Covid-19: pris de honte, des marabouts meurent chez eux

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Les cercles maraboutiques, les rites funéraires sont devenus les principaux lieux de contamination de la pandémie. Jeudi, c’est le directeur de l’hôpital Principal, le général Mame Thierno Dieng, qui a donné l’alerte, suivi par de nombreux spécialistes : des chefs religieux refusent de se laisser interner et préfèrent rentrer chez eux, au risque, pour certains, de mourir ou de contaminer les membres de leurs familles, souvent polygames.

Tous les regards se sont alors tournés vers Serigne Moustapha Sy. De sources dignes de foi, le leader des Moustarchidines a quitté de force l’hôpital Principal, contre l’avis de ses médecins, après avoir été contaminé lors d’un grand rassemblement qui s’est tenu à Tivaouane.

Ce jour-là, le fils de Cheikh Tidiane Sy s’en est pris, à travers un récit onirique, à tous les chefs religieux qui se mettent nus pour les beaux yeux du Chef de l’Etat. Quelques jours après, il a ete testé positif au Coronavirus. Sans doute dans la foule qui s’était massée.

Avant lui, un porte-parole de Khalife, qui avait annoncé qu’il connaissait la formule qui protège du virus, a préféré mourir chez lui plutôt que de se couvrir de honte. Mais avant de se savoir malade, il avait déjà contaminé un autre porte-parole, qui a contaminé sa mère et son khalife, tous deux décédés bien malheureusement.

Ainsi donc, meurent nos chefs religieux, dans le silence et… la dignité ? Officieusement du virus, ce que personne ne voudrait admettre ou assumer. Officiellement, on évoque leurs pathologies propres. Ce que les spécialistes appellent la co-morbidite. Avec une conséquence désastreuse : aucune précaution n’est prise pour protéger leurs familles, leurs proches, aucune mesure préventive pendant les rites mortuaires de lavage des morts. Il y a un mois à Louga, un chef religieux a refusé d’obtempérer quand des médecins sont venus le chercher à son domicile. Quand il est arrivé à l’hôpital quelques jours après, cetait déjà trop tard. Il est mort, diagnostiqué Covid-19.

La situation est d’autant plus grave que la question est sensible. Puisque ces mêmes marabouts avaient exigé l’ouverture des mosquées de force, défié les autorités, certains allant même jusqu’à dire que l’Etat n’avait pas le droit de faire fermer les mosquées. Le prix est très cher payé et le Sénégal risque d’en payer le prix fort, en termes de vies humaines. Tout le monde attend les conséquences de la semaine de relâche pendant la fête de Tabaski. La mort risque de frapper encore et encore.

A. NDIAYE

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