Ousmane Diop a échappé aux 5 années de prison sollicitées à son encontre par le procureur de la barre des flagrants délits de Dakar où il a été attrait hier pour tentative de vol commis la nuit avec violences au préjudice de la commerçante Aminata Diène. Après s’être introduit dans l’appartement de cette dernière, sis à la Médina, vers les coups de 2 heures du matin, il a essayé de l’étrangler. Heureusement qu’il a été arrêté par le voisinage, qui l’a ligoté, bastonné et brûlé. Il sera condamné à 2 ans d’emprisonnement ferme.
Voleur notoire, Ousmane Diop a été jugé hier devant le tribunal des flagrants délits de Dakar pour tentative de vol commis la nuit avec violences au préjudice de la commerçante Aminata Dièye. Le fils de cette dernière, El Hadji Serigne Mahmoud Diop, est aussi poursuivi pour coups et blessures volontaires entrainant une incapacité temporaire de travail de 10 jours à l’encontre d’Ousmane Diop. L’irréparable a failli être commis dans cette délicate affaire dont les protagonistes vivent sous le même toit. L’inculpé est hébergé par quelques membres de sa famille dont son demi-frère El Hadji Wade, Ameth Wade et autres.
Après avoir auparavant volé les clés de Mahmoud, fils de la plaignante, Ousmane s’était introduit, vers les coups de 2 heures du matin, dans l’appartement de la vieille Aminata Dièye, qu’il a étranglée pour la cambrioler. Mais avec la force du désespoir, de toutes ses forces, la vieille a crié au secours.
Ne s’attendant pas à cette vive réaction et pris de peur, Ousmane a détalé comme un lapin. Seulement, la plaignante l’a poursuivi tout en continuant à hurler. Avec la clameur, il a été intercepté dans la rue par la foule qui l’a ligoté, lynché tout en lui fracassant sa tête. Aussi, son corps aurait été presque brûlé par Mahmoud, fils de sa victime.
Gravement atteint, le voleur Ousmane a été transporté à l’hôpital Abass Ndao aux fins de bénéficier de soins avant d’être conduit à la police de la Médina par les victimes. Sa tête et son nez étaient fracassés, sans oublier les brûlures sur sa peau.
Avec une incapacité temporaire de travail de 10 jours, le voleur a, à son tour, déposé plainte à l’encontre de Mahmoud Diop.
De son côté, la mère de Mahmoud Diop a aussi porté plainte contre Ousmane pour tentative de vol commis la nuit avec violences.
Lors de l’enquête de police, Ousmane a contesté les faits qui lui sont reprochés, soutenant qu’il était à Dakar pour récolter des fonds pour un baptême. Et paradoxalement, il accuse Mahmoud comme étant l’auteur de ses blessures. Il a aussi dit que la sœur de ce dernier, Aminata, a suggéré de le ligoter avant qu’il ne soit lynché par la foule.
Ce qui a été contredit par Mahmoud, qui a explicité qu’à aucun moment, il n’a eu à porter sa main sur lui. Ainsi, après une garde-à-vue le 11 décembre courant, Mahmoud a bénéficié d’une liberté provisoire, contrairement à Ousmane qui a été trainé hier à la barre. Portant toujours les séquelles de la torture qu’il a subie, c’est le même système de dénégation qu’Ousmane a adopté pour se soustraire à la justice. «Le jour des faits, j’étais là-bas chez mes proches. Et lorsqu’on a crié au voleur, j’étais le premier à sortir pour voir ce qui se passait. Et c’est là qu’ils m’ont pris et frappé en me traitant de voleur. Mahmoud m’a donné un coup sur la tête avec une barre de fer qu’il détenait. Par la suite, à l’aide d’une cuillère, il a pris du charbon ardent de l’encensoir pour le mettre dans mon caleçon. Mon dos a été aussi brûlé par les braises. Sa mère les a pourtant sommés d’arrêter. Sa sœur aussi m’a tapé, ainsi que d’autres membres du groupe», a indiqué Ousmane, qui n’a pas manqué de se déshabiller pour montrer aux juges ses cicatrices.
L’octogénaire Aminata Dièye a réitéré ses accusations, confirmant qu’une fois dans la chambre, il a essayé de l’étouffer avant qu’elle ne se mette à crier. De plus, elle a ajouté que ce sont les braises contenues dans l’encensoir qui s’est renversé qui ont brûlé Ousmane et non son fils Mahmoud.
Le prévenu El Hadji Mahmoud Diop a abondé dans le même sens, en précisant n’avoir ni frappé, ni brûlé, ni avoir pris une clé à roue pour administrer un coup à Ousmane. Sa sœur Oumou Kalsoum Diop a témoigné qu’ils l’ont sauvé de la foule qui le lynchait et l’ont conduit à bord d’un taxi à Abass Ndao. Néanmoins, El Hadji Wade et Ahmet Wade, demi-frères d’Ousmane, ont accusé Mahmoud de l’avoir frappé.
Réclamant le franc symbolique, Me Abdoul Aziz Ndiaye, avocat de la partie civile Aminata, a argué que la dame de 80 ans a été agressée et violentée par Diop à 2 heures du matin. Pour la constitution de partie civile d’Ousmane, Me Aboubacry Barro a réclamé 10 millions de dommages et intérêts pour les stigmates que porte son client à cause de Mahmoud. Poursuivant, il a dit que le conseil de la partie civile a raison de dire que les faits sont graves, parce qu’ils pouvaient atterrir devant la Chambre criminelle. Mais, Barro a dit que Mahmoud Diop devait être au box des accusés et non en liberté provisoire. Il a souhaité qu’un mandat de dépôt lui soit décerné.
Convaincu de sa culpabilité, le ministère public a requis 5 ans de prison ferme contre Ousmane Diop. Pour les Cbv reprochés à Mahmoud, la légitime défense aurait pu être invoquée, a expliqué le procureur qui a dit de l’écarter. Le maitre des poursuites a requis 1 mois ferme contre Mahmoud, poursuivi pour des Cbv qui sont constants. Pour sa défense, Me Aboubacry Barro a demandé la relaxe d’Ousmane, vu qu’il y a un problème d’imputabilité. Me Abdoul Aziz Ndiaye a pris le contrepied en demandant de rejeter cette demande de 10 millions, honteuse et fantaisiste, formulée par Barro, le conseil d’Ousmane. Terminant sa plaidoirie, la robe noire a sollicité de relaxer purement et simplement Mahmoud Diop, car le parquet ne peut pas requérir 1mois ferme sur la base d’une responsabilité collective. Ainsi, le tribunal l’a suivi dans sa demande en le relaxant au bénéfice du doute du délit de Cbv. Aussi, la Cour a condamné Ousmane à 5 ans de prison dont 2 ans ferme et reçu la constitution de partie civile de Mahmoud et de sa mère Aminata, qui n’ont pas demandé de dommages. Mais elle a débouté le prévenu de sa demande de 10 millions comme étant mal fondée.
Fatou D.DIONE (Stagiaire)
