Quand Macky tombe de sa fenêtre d’Overton – Seydina Omar Ba

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Depuis quelques jours, il n’est plus directement question du 3ème mandat, mais de la suppression de la limitation du nombre de mandants successifs, Au-delà du scandale que constitue cette idée, il convient de rappeler que ce procédé est une technique bien connue dans le domaine de la communication politique. C’est la technique dite de la fenêtre d’Overton que l’on doit au lobbyiste américain Joseph P. Overton, décédé en 2003.

La fenêtre d’Overton désigne la promotion délibérée d’idées extrêmes avec l’intention de rendre acceptables, par comparaison, des idées jusqu’alors considérées comme marginales. Concrètement, il s’agit d’avancer des propositions complètement ubuesques pour préparer l’opinion à accepter celles qui sont intermédiaires ou de « moindre gravité ».
Dans le cas d’espèce, les sbires du Palais nous vendent la suppression du nombre de mandats successifs (idée extrême) pour habituer notre esprit à la possibilité d’un 3ème mandat (idée acceptable). C’est comme quand les partisans du pouvoir évoquaient le 3ème mandat plusieurs mois avant la tenue de l’élection présidentielle de février 2019 pour rendre évident l’obtention d’un 2ème mandat.

En psychologie sociale, cette technique s’appelle « porte dans la face » ou « porte-au-nez ». Elle consiste à faire précéder une demande de comportement moins coûteuse par une demande beaucoup plus coûteuse, parfois même fantaisiste. C’est par exemple quand un marchand de Sandaga nous annonce un pantalon à 15 000 fcfa alors qu’en réalité il pourrait le vendre à 5 000. S’agissant du pouvoir, la demande fantaisiste est la suppression du nombre de mandats successifs, la moins coûteuse serait, pour l’opinion, d’accepter que Macky Sall brigue un 3ème mandat.

L’erreur commise par les communicants du Palais est qu’en l’occurrence, la demande fantaisiste et celle que l’on voudrait rendre acceptable pour l’opinion relèvent du même cadre. En effet, dans les deux cas, il est question du nombre de mandats. La technique s’avère donc inopérante. Le tollé provoqué par la proposition en est d’ailleurs une illustration probante.

En voulant dribbler l’opinion, ces gens sombrent dans un amateurisme qui en devient ridicule, confirmant encore cette vieille assertion d’Abraham Lincoln : “On peut tromper une partie du peuple tout le temps et tout le peuple une partie du temps, mais on ne peut pas tromper tout le peuple tout le temps.”

Passez un excellent week-end.

Seydina Omar Ba

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