WADE : UNE RESSOURCE PRECIEUSE MAIS SOUS-UTILISEE A DESSEIN

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Lorsque Maître Abdoulaye Wade est arrivé au pouvoir en 2000, il s’est précipité chez la mère du Président sortant pour lui rendre hommage en se présentant comme son fils. Puis, il a demandé à Abdou Diouf de représenter le Sénégal à un sommet de Chefs d’Etat, lui qui venait d’être déchu de sa fonction de Chef d’Etat. Le Président Wade n’a pas cherché à lancer une vengeance personnelle alors que le régime de Diouf l’avait jeté en prison d’innombrables fois et brutalisé à l’occasion de marches qui entraient dans la vie normale d’une jeune démocratie. Il n’a pas non plus cherché à lancer une traque judiciaire de l’ennemi vaincu alors qu’il est certain que le régime socialiste ne pouvait pas exercer le pouvoir pendant 40 ans en gardant les mains propres. Il a donc sauvé le régime socialiste de l’humiliation en épargnant des personnages incontestablement suspects, y compris ceux dont on disait qu’ils s’employaient à courtiser des adolescentes en leur offrant des villas, à Sacré Cœur notamment. Abdoulaye Wade savait qu’en engageant des procédures judiciaires vindicatives, il risquait de semer l’adversité et le désordre et donc, de compromettre la paix et la sérénité dont le peuple avait besoin pour se mettre au travail et relancer le pays.  Cette attitude historique l’a fait entrer définitivement dans l’histoire, aux côtés de Nelson Mandela, qui, lui aussi, a répandu le pardon et la non-violence après avoir été humilié, emprisonné et battu.

Durant son magistère, le Président Wade avait renoncé à plusieurs projets lorsqu’un guide religieux le lui demandait, au nom de la paix. Restant dans le culte de la paix et répondant à l’exigence de dignité dans la victoire, comme dans la défaite, le Président Wade, au soir des élections présidentielles de 2012, avait très tôt reconnu sa défaite, accompagné le nouveau Président au Palais, tenu ses deux mains pour formuler des prière pour lui et le Sénégal et demandé à ses partisans de ne pas gêner l’action de Président élu.  Cet exemple de sagesse devrait être enseigné à la jeunesse. Il montre un esprit de dépassement, d’apaisement, de magnanimité et donc de grandeur d’âme, correspondant aux valeurs de la morale et de toutes les religions révélées. L’exemple qu’il ne faut surtout pas montrer à nos enfants est celui d’une gestion rancunière, revancharde et belliqueuse du pouvoir à l’on s’amuse à accuser un Président sortant qui a tant donné à son peuple, dans l’opposition comme dans le pouvoir, d’avoir volé, au palais, des voitures, moquettes, tableaux et carafes.

Un Président de la République ne doit pas gérer le pouvoir avec l’émotion, mais avec la raison. Il doit oublier sa personne devant la lourde charge de gérer un pays impatient de sortir de la précarité. Donald Trump et Kim Jong-un sont les plus grands ennemis du monde. S’ils cherchent à se rencontrer et à se serrer la main devant le monde, ce n’est pas par affection, mais parce qu’ils savent qu’ils doivent le faire dans l’intérêt de leurs peuples respectifs et de la paix dans le monde. C’est de cette manière qu’un leader doit prendre de la hauteur, surplomber les petites bagarres personnelles, dominer le désir de vengeance et se consacrer à l’intérêt du groupe jusqu’à la dernière minute de son mandat.

Un leader qui ne se soucie que de l’intérêt du groupe, doit être prêt à tendre la main à son ennemi pour l’inviter à mettre son talent au service du groupe. Le régime en place au Sénégal n’a jamais sollicité le talent du Président Wade. Ce dernier a pourtant des aptitudes et facilités avérées, ne serait-ce que du point de vue de la mobilisation des ressources, de la diversification des partenariats internationaux et de l’inventivité économique, avec une vision élevée qui transcende les frontières nationales (réduction de la fracture numérique, NEPAD, Grande Muraille Verte, etc.). N’est-ce pas un gâchis que d’écarter un tel monument de la science et de la politique en s’accrochant à des calculs personnels et partisans ?

Pouvoir reconnaître le mérité de l’autre, fût-il un rival, c’est de la sagesse ; utiliser cette sagesse pour l’inviter à travailler, c’est de la stratégie ; utiliser cette stratégie pour développer le pays, c’est de l’intelligence.

Rosnert Ludovic ALISSOUTIN, grefroska@hotmail.com

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