Après avoir purgé plus de la moitié de sa peine dans le cadre de la traque aux biens mal acquis, la libération impromptue de Karim Wade et son exile sur le Qatar demeurent toujours une énigme pour les sénégalais. En effet les stéréotypes autour de cet élargissement continuent d’alimenter les débats les plus fous au niveau de notre landerneau politique national. Tant il est vrai que Wade-fils a été virtuellement gracié par le Président Macky et ce, conformément à notre tradition démocratique. Mais cette grâce ne lui exempte pas pour autant de la lourde amende dont il fait l’objet de la part de l’Etat du sénégal. Mais comme la plupart de ses souteneurs restent convaincus que le dossier de leur leader est éminemment politique, l’équation des droits civiques de ce dernier peinent toujours à trouver solution. Si les gens du pouvoir clament partout que le fils de Wade a perdu ses droits civiques, ses souteneurs par contre sont d’avis que leur leader reste toujours le candidat du parti démocratique sénégalais (Pds) en 2019, et que rien ne l’empêcherait de briguer la magistrature suprême. Au final, les sénégalais ne savent plus qui croire dans cet imbroglio politico-judiciaire. Et à quelques encablures de la présidentielle, les passions se déchainent encore de plus bel autour de ce feuilleton burlesque car entre l’audience que le Président Macky a eu à accorder au procureur du Qatar à la veille de l’élargissement de Karim et le récent coup de froid entre Doha et Dakar, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. Même si l’on évoque diplomatiquement une vive polémique relative au rappel de l’ambassadeur du Sénégal du Qatar pour cause de soutien au terrorisme de ce dit-pays, il reste clair que le retour de Karim pose plus de problèmes qu’il n’en résout dans cette affaire. Son exile a curieusement été bien calé entre Doha et Dakar mais son retour semble parsemé d’embûches et plonger ces deux pays dans l’expectative. Ses souteneurs l’ont plusieurs fois annoncé mais il semble que ce retour devenu un effet canular engendre des zones d’ombre que seul le pouvoir pourrait lever. A l’évidence, le tollé diplomatique soulevé par l’affaire Karim a apporté à ce dernier une réelle promotion car beaucoup de nos compatriotes croient dur comme fer qu’on l’empêcherait par tous les moyens de fouler le sol sénégalais pour des raisons foncièrement politiques. Et à un jet de la présidentielle de 2019, les calculs se multiplient entre opposition et pouvoir. L’appel au dialogue du Président Macky est au final apparu comme un piège pour les opposants. Mais pour l’heure, le retour de Karim reste assimilable à une montagne Russe à escalader. De quoi le pouvoir a-t-il peur s’il tient légitimement à libérer la conscience des sénégalais ?
Assane SEYE pour Sunugal24.NET