[Entretien] : «Macky Sall érige la corruption en règle de management politique», dixit Saër Mangane

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SAER-MANGANE

L’adjoint au maire de la ville de Thiès, M. Saër Mangane, par ailleurs responsable politique de Rewmi, dans cet entretien accordé à L’Evidence, n’est pas du tout tendre avec le régime du président Macky Sall dont il fustige les «dérives». Selon le coordonnateur du Mouvement MAASTA/Fal-Idy, l’actuel locataire du Palais a désespéré c’est pourquoi il a érigé la «corruption en règle de management politique».

La campagne du parrainage est lancée. Comment comptez vous procédez pour glaner le maximum de signatures à Thiès?

Sans vouloir être condescendant, collecter des signatures pour le candidat Idrissa Seck à Thiès, relève d’un jeu d’enfant. D’ailleurs, même les collecteurs des autres candidats utilisent le nom de M. Idrissa Seck pour avoir des signatures. Et partout où nous passons, les Thiessois nous témoignent de leur attachement et fidélité à Idrissa Seck.

Comment expliquez-vous cet état de fait, dans la mesure où vous avez enregistré récemment des départs ?

Ce qui nous intéresse nous, en tant que patriotes, c’est de dénoncer avec la plus grande énergie le fait que Macky Sall, après avoir affamé les Sénégalais, érige la corruption en règle de management politique. Qu’il sache que c’est peine perdue, il doit constater que plus qu’il corrompt et recrute dans l’opposition, plus sa cote de populaire chute de façon vertigineuse. Je le comprends, il ne peut plus s’en empêcher car il a perdu tout espoir d’avoir un second mandat. Dans cette même logique corruptive pour justifier la pertinence du système de parrainage, à l’image des précédentes législatives, le chef de l’Etat, avec des derniers publics, finance des candidats que j’appelle « les sous-marins » de Macky. Alors qu’en réalité, le parrainage s’inscrit dans sa volonté de raude systématique savamment réfléchie. Pour Macky Sall, perdre le pouvoir est une question de suicide collectif pour lui et la dynastie Faye-Sall. Il cache alors très mal ses inquiétudes avec du bluff. Il s’était attribué récemment 60% des intentions de vote des Sénégalais, alors qu’un mois après il n’estime ses chances qu’à 54%. Donc il vient d’avouer que chaque mois qui passe, il perd 6%. Alors c’est très simple : il va se retrouver avec 25% comme au premier tour de la présidentielle de 2012, avec sa coalition « Macky 2012 ». Du coup, un deuxième tour sans Macky est bien possible pour que le Sénégal ait enfin l’occasion de connaitre une véritable alternance, en jetant dans les poubelles de l’histoire politique Macky et une certaine classe politique. Le chef de l’Etat aura au moins ce mérite.

A vous entendre parler M. le maire, la chute du leader de BBY est une question temps alors qu’il ne cesse d’inaugurer de nouvelles infrastructures ?

Cela relève d’une naïveté politique de la part de Macky de vouloir compter sur son agenda d’inauguration pour être réélu. Les raisons sont très évidentes, elles minent toute l’âme de notre économie. Dans une histoire récente, Abdoulaye Wade, pionnier en matière d’infrastructures au Sénégal, avec un bilan plus que reluisant en réalisations de toutes sortes, malgré tout il a été déchu de son pouvoir. Du fait de velléité de faire de la République une monarchie. Alors que dire de Macky qui vient d’installer toute la lignée Faye-Sall au coeur du pouvoir. Pire encore, il a ethnicisé à outrance nos Institutions. Tous les projets de Macky sont faits sans des critères de priorité.
Par exemple, au lieu de réhabiliter les chemins de fer qui risquent de tuer le Port de Dakar, Poumon de notre économie nationale, Macky Sall impose aux Sénégalais le Train Express Régional (TER), juste pour les beaux yeux de la France. Si par ailleurs nul ne doute de l’utilité de l’Arène nationale, Macky doit être la risée de ses de ses pairs présidents puisque rien qu’en sachant qu’après Dakar, le Président chinois, lors de sa dernière visite s’était envolé pour Kigali où il a inauguré un centre hospitalier de dernière génération et un grand institut. Je vous laisse faire la comparaison. Voici des infrastructures qui méritent que l’on s’endette rationnellement. Ce qui par ricochet pose le problème de l’endettement débridé et exponentiel dans lequel Macky plonge le Sénégal, malgré les incessantes alertes des institutions de Brocken Wood.

Le coût des projets pose aussi problème, soit ils sont exorbitants comparés aux mêmes projets dans d’autres pays, soit les projets de Macky dépassent toujours leurs coûts initiaux sans aucune explication technique fondée. Il s’y ajoute le problème récurrent des délais de livraison. Pire pour des questions de rétrocommission, les entreprises nationales sont totalement exclues de la compétition au profit de celles étrangères. Après la placardisation des grandes entreprises nationales dans la compétition pour les gros projets, Auchan, avec la complicité du gouvernement,
vient de donner un coup massue aux commerçants sénégalais. Et Macky vient de mettre ainsi à genoux le commerce de proximité et le secteur informel. C’est à juste titre que l’on peut envisager à ce rythme de laxisme de ce régime qu’il soit exigé bientôt des cartes séjours et/ou imposé une taxe spéciale aux Sénégalais pour qu’ils aient le droit de rester et de vivre dans leur propre pays ou tout simplement être contraints à l’exil. Puisque les Sénégalais perdent de jour en jour le contrôle des ressources et de la gestion de leur économie nationale.

Par conséquent, l’avenir de leurs enfants est hypothéqué. Tout cela, à cause du manque de courage et d’audace politique de Macky Sall qui, avec un esprit rétrograde, pense que sans l’onction de Paris, son second mandat ne se réalisera pas. A l’image de tous les gouvernements qui respectent leur peuple, la priorité doit revenir d’abords aux privées locales. Pour ainsi dire, il faut certes s’ouvrir au reste du monde parce que la mondialisation nous l’impose, mais on doit avant tout protéger les entreprises nationales. Loin d’être exhaustif sur les considérations qui expliquent le manque d’intérêt des Sénégalais pour les grands projets de Macky, puisqu’à mon sens, à l’heure actuelle, même s’il inaugurait un paradis sur terre, les Sénégalais s’en détourneront. D’abord, ils ne le croiront pas parce que c’est quelqu’un qui se dédit très facilement. Ensuite ce sera des réalisations qui se feront par un endettement irrationnel, avec un favoritisme à l’endroit des étrangers, en hypothéquant l’avenir de nos enfants.
C’est pourquoi ce sera très naïf de la part de Macky de compter sur ses inaugurations de dernière minute pour rentrer dans la bonne grâce des Sénégalais. Les citoyens sénégalais n’attendent que la bonne date constitutionnelle pour en finir avec lui. Le peuple a déjà consommé son divorce a lui.

Pensez-vous réellement que M. Idrissa Seck et le Rewmi pourront vaincre Macky en 2019 ?

A mon sens, la question est toute autre. Elle consiste à se demander si une fois vaincu par la grande coalition que dirigera Idrissa Seck, est-ce que Macky acceptera de quitter le pouvoir en gentlemen démocrate comme ses prédécesseurs. C’est le lieu de dire à ce régime qu’il ne sert à rien d’amadouer la magistrature et l’armée à longueur de journée. Tout le monde le sait, si le processus électoral est clair avec des autorités électorales indépendantes, voir Macky en deuxième tour serait synonyme de miracle. La preuve est simple : sans la corruption Macky n’aura même le nombre de signatures
requises.

Propos recueillis par MOUSSA SENE

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