Yahya Jammeh accueilli en Guinée équatoriale par Teodoro Obiang : Un ancien dictateur chez un…dictateur

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Un ancien dictateur chez un…dictateur. On pourrait ainsi résumer le fait que Yahya Jammeh soit accueilli en Guinée équatoriale par Teodoro Obiang. Parce que ce dernier n’a rien à envier à l’ancien homme fort de Banjul.
Des preuves? Tenez : le 22 octobre 2012, Fabián Nsue (avocat et défenseur des droits de l’homme équato-guinéen) s’est préparé à faire ce que font souvent les avocats: s’entretenir avec un client en prison. Ce n’était pas une prison ordinaire. Il s’agissait de Black Beach, lieu de sinistre réputation —sinistre à tel point que dans les années 1970, les Equato-Guinéens la surnommaient l’«Auschwitz de l’Afrique».
A l’époque, le directeur se nommait Teodoro Obiang ; c’est l’actuel président du pays. Voilà trente-trois ans qu’il est au pouvoir —le record actuel de longévité politique (avec José Eduardo Dos Santos, d’Angola) parmi les chefs d’Etat.
Transparency International mène une enquête des plus sérieuses sur les accusations de corruption formulées contre Teodorín Obiang, le fils du président dont le procès qui s’est ouvert à Paris a été renvoyé. Dans le cadre de cette procédure, les juges français ont saisi un hôtel particulier parisien et onze voitures de luxe appartenant à ce dernier. Le président Obiang a réagi en nommant son fils second vice-président, poste inexistant jusqu’alors, dans le but —trans- parent— de lui conférer l’immunité diplomatique. Teodorín est aujourd’hui recherché pour blanchiment d’argent par les autorités françaises.
Comme Jammeh, Teodoro Obiang a fait toute la démonstration de ses talents d’illusionniste dans une récente interview accordée à la correspondante de CNN, Christiane Amanpour. Lorsque Amanpour lui a demandé s’il comptait nommer son fils pour lui succéder à la présidence, Obiang a répondu: «Ce choix n’est pas le mien. C’est celui du peuple. C’est le peuple qui décide.» Et de répéter que la Guinée équatoriale n’était « pas une monarchie, mais une République. » Lorsque la journaliste de CNN a laissé entendre que cette immense richesse pétrolière pourrait être mise à profit pour tirer la majorité de la population de la pauvreté, Obiang répondit: «Nous ne pouvons utiliser l’argent obtenu grâce aux ressources naturelles pour faire des cadeaux de Noël au peuple.»
Pour les Equato-Guinéens, la remarque a dû sonner comme une moquerie cruelle: chacun sait qu’Obiang couvre famille et amis de cadeaux onéreux, tout en empêchant son propre peuple d’accéder aux services de base. Obiang est même allé jusqu’à nier connaître le leader de l’opposition birmane, Aung San Suu Kyi —fait résumant, à lui seul, la nature de sa réalité parallèle. Mais il est vrai que dans l’utopie présidentielle, les opposants n’existent pas. Dès lors, comment pourrait-il connaître l’une des dissidentes poli- tiques les plus célèbres du vingtième siècle?

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