Un an déjà nous quittait Ahmed Amar

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Il y a un an disparaissait l’industriel Ameth Amar. Figure de proue du monde de l’entreprise, il incarnait par sa vision un leader entièrement consacré à la transformation. Il était le PDG et le fondateur à la fois de la Nouvelle Minoterie africaine (NMA), qui, en 2015, rachetait les célèbres Moulins Sentenac. Par cette acquisition de poids, Ameth Amar, 65 ans, achevait d’être un des hommes d’affaires les plus influents du Sénégal.

Ce nouvel statut conféré par son habileté et son sens élevé du flair n’avaient, pourtant, aucune incidence sur son étonnante posture de modestie. Plus il s’effaçait mieux, il brillait, mettant au-dessus de tout, le positionnement de son unité industrielle qu’il a forgée de ses propres mains, avec patience et sens de l’étape. Il connaissait du bout des doigts le secteur de la minoterie et évaluait avec constance les rapports de forces qui y prévalaient.

En capitaine d’industrie avisé, Ameth Amar misait sur une fine lecture des enjeux pour situer sa marge de progression et le renouveau industriel qu’il voulait insuffler pour changer ou refondre le secteur largement dominé par le capital étranger. En fils de Baol averti, il est l’héritier de la culture du flair, aidé il est vrai par des « lunettes singulières » qui le prédisposaient à n’envisager l’entreprise qu’au service du profit, du gain et de la conquête de parts de marché. Il vivait cette conviction qu’il ne clamait pas, avançant dans un silence qui en disait long sur sa discrète défiance à l’égard des pratiques en cours dans certains milieux patronaux plus ou moins accommodants.

Fin observateur, il scrutait, notait, appréciait, mais se retenait de livrer une quelconque opinion qui pourrait « être retenue contre lui » et du coup, compromettre ses aventures capitalistiques. S’il a racheté les Moulins Sentenac, c’est avec ce même tact, cette discrétion toute avantageuse, mettant peu de monde au parfum de ce qu’il projetait de faire, convaincu que la confidence reste la chose la moins bien partagée dans ce Sénégal où les langues se délient pour peu. Son entourage professionnel le décrivait comme un « homme bien, attentif et très curieux. Mais aussi un battant… »

La palette d’activités agrégées au sein de NMA en est une vivante démonstration de celui qui préfère la main à la patte aux lambris dorés des salons grandiloquents. Sa trajectoire de vie ressemble à une romance mais le cumul de vicissitudes (mort de son père quand il avait 4 ans) forgent en lui un homme mûr, sûr et mature, redoutable en affaire, attaché aux valeurs de son Baol natal, fidèle en amitié et très performant dans la gestion de ses entreprise toujours à l’affût des opportunités.

Il meurt jeune, à 65 ans. Ses amis le pleurent. Ses entreprises survivent, ultime leg d’un capitaine d’industrie qui fut attentif, de son vivant, aux soubresauts conjoncturels d’une époque inédite.

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