Le juge des flagrants délits du Tribunal de grande instance de Dakar a condamné, hier, la dame Oumou Khaïry Bâ à trois mois de sursis pour menace de mort contre son époux.
Après
la lune de miel, c’est la lune de fiel entre Oumou Khaïry Bâ, une déléguée
médicale de 27 ans et Christian Chaune, un ressortissant français, directeur
d’une maternité à Thiès.
Alors que les deux conjoints filaient le parfait amour, leur mariage a commencé
à battre de l’aile depuis un certain moment. Le couple Chaune décide de se
séparer et enclenche une procédure de divorce depuis un an. Puisque le juge n’a
pas encore mis fin à leur union, les deux époux vivent sous le même toit à
Ouakam, à la cité Asecna en attendant que la justice fixe le montant de la
pension alimentaire et décide de la garde de leur enfant de 16 mois.
Seulement, avant de passer devant le juge civile pour le divorce, le couple
s’est retrouvé, hier, devant le juge pénal pour solder ses comptes. Christian a
trainé en justice Oumou pour menace de mort. Devant le tribunal des flagrants
délits, M. Chaune a expliqué que son épouse de 27 ans l’a menacé avec une arme
à feu. « Elle était sortie la veille vers 20 h avec une de ses copines et
n’est revenue que le lendemain matin vers 8 h. Elle était saoule et a commencé
à m’insulter et à hurler », a narré la partie civile. A l’en croire, au
moment où la prévenue faisait sa scène, il est resté zen. « Comme j’avais
fini de préparer notre enfant, je suis entré dans la chambre me changer pour me
rendre à Thiès. Il fallait que j’attende son retour pour la garde du
bébé », a-t-il ajouté. C’est en ce moment que les choses ont commencé à
dégénérer. A l’en croire, Oumou s’est encore mise à lui crier dessus en lui
disant qu’elle en avait marre de lui et qu’elle allait le tuer. Pour mettre à
exécution sa menace, sa femme, a-t-il renseigné, s’est dirigée vers la boîte où
il garde son arme à feu et a commencé à la charger. Paniqué, Christian dit être
sorti de la chambre en y enfermant Oumou. « Elle n’arrêtait pas de hurler
à travers la porte et ajoutait qu’elle savait se servir d’une arme et qu’elle
allait me descendre dès qu’elle sortirait », a poursuivi M. Chaune. D’après
lui, la prévenue avait rechargé l’arme puisqu’à travers la porte, il a entendu
qu’elle avait enclenché le mécanisme.
Entendue, Oumou Khaïry a plaidé l’excuse de provocation. Selon ses dires, son
époux l’a provoquée par jalousie. Dans sa déposition, à la barre, elle a
expliqué que lorsqu’elle est rentrée le matin, Christian est devenu furieux et
a commencé à l’injurier. « Dès que j’ai commencé à répliquer, il s’est mis
me filmer. Après avoir pris des vidéos, il a menacé de me tabasser. Puisqu’il
avait l’habitude de me battre, j’avais décidé de mettre un terme à cette
violence », a expliqué la prévenue.
La suite, elle a reconnu avoir menacé son époux pour l’intimider. « Je
suis allée prendre son arme. Elle n’était pas chargée et je voulais lui faire
peur », a fait savoir la prévenue, tête baissée. Cependant, elle a été
démentie par son mari qui a soutenu qu’il n’a jamais pensé lever la main sur sa
femme puisqu’il n’est pas quelqu’un de violent.Quoiqu’il en soit, l’avocate de
Christian a estimé que pour peu son client allait perdre la vie. « Mme
Chaune aurait pu passer à l’acte puisqu’elle dit n’avoir bu qu’une seule bière,
donc, elle était bien consciente de la gravité de ses actes », a-t-elle
déclaré. Elle a fait savoir que le montant de la pension proposé par son client
justifie le comportement de la prévenue. Cette dernière la juge dérisoire. Même
si elle a jugé les faits « très graves », l’avocate a réclamé le
franc symbolique. Alors que le parquet a requis l’application de loi, la
défense a dénoncé « une pure manipulation » de la partie civile.
« Christian l’a poussée dans ses derniers retranchements entitillant ses
émotions. Il commence par la tabasser, l’insulter, ensuite la filmer. Je suis
sûr qu’il introduira ces vidéos dans la procédure de divorce », a fulminé
l’avocat d’Oumou. A défaut d’une relaxe au bénéfice du doute, il a sollicité la
compréhension du tribunal au motif que la prévenue a agi sous la colère face
aux violences conjugales qu’elle subissait.VAprès délibéré, le tribunal a
déclaré Oumy Khaïry Bâ coupable de menace de mort et l’a condamné à 3 mois
assortis de sursis.
Le Soleil