais quelques années plus tard, l’amitié entre les deux hommes s’effrite. En 1999, l‘élu essaie d’évincer Omar el-Béchir du pouvoir, mais la tentative échoue. En réponse, le général dissout l’instance.

Mais, les amitiés du Soudanais avec les terroristes du Moyen-Orient lui valent des ennuis. En cause : le rapport de la Commission nationale sur les attaques terroristes contre les Etats-Unis le soupçonne d’être l’un des principaux soutiens d’Oussama Ben Laden en Afrique. Omar el-Béchir, qui redoute l’isolement du Soudan sur la scène internationale, s’en débarrasse et le fait emprisonner en l’accusant de tentative de complot.

Plusieurs fois incarcéré

Au cours de sa carrière politique, l’éminence grise a multiplié les allers-retours en prison. Depuis 1999 et son éviction du pouvoir, il est très régulièrement accusé d’être le cerveau du Mouvement justice et égalité, le groupe rebelle darfourien de Khalil Ibrahim, arrivé aux portes de Khartoum en mai dernier.

En 2009, Hassan al-Tourabi fait son énième coup politique : il invite le président soudanais à se livrer à la justice internationale, considérant Omar El-Béchir comme « politiquement coupable » de crimes commis au Darfour. Il est emprisonné pendant deux mois. A sa sortie, il annonce quitter la vie politique.

Fraudes électorales

D’autres motifs l’emmèneront derrière les barreaux : comme en 2011, lorsqu’il déclare publiquement que le Soudan a besoin d’une « révolution à la Tunisienne ». Et comme en 2010, lorsqu’il dénonce des fraudes aux élections.

Fondateur des Frères musulmans soudanais et théoricien de l’islam politique, chantre d’un panarabisme islamiste, cet idéologue n’a cessé d’étendre son influence dans le monde arabo-musulman. Il défend la révolution islamique mondiale qui partirait du Soudan. En 1983, alors qu’il est ministre de la junte de Gaafar Nimeiry, il promeut la mise en place de la charia, la loi islamique qui déclenchera une guerre civile de 22 ans avec le sud du pays.

Ces dernières années, il est arrêté à plusieurs reprises sans jamais cesser ses critiques acerbes contre le pouvoir. Mais Hassan al-Tourabi veillait toujours à entretenir des liens avec le régime tout en étant dans l’opposition. Récemment, il avait accepté de participer à la conférence du dialogue national lancée par le pouvoir l’année dernière et avait bénéficié d’un retour en grâce : Omar el-Béchir et lui se serrent la main en mars 2014 pour la première fois en quinze ans.

Nous voulions développer une société démocratique qui produirait un gouvernement démocratiquement désigné. Malheureusement les militaires ont gardé tous les pouvoirs . Nous avons réalisé que l’armée ne soutiendrait jamais, jamais, jamais la démocratie.
RFI

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