Aptitudes à guérir le Sida : Yaya Jammeh déshabillé par son ancien ministre de la Santé.

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L’ancien président gambien, Yaya Jammeh était connu pour ses supposés dons de guérisseur. Quelques années après son arrivée au pouvoir à travers un putsch, il a voulu faire croire au monde qu’il avait le remède du sida. Un épisode de l’histoire de la Gambie revisité lors du passage le 20 octobre dernier du Dr Malick Njie (lire Ndiaye) devant la « Truth, reconciliation and réparations commission » (Commission vérité, réconciliation et réparations). Cet ancien ministre de la Santé sous le magistère de Jammeh est longuement revenu sur ces supposées aptitudes du dictateur à guérir la maladie du Sida causée par le VIH.

Dans son témoignage qui a duré un peu plus de deux tours d’horloge, le Dr Njie révèle qu’il a eu connaissance du « don » de Jammeh lors d’une visite que ce dernier a fait à l’hôpital de Banjul alors qu’il était le Directeur général de cette structure sanitaire publique.

À l’occasion de cette visite qui remonte à novembre 2006, Yaya Jammeh a confié au Dr Njie qu’il voulait commencer le traitement des personnes atteintes du VIH dans l’hôpital. Ce à quoi le médecin militaire qui a fait une partie de sa formation en Angleterre et au Nigeria s’est opposé. « Je lui ai dit clairement qu’il n’était de son ressort de s’occuper des malades du Sida. Un programme de lutte contre cette maladie était en cours et il n’était pas question pour le président de passer outre. Mais il m’a fait passer pour un occidentalisé », témoigne le Dr Malick Njie qui ajoute avoir confié à Jammeh qu’il préférait être viré de son poste que de laisser son hôpital à un soi-disant guérisseur du Sida. Une semaine après cette visite qui s’est soldée par une déclaration de Jammeh sur ses présumées capacités à guérir le sida, le Dr Njie est convoqué à la State House. Une rencontre à laquelle étaient conviés des ambassadeurs.

Ainsi, Jammeh qui voulait passer à l’étape suivante a choisi neuf patients atteints du Sida pour les remettre sur pied. Ces derniers étaient suivis avec des antirétroviraux. Leur admission dans le « programme » de Jammeh qui devait durer 03 jours exigeait qu’ils arrêtent le traitement de la médecine moderne.

Cependant, le Dr Njie affirme que contrairement aux trois jours annoncés par Yaya Jammeh, son traitement a pris cinq jours. « Il leur administrait des décoctions et récitait des litanies à voix basse », se rappelle le technicien qui précise n’avoir pas pris part activement à ces séances de guérison qui se tenaient dans une pièce de la State house.

En revanche, il lui revenait à la fin du traitement d’établir le test pour faire le point sur l’état de santé des patients. « Je ne croyais pas à sa méthode et je le lui ai dit les yeux dans les yeux. Quand j’ai fait les tests, il s’est avéré que les neuf patients étaient toujours séropositifs », témoigne le Dr Malick Njie qui se souvient du traitement royal que Jammeh réservait aux sujets de son « essai ». Devant son échec, l’ancien chef de l’État gambien convoque la faiblesse des doses administrées aux malades.

Ce discours de vérité à Jammeh n’empêche pas la nomination du médecin militaire à la fonction de ministre de la Santé. Il ne nie pas cependant avoir reçu à plusieurs reprises de l’argent de la part de l’ancien président gambien. « Mais ça n’a pas atteint des millions. La plus grande somme qu’il m’a offerte, c’est 100 000 dalasis », avoue l’ancien ministre de la Santé.

Avec Dakaractu

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