Kenya : un concours de beauté pour albinos afin de faire avancer les mentalités

0

Des jeunes albinos ont participé à la première élection de Miss et Mister Albinisme Kenya vendredi soir. Un concours de beauté pour lutter contre les préjugés dont sont victimes les personnes atteintes d’albinisme.

Stigmatisés et même pourchassés dans certains pays d’Afrique, de jeunes albinos étaient vendredi soir sous le feu des projecteurs à Nairobi où se déroulait l’élection des premiers Miss et Mister Albinisme Kenya. Le premier concours de ce type, selon ses promoteurs, avait pour objectif de montrer «qu’il existe des albinos beaux et bien dans leur peau», deux termes «rarement associés» en ce qui les concerne, a expliqué Isaac Mwaura, le premier député albinos kényan qui est aussi l’organisateur de la compétition. «Nous voulons montrer notre talent, nous voulons faire face à la stigmatisation et à la discrimination», a-t-il souligné.
L’albinisme se traduit par une absence de pigmentation dans la peau, le système pileux et l’iris des yeux. «En Afrique, les gens ont la peau noire. Lorsqu’une femme donne naissance à un albinos, les gens disent que c’est une malédiction», a témoigné Nancy Njeri Kariuki, 24 ans, venue du centre du Kenya pour participer à la compétition. «Même les enfants de votre âge ont peur de vous», a raconté la jeune femme aux yeux verts qui a défilé coiffée d’une perruque brune devant le vice-président du Kenya William Ruto. Le pas sûr et la tête haute.
Les participants ont défilé dans leurs tenues professionnelles, du pêcheur au soldat en passant par une joueuse de rugby, afin de montrer qu’ils peuvent eux aussi faire partie de la population active du pays. Qu’il s’agisse de s’éduquer ou de travailler, les albinos ont beaucoup de mal à trouver leur place, regrette le député Mwaura.
Ces mannequins d’un jour, choisis dans tous le pays lors d’une pré-sélection, ont dû se plier aux règles d’airain du podium, en apprenant démarche et sens du spectacle.

Ces dernières années quelques mannequins albinos ont fait des apparitions dans les défilés ou dans les pages magazines de mode mais leur peau rosée et leurs yeux clairs leur vaut le plus souvent d’être violemment rejetés de leur communauté. Chaque année, dans toute l’Afrique, des albinos sont pourchassés, tués et amputés de leurs membres qui sont ensuite utilisés pour des rituels censés apporter richesse et chance. Un phénomène qui a pris une ampleur encore plus grande récemment au sud et à l’est du continent, notamment en Tanzanie, au Malawi ou au Mozambique, où les attaques se comptent par dizaines et n’épargnent pas les très jeunes enfants.

Si ce type d’attaque est plus rare au Kenya, Isaac Mwaura souligne que la Société de l’albinisme qu’il dirige a du plusieurs fois intervenir pour sauver des enfants ou des adultes menacés de meurtre rituel. Un homme de 56 ans est mort des suites d’une attaque l’an dernier dans le sud-ouest du pays. L’organisation non gouvernementale canadienne «Under The Same Sun» («Sous le même soleil»), a recensé 169 agressions – dont 76 meurtres – contre des personnes albinos en Tanzanie ces dernières années. Plus que partout ailleurs en Afrique.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici