LES BRISE-LAMES, SOLUTION ADÉQUATE D’UNE LUTTE CONTRE L’ÉROSION CÔTIÈRE : LA BRÈCHE DE LA LANGUE DE BARBARIE ET LA PETITE CÔTE.

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Le Sénégal subit de plein fouet le phénomène des changements climatiques dans plusieurs secteurs notamment l’agriculture, l’élevage et l’environnement où l’avancée de la mer et l’érosion côtière menacent le littoral et ses habitants et leurs activités économiques surtout dans la région du Nord et la petite côte.
Ces côtes exposées à des houles venant de différentes directions, la protection par brise-lames peut s’avérer très efficace.

COMMENT ILS FONCTIONNENT:

Les ouvrages parallèles au rivage disposés sur l’avant plage, généralement appelés brise-lames (“offshore breakwater”), ont pour fonction de s’opposer directement à la houle ainsi qu’à la circulation des courants perpendiculaires à la ligne de rivage.
Ils s’opposent donc également aux mouvements solides dans le profil de la plage. Les brise-lames agissent selon deux modes.
Le premier réside dans la diminution de l’énergie des lames, qui arrivent au rivage, consécutive à la réflexion et au déferlement de la houle.

Le second réside dans l’étalement de l’énergie de la houle derrière eux dû aux phénomènes de diffraction autour de leurs extrémités et de réfraction sur les fonds qu’ils modifient.
Il en résulte de ces modes de fonctionnement que l’action des brise-lames reste limitée à leur voisinage. Les brise-lames peuvent être émergents ou complètement immergés : Les ouvrages émergeant engendrent, entre eux et la côte, une zone de calme relatif favorable à la sédimentation. Les ouvrages immergés limitent les volumes d’eau qui les franchissent et contraignent à déferler les houles qui dépassent une cambrure limite.

L’action des brise-lames est étroitement liée à leur longueur relative par rapport à la distance qui les sépare du rivage. Situés trop loin de la côte, ils ne déparent pas la plage mais peuvent devenir dangereux pour la navigation. La ligne de rivage tend alors vers un équilibre présentant un point de rebroussement plus ou moins prononcé.

Au contraire, situés trop près de la côte, ils tendent à créer des tombolos du fait de la sédimentation des eaux chargées de sable issues des lames qu’ils font déferler.
Les brise-lames ont également une action protectrice du rivage contre les tempêtes due à la l’élargissement de la plage qu’ils engendrent.

Toutefois, lors de fortes tempêtes, leur côté terrestre peut subir des affouillements importants, voire destructeurs pour la plage.
Sauf rechargement artificiel, dans la zone de calme relatif, la formation des tombolos se fait en partie au détriment des secteurs du littoral adjacents.

Lorsque l’essentiel du mouvement solide s’effectue dans le profil, ce phénomène peut rester imperceptible. Par contre, si le transit littoral longitudinal est important, l’ensemble formé du brise-lames et du tombolo, qui se comporte comme un épi, limite ou interrompt le transport solide. Une érosion localisée peut alors apparaître en aval du transport littoral.

L’IMPACT DES BRISE-LAMES SUR LA LIGNE DE RIVAGE:

La construction d’un brise-lames déplace l’équilibre du trait de côte. Son impact sur l’évolution de la ligne de rivage est essentiellement gouverné par l’accélération locale qu’il produit sur le transport sédimentaire longitudinal, et dans une moindre mesure par le transport solide dans le profil.

Si les crêtes des houles dominantes sont parallèles au trait de côte, et que la ligne de rivage est donc initialement en équilibre, il n’y a pas de transport longitudinal. Les ondes diffractées par les extrémités du briselames transportent alors des sédiments derrière lui, de ses extrémités vers la zone centrale qui le sépare de la plage.

Ce phénomène se poursuit jusqu’à ce que la zone située à l’ombre du brise-lames présente une bathymétrie avec des isobathes parallèles aux crêtes des houles diffractées, et que le transport longitudinal redevienne nul.
Un point de rebroussement apparaît alors sur la ligne de rivage puis un tombolo prend naissance avec des lignes plus ou moins symétriques.

Lorsque la houle incidente aborde la côte avec une obliquité, dans un premier temps, le transport littoral est ralenti par la présence du briselames.
Un dépôt sédimentaire se forme alors en aval du brise-lames et un point de rebroussement apparaît sur la ligne de rivage.
Le trait de côte continue à s’empâter jusqu’à ce que le transit solide soit rétabli au travers de la structure ou qu’un tombolo soit formé et que l’ensemble soit contourné.

La structure côtière est alors asymétrique et sa forme dépend de la longueur relative du brise-lames. Pendant cette période, une érosion, parfois sévère, du littoral peut apparaître en aval du transport sédimentaire du brise-lames.
Un point fondamental dans le dimensionnement des brise-lames découle de l’évolution du trait de côte en réaction à sa mise en place. Il s’agit de savoir si a forme d’équilibre recherchée inclut ou non le rattachement du brise-lames au rivage par la création d’un tombolo.

Les deux configurations présentent des avantages et des inconvénients. De manière générale, les évolutions de la ligne de rivage sans tombolo sont préférées. En effet, en formant, un tombolo peut fixer une grande quantité de sédiments et générer une érosion importante en aval du transport sédimentaire. Par ailleurs, lors du changement saisonnier de secteur des houles dominantes, une évolution en point de rebroussement s’oppose beaucoup moins qu’un tombolo à l’inversion du transport solide.

A noter également que la formation d’un tombolo permet d’augmenter considérablement la superficie disponible pour les activités humaines récréatives, et qu’elle facilite grandement l’entretien du brise-lames par l’accès qu’il offre aux engins.
Toutefois, l’utilisation du brise-lames pour les plongeons peut représenter un danger pour la sécurité publique.

COÛT DE LA RÉALISATION :

Environ 110 km à protéger, la langue de Barabarie (40 km) et la petite côte entre Rufisque et Joal Fadiouth (70 km).
Techniquement, sur un tronçon de 1km, le coût de la réalisation d’environ 7 à 9 brise-lames serait de l’ordre de 1.5 à 1.8 milliards; donc pour protéger les 110 km il faudra une enveloppe de 165 à 198 milliards de FCFA, soit une moyenne de 181.5 milliards de FCFA.
À mon avis, un tel projet devrait s’étaler sur une durée de 5 ans pour une enveloppe annuelle de 36.3 milliards de FCFA.

Pape Abdourakhmane Dabo
Ingenieur des Ponts et Chaussées, diplômé de l’USTHB d’Alger,
Consultant en Infrastructures Publiques

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